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Culture - Voyage

Recherche racines désespérément

Belle performance artistique de Pascal Corm au Zico House avec « Asphalt(u) ». Paroles de bitume avec une plume.

Pascal Corm invoque les fantômes de la maison familiale.

«Moi je connais l'histoire! Mon père, qui la tenait de son père ou de son grand-père, qui lui-même la tenait sans aucun doute de son bisaïeul, me l'a racontée...»
Au commencement était un voyage. Un voyage mené par un jeune homme vers le pays de ses ancêtres. Un étranger qui débarque dans une ville inconnue, à la recherche d'une maison. Celle de ses ancêtres. Arrivé à l'adresse indiquée, il se trouve face à un terrain rasé. Noir. Asphalté. Sans aucune trace de ce qui avait été. De ce qui aurait pu être. Désemparé, désorienté, il s'accroche à son imaginaire. Comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Il reconstruit la maison. Et son passé. «Il s'agit là d'une lutte, d'une recherche pour faire revivre des personnages, des histoires du passé, précise le metteur en scène. Il s'agit aussi pour cet étranger de trouver un lien avec la terre qui se trouve, c'est sûr, sous l'asphalte. D'y planter ses racines.»
Il creuse alors sa mémoire à la recherche de la terre enfouie sous le bitume. Il recherche son père, ses racines. Dans cet asphalte noir qui recouvre la terre d'une couche imperméable et étanche, qui durcit sous nos pas et efface toutes les traces, le jeune homme trace son imaginaire. Il plonge dans son histoire personnelle, revisite les fantômes de son passé. Pour effectuer ce chemin presque autobiographique, Pascal Corm a mâtiné son écriture d'un brin de Dzovinar Mgrditchian (qui joue en «live» ses propres compositions pianistiques) et d'un zeste de Jonathan Minila (homme de théâtre mexicain).

Quête identitaire
Résultat: un texte dense, qui s'éclate parfois dans plusieurs directions. Une telle proposition a en effet de quoi dérouter, tant les formes artistiques variées créent la confusion et alambiquent le propos initial. Mais une fois que l'esprit réussit à s'affranchir de sa rationalisation systématique, le procédé devient fascinant, limpide. Le montage théâtral s'apparente à la quête de l'homme dans le labyrinthe de son passé... Et il devient si bon de se perdre pour mieux se trouver, diront certains, pour voyager entre fiction et réalité sur le fil si ténu de la mémoire, entre oubli et réminiscence. Seul en scène, Pascal Corm donne à entendre, à voir, à humer ce conte autobiographique en trois langues (français, libanais et arménien). Une belle performance d'acteur pour une œuvre artistique originale.
D'origine libanaise (issu de la lignée des artistes de la famille Corm), le jeune homme est né à Lyon et il dit n'avoir eu aucun lien avec le pays du Cèdre «à part quelque plats culinaires». «Je n'ai ni appris la langue arabe ni connu les membres de la communauté libanaise à Lyon. Mais il y avait toujours cette envie d'aller chercher mes origines.» C'est donc mû par ce besoin de voir à quoi ressemble le pays de ses grands-pères que le jeune homme est arrivé il y a dix-huit mois à Beyrouth. De ses pérégrinations, quartier Bachoura, où se trouvait la maison familiale, il a retenu l'essentiel: «la rencontre avec les gens. Le contact humain», affirme l'artiste en ajoutant que son périple à lui s'est déroulé d'une manière très tranquille, contrairement à celui du héros tourmenté de sa pièce. Reste qu'au final, sous les applaudissements nourris du public, Pascal Corm n'a pu retenir les perles d'émotion qui brillaient dans ses yeux.

* Dernière représentation ce soir, à 20h30. Tél. : 01/746769.
«Moi je connais l'histoire! Mon père, qui la tenait de son père ou de son grand-père, qui lui-même la tenait sans aucun doute de son bisaïeul, me l'a racontée...»Au commencement était un voyage. Un voyage mené par un jeune homme vers le pays de ses ancêtres. Un étranger qui débarque dans une ville inconnue,...
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