Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

Jugement de Salomon

Le camp des optimistes : « Notre vœu s'est réalisé de voir enfin l'Irak retrouver sa foi en l'avenir, se définir un ordre de priorités et sortir de la gangue des petites querelles qui ont assombri l'horizon ces sept dernières années. »
Le camp des pessimistes : « Nos pires craintes se sont concrétisées. De la consultation du 7 mars vont émerger des résultats qui ne donneront pas un net vainqueur mais un assemblage hétéroclite de formations minoritaires qui vont se disputer les places. Le temps de l'instabilité est là, particulièrement dangereux. » Tout cela, souligne malicieusement un éditorialiste yankee, David Ignatius, ressemblera à une journée passée dans un souk de Bagdad plutôt qu'à une visite du Lincoln Memorial.
Le chœur des protecteurs, États-Unis en tête par la voix du secrétaire à la Défense Robert Gates : « La politique a fait son apparition, donnant peut-être la mesure de notre réussite. » Ou encore ce certificat de bonne conduite trop tôt décerné par l'ancien candidat à la présidence John McCain dans une opinion publiée hier par le Wall Street Journal : « Contrairement aux années passées, la lutte pour le pouvoir s'engage non pas à l'ombre du crime et de l'oppression mais sous le signe du débat et du compromis. » Sacrés Américains ! Changeront-ils jamais ?
Adeptes du cartésianisme à l'occidentale, habitués au système des partis et des idéologies, n'essayez pas de voir clair dans ces drôles d'élections dont, nous dit-on aujourd'hui, on ne connaîtra les résultats définitifs, si tout va bien, que vendredi. Le tableau est, pour recourir à une aimable litote, passablement embrouillé. Que l'on en juge : Nouri al-Maliki (Alliance de l'État de droit), qui se présentait hier encore - à l'occasion du scrutin régional de janvier 2009 - comme un leader nationaliste capable de rétablir la sécurité, a choisi cette fois de se séparer de ses alliés de l'Alliance nationale pour s'adresser à une frange de la population imprégnée d'un vif sentiment religieux chiite et qui, encline à se tourner vers l'Iran, n'a pas oublié les exactions subies sous le régime de Saddam Hussein. Son adversaire, Iyad Allawi (al-Irakia), un chiite lui aussi que l'on dit soutenu par l'Arabie saoudite, a opté pour le camp des (relativement) laïcs ainsi que par les sunnites qui représentent un peu plus d'un tiers de la population. Ces derniers, avec pour figures emblématiques Oussama Najafi et le vice-président de la République Tarek el-Hachémi, voient dans l'ancien Premier ministre l'homme capable de rétablir au moins une partie des privilèges qui étaient les leurs. Aux dernières nouvelles, les deux hommes sont au coude à coude, chacun prenant le lead au gré d'un dépouillement des bulletins qui traîne en longueur.
Encore s'il n'y avait qu'eux... Les deux grandes inconnues sont représentées par les sadristes et les Kurdes, qui n'ont jamais été à pareille fête et que l'on retrouve tout heureux de jouer les faiseurs de rois. Les partisans du bouillant chef religieux, héros jadis d'un sanglant autant que stérile soulèvement contre la férule US, devraient disposer d'une solide assise d'une quarantaine de députés dans la nouvelle Assemblée et de l'appui sans faille tant de l'ANI que d'une majorité de coreligionnaires. Quant au tandem Talabani-Barzani, lui aussi atout indispensable dans les négociations à venir, il émerge plus fort que jamais au vu des derniers résultats, après la débâcle de son concurrent, le Mouvement du changement, qui avait pourtant démarré en force à Suleimaniya avant de s'essouffler face au rouleau compresseur composé de l'Union patriotique du Kurdistan et du Parti démocratique du Kurdistan, indétrônable depuis dix-neuf ans à domicile. Les complications pourraient provenir du sort de Kirkouk, région pétrolifère et à ce titre objet de toutes les convoitises, qui vient d'être enlevée de justesse par la liste Allawi, sans doute en réaction à la tiédeur manifestée par Maliki lorsque s'était ouvert le débat sur le sort de la zone. La bouderie a poussé les cassandres à voir se dessiner les prémices d'un rapprochement, dès la fin de la semaine en cours, avec l'ex (et futur ?) chef de gouvernement.
Quelle que soit l'issue du maquignonnage qui se prépare, il y a tout lieu de craindre, en cas de raidissement de part et d'autre, des prérogatives accrues au sud chiite et au nord kurde, alors que le dernier GI est supposé quitter le pays en août prochain. À supposer, bien entendu, que chacun reconnaisse le jugement des urnes. Ou à défaut celui de Joe Biden.
Le camp des optimistes : « Notre vœu s'est réalisé de voir enfin l'Irak retrouver sa foi en l'avenir, se définir un ordre de priorités et sortir de la gangue des petites querelles qui ont assombri l'horizon ces sept dernières années. » Le camp des pessimistes : « Nos pires craintes se sont...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut