Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Lieux saints

Jérusalem sous tension

Réunion hebdomadaire du gouvernement palestinien à Hébron

Le gouvernement de l’Autorité palestinienne a tenu sa réunion hebdomadaire lundi à Hébron afin de protester contre la décision d’Israël d’inscrire à son patrimoine deux lieux saints de Cisjordanie occupée.Hazem Bader/AFP

En haut des marches de la porte de Damas de la Vieille Ville de Jérusalem, un barrage a été improvisé par des soldats israéliens. Seuls les vendeurs de la cité, femmes et hommes de moins de 50 ans, peuvent entrer. Une fois à l'intérieur des remparts, l'effervescence, qui caractérise si bien le lieu, n'y est plus. Les magasins sont ouverts mais les ruelles, en ce lundi 1er mars, sont vides. L'air est lourd mais les marchands gardent le sourire. Pourtant, la veille, des incidents ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, et dans l'enceinte même de la Vieille Ville.
 « Ils ont fait entrer des touristes dans le dôme du Rocher. C'est interdit », explique Ahmad, un vendeur de souvenirs, bijoux et pacotilles. Dimanche, l'esplanade était interdite aux moins de 50 ans, « à 7h, mon fils n'a pas pu se rendre à la mosquée alors qu'il devait étudier et prier. La police avait fermé toutes les portes », assure, quant à lui, Khaled, propriétaire d'un magasin de la rue el-Wâd. « Le muezzin a commencé à appeler à l'aide. Des juifs et des touristes étaient présents, alors que les musulmans ne pouvaient pas entrer », poursuit-il, assis sur un tabouret, alors que cette rue, pourtant très commerçante, est déserte.
 « Les manifestants ont jeté des pierres parce que des colons ont encerclé l'esplanade depuis deux ou trois jours et annoncé qu'ils avaient l'intention de pénétrer dimanche ou lundi à al-Aqsa pour prier », a justifié, dimanche, un responsable du Comité islamique suprême de Jérusalem, Adnane Husseini. Sur l'esplanade, des Palestiniens auraient jeté des pierres sur des touristes, entraînant l'arrivée de la police israélienne sur le lieu saint. Les heurts, qui ont fait deux blessés côté police et une douzaine côté palestinien, se sont poursuivis dans la Vieille Ville et dans le quartier de Ras el-Amoud, situé dans la partie orientale de la ville sainte annexée en 1967. À la mi-journée, le calme était revenu et, selon la police, un millier de touristes auraient visité l'esplanade. Ces échauffourées interviennent quelques jours après l'annonce de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, d'inscrire le caveau des Patriarches d'Hébron et la tombe de Rachel à Bethléem au patrimoine national israélien. Une décision - controversée et condamnée par la communauté internationale, y compris les États-Unis - car destinée à « rénover des sites archéologiques ou liés au patrimoine sioniste ».
Lundi, était organisée à Hébron la réunion hebdomadaire du gouvernement de l'Autorité palestinienne pour exprimer « le rejet absolu » de la décision israélienne, a déclaré le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad.
 « Ils (les Israéliens) veulent s'approprier tous nos lieux saints. Hébron et Bethléem ne sont que des tests. Personne n'a réagi, alors ils s'en prennent à al-Aqsa. Mais ils ne se rendent pas compte que s'ils s'attaquent à la mosquée, il risque d'y avoir beaucoup de morts », prévient Abou Abed, un habitant de Silwan, un quartier de Jérusalem-Est. Ce vendeur du Muristan, situé en face de l'église du Saint-Sépulcre, ne souhaite pas une troisième intifada, mais constate que « si la situation continue, on ne va pas y échapper ».
 « Les choses vont se calmer », déclare quant à lui Eliav, un commerçant du quartier juif. Derrière son comptoir où sont disposés des drapeaux israéliens, il explique que « les Israéliens doivent faire attention aux lieux saints, les nettoyer, les entretenir... c'est pour cela qu'on les a mis sur cette liste. Les Palestiniens ne comprennent pas que les juifs étaient là avant eux. Ces lieux nous appartiennent aussi ». L'esplanade des Mosquées est située sur le site du temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le mur des Lamentations. Les juifs considèrent le mont du Temple comme l'un des endroits les plus sacrés du judaïsme. « Mais tout va se calmer. Les Palestiniens de Jérusalem ne veulent pas de combats. Leur vie est meilleure ici qu'à Gaza », tient à préciser Eliav, confiant.
À Gaza, le Hamas a exhorté la communauté internationale à « assumer ses responsabilités pour mettre fin à l'agression dangereuse » d'Israël. Mardi dernier, le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a appelé les Palestiniens de Cisjordanie occupée à « se soulever » pour défendre les lieux saints.
 « Il faut savoir une chose, tout cela concerne la religion. Ceux qui créent tous ces problèmes, ceux qui se battent au nom de la religion ne sont pas de bons fidèles », constate amèrement Mahmoud, un vendeur de bijoux situé non loin de la porte de Damas. « C'est de la politique. Dans les dix commandements, il est spécifié qu'on ne doit pas tuer son prochain. Ici, ils ne font que s'entre-tuer ! Mais si les choses se passent ainsi, c'est qu'elles doivent se passer comme cela », poursuit ce barbu vêtu d'une djellaba.
Dans sa galerie d'art, au cœur du quartier juif où les habitants fêtent Pourim (carnaval juif), Aaron se « demande ce que cherche à faire (son) gouvernement ». « En Judée et Samarie, on implante des colonies à côté des villages arabes, pourquoi ? Il y a de la place partout, on n'est pas obligé d'aller se mettre là-bas. Et à quoi servent ces déclarations sur Hébron et Bethléem ? À envenimer les choses, seulement. C'est à se demander s'ils veulent la paix. À force de tout vouloir, on va finir par tout perdre », constate ce natif de Galilée, un thé à la main, pendant qu'un groupe de jeunes filles de Natanya, coiffées d'oreilles de Minnie, lui demandent de les prendre en photo.
En haut des marches de la porte de Damas de la Vieille Ville de Jérusalem, un barrage a été improvisé par des soldats israéliens. Seuls les vendeurs de la cité, femmes et hommes de moins de 50 ans, peuvent entrer. Une fois à l'intérieur des remparts, l'effervescence, qui caractérise si bien le lieu, n'y est plus. Les magasins sont...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut