Trois morts et 70 blessés dans des attaques à la grenade à Bangkok

Au moins trois personnes ont été tuées et 70 ont été blessées hier soir près du quartier financier de Bangkok, dans une série d'attaques à la grenade survenue alors que deux groupes de manifestants antagonistes se faisaient face. Il s'agit des « sans couleurs », les manifestants qui soutiennent le gouvernement, et les « chemises rouges », qui exigent sa démission depuis la mi-mars. Le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, a immédiatement convoqué une réunion d'urgence des responsables de la sécurité. Le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban a accusé les « chemises rouges » d'être derrière ces attaques.  « Les M79 (modèle de lance-grenade) ont une portée d'environ 400 mètres et il est clair qu'elles ont été tirées de (...) l'endroit où les "chemises rouges ? manifestent », a-t-il déclaré à la télévision. Plus tôt dans la journée, l'armée avait émis des messages contradictoires hier, laissant entendre qu'une intervention musclée était imminente pour disperser les manifestants. Son chef, Anupong Paojinda, avait ensuite répété vouloir éviter le bain de sang. Depuis lundi, les « rouges » font en effet face à des soldats armés de fusils d'assaut qui ont pris position pour les empêcher d'étendre encore leur territoire. Mais ils étaient aussi rejoints chaque soir par des centaines de manifestants progouvernement avec lesquels ils échangeaient insultes et jets de pierres. Le pays redoutait un nouveau carnage après la tentative ratée des militaires, le 10 avril, de déloger les manifestants d'un quartier de la vieille ville, qui avait fait 25 morts et plus de 800 blessés. La crise pourrait même gagner la province, où un millier de manifestants ont bloqué pendant 24 heures un train transportant des soldats dans la gare de Khon Kaen (Nord-Est), un bastion des « rouges ».  Après avoir demandé lundi audience au roi Bhumibol, 82 ans, figure très respectée, hospitalisé depuis septembre, l'opposition a déclaré qu'elle demanderait l'intervention d' « une force de maintien de la paix » de l'ONU. Les États-Unis ont à nouveau appelé à une résolution « pacifique » de la crise, avant que la France réclame à son tour le dialogue.