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Santé

Des progrès fragiles contre un business lucratif

Les pays concernés par le « tourisme des greffes d'organes » ont pris des mesures pour lutter contre ce phénomène lucratif. Mais les lois ne sont pas toujours respectées et le chemin est encore long, assure le Dr Luc Noël, coordinateur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un entretien à l'AFP.

Quelle est l'action de l'OMS en matière de lutte contre le « tourisme de transplantations » ?
L'OMS s'est penchée sur le sujet des transplantations en 1987, à un moment où l'éthique de la transplantation était remise en cause par le profit sur le corps humain. Puis le sujet a été réactivé en 2004 à l'initiative des Espagnols et de l'UE.
En 2005, un travail de l'OMS a montré qu'il y avait cinq pays très actifs dans le tourisme de transplantations : Chine, Philippines, Pakistan, Égypte et Colombie. Depuis, ces pays ont pris des mesures. Le tourisme de transplantations existait faute de cadre légal. Il y avait un vide juridique. Ils ont tous adopté une loi qui interdit le commerce des transplantations.

Ces lois sont-elles respectées ?
Les autorités s'engagent davantage et le public est mieux informé. Mais les pays ont du mal à mettre en place leur cadre légal parce que c'est un commerce qui remue énormément d'argent, un phénomène extrêmement lucratif qui exploite deux types de personnes : le donneur et le receveur.
L'Inde, qui était en 1994 le bazar à organes du monde, a adopté une loi qui a considérablement freiné le trafic. Mais il persiste encore, et les autorités indiennes viennent de modifier la loi pour aggraver les pénalités.
La Chine s'apprête à ouvrir le premier procès d'une bande de trafiquants d'organes et au Pakistan un hôpital clandestin a été passé au bulldozer. Mais on sait que la tentation est grande.

La gratuité des dons d'organes est-elle nécessaire ?
Il existe aujourd'hui des partisans de la vente d'organes. Mais au regard de la situation planétaire, si on lâche là-dessus cela va devenir catastrophique, car si cela devient un marché, la loi du marché va jouer et, in fine, l'argent.
Il faut un consensus international sur le fait que le corps humain et ses composants ne doivent pas être objets de profits financiers. Il faut développer une alternative.
Une grande partie du tourisme de transplantations est basée sur l'achat de reins à des personnes vivantes. Ces personnes courent un risque. Il est nécessaire de développer le don de personnes décédées.
Les pays concernés par le « tourisme des greffes d'organes » ont pris des mesures pour lutter contre ce phénomène lucratif. Mais les lois ne sont pas toujours respectées et le chemin est encore long, assure le Dr Luc Noël, coordinateur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un entretien à...

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