Après être resté silencieux, le premier cercle de Nicolas Sarkozy monte au créneau : le JDD vient d'annoncer que sa société éditrice, le groupe Lagardère, a déposé plainte contre X pour « introduction frauduleuse de données dans un système informatique », entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Dans la presse, le conseiller en communication du président, Pierre Charon, se demande s'il n'y avait pas « une espèce de complot organisé avec des mouvements financiers ». À la radio RTL, l'avocat du chef de l'État, Thierry Herzog, s'interroge sur les motivations de ceux qui ont propagé des rumeurs voulant accréditer l'idée que le chef de l'État et son épouse, l'ex-top model Carla Bruni, « à qui on prête pour chacun une liaison totalement infondée », ont « une vie dissolue ». L'enquête « a pour but de savoir si ceux qui ont fait paraître ces rumeurs sur ces blogs l'ont fait pour eux-mêmes ou l'ont fait, instrumentalisés soit par des officines, soit par des particuliers », déclare-t-il. Peu auparavant, un ministre avait déjà confié craindre une tentative de « déstabilisation » de Nicolas Sarkozy alors que la France s'apprête à prendre en 2011 la présidence du G20.
Pour les analystes de la vie politique, cette affaire constitue une première en France. « C'est nouveau de mobiliser un entourage pour combattre explicitement une rumeur. La tradition est de laisser la rumeur s'épuiser d'elle-même. (...) Il y a une prise de risque à faire de cette affaire privée une question politique », estime le politologue Stéphane Rozès. D'autant que les relations entre le pouvoir et les médias se troublent. « La peur doit changer de camp », a en effet déclaré M. Charon, suscitant la « colère » des journalistes du Journal du Dimanche indignés par ce « ton menaçant et inquisiteur ». L'hebdomadaire Le Nouvel Observateur et le quotidien Le Monde ont pour leur part affirmé que l'Élysée avait poussé le JDD à déposer plainte - ce qu'a démenti un proche de la présidence.
Parallèlement, Rachida Dati, ex-ministre proche de Nicolas Sarkozy tombée en disgrâce, a dans un communiqué protesté « avec indignation contre les allégations de certains organes de presse lui prêtant une quelconque responsabilité dans la propagation de (ces) rumeurs ». « Les rumeurs partent dans tous les sens, comme (les proches du président) sont sur la défensive, il y a un sentiment de complot », explique Dominique Wolton, sociologue de la communication politique. Mais, estime le chercheur, « Sarkozy a utilisé les médias pendant des années (...) aujourd'hui il ne contrôle plus, il y a un retour de boomerang ».
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