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Moyen Orient et Monde - Le point

Dernière ligne zigzagante

Dans un pays qui se targue d'avoir donné au monde le code de Hammourabi et quelques-uns des plus beaux poèmes de la langue arabe, son discours résonne aux oreilles de ceux qui l'écoutent comme venant d'une ère que l'on croyait révolue. Le punch est toujours là même si, parfois, il est employé à mauvais escient.Ses adversaires sont « des chauves-souris vivant dans le noir », des « baassistes », ou encore des « terroristes », chassés des allées de la politique et qui veulent revenir par la fenêtre ou, plus grave, par le biais des élections.On le voit, quatre années d'exercice du pouvoir ne l'ont pas changé : Nouri Kamal el-Maliki est toujours un homme en colère. Contre les autres, tous les autres, peut-être même contre lui-même pour cause de tant d'occasions perdues, qui ne se présenteront plus peut-être au soir du 7 mars, quand les urnes auront décidé de son sort. Reviendra ? Reviendra pas ? Ce qui, longtemps, a semblé une évidence s'est transformé, au fil des quatorze mois écoulés, en incertitude tant ses multiples slaloms ont achevé de dérouter même les plus fidèles parmi ses proches.
Izzat Chahbandar, hier encore un inconditionnel, avoue au New York Times ne pas trop y croire : « Il n'a pas des prises de position, plutôt des réactions », dit-il. Il n'est pas seul dans ce cas. Le vice-président Tarek el-Hachémi, un sunnite, dénonce « le confessionnalisme politique et la corruption qui détruisent l'État » et se prononce désormais pour le changement. Il s'interroge sur l'utilisation des quelque 300 milliards de dollars reçus au titre d'aide à la reconstruction, le sort des millions de déplacés, l'avenir de la démocratie, la place de l'Irak dans le concert (la cacophonie plutôt) des nations arabes, les rapports avec la minorité kurde, la répartition des revenus provenant du pétrole, bref autant de questions qui restent sans réponses.
Bachir al-Najafi, l'un des quatre membres de la Marjaïya, le Conseil suprême islamique, est plus explicite encore dans sa dénonciation de certains membres du cabinet, dont Khoudeir al-Khouzaï, ministre de l'Éducation, ainsi que des responsables du secteur des services : eau, électricité, agriculture, cartes d'alimentation. « Au sein de l'Exécutif, souligne-t-il, il existe des responsables qui ont trahi la nation, qui se sont appropriés des fonds publics et ont favorisé l'émergence d'un sentiment de sectarisme. » Signe qui ne trompe pas : alors que la hiérarchie chiite avait soutenu en 2025 l'Alliance pour un Irak uni, elle refuse cette fois de prendre parti.
Pour autant, il serait sage, réaliste en tout cas, de ne pas croire à une révolution qui sortirait des urnes ; plutôt à une modification en profondeur du paysage actuel. Les observateurs les plus avisés demeurent convaincus que la coalition Maliki remportera le plus grand nombre de sièges mais ne pourra pas bénéficier d'une majorité. Tout dépendra des tractations qui interviendront en vue de la formation de nouveaux blocs, en prélude à la mise sure pied d'une équipe ministérielle, un petit jeu qui prendrait des semaines, plus probablement des mois.
L'autre scénario, qui donne des sueurs froides au Premier ministre, prévoit une victoire de l'Alliance nationale irakienne, vaste coalition comptant principalement le Conseil suprême islamique de Abdel Aziz al-Hakim et les partisans de Moqtada el-Sadr. Face à cette force et à la recrudescence des attentats, le chef du gouvernement n'a plus le vent en poupe, le camp sunnite ne voyant en lui que « le moins mauvais des choix ». L'Irakien moyen, lui, ne se fait pas prier pour énumérer ses griefs : la sécurité demeure très relative, les immondices s'accumulent dans les rues, le chômage atteint des proportions propres à effrayer l'ensemble du quart-monde et nul à ce jour n'a été capable de prévoir ce qui adviendra après le départ du dernier soldat américain. Prudent, Maliki a choisi d'effectuer ses tournées électorales dans le Sud, préférant, plutôt que d'aller à leur rencontre, recevoir à Bagdad même les dirigeants de la province de Salaheddine.
Reste l'outsider, celui dont étrangement on parle bien peu ces temps-ci, cet Iyad Allaoui, ex-Premier ministre, baassiste repenti et ancien protégé des Américains dont il serait toujours le favori après avoir été, dit-on, un de leurs meilleurs agents. En somme, un de ces politiciens - nombreux à travers le monde, et pas seulement arabe - à géométrie variable, fluctuant au gré des vents et de ses propres intérêts.
Bien sûr qu'el-Qaëda brûle d'intervenir dans le désordre établi pour l'accroître. Ce sont surtout les moyens qui lui manquent et non pas la volonté. Maliki a misé sur la lassitude générale, et il a gagné. Au point de l'emporter au finish ? Rien n'est moins sûr.
Dans un pays qui se targue d'avoir donné au monde le code de Hammourabi et quelques-uns des plus beaux poèmes de la langue arabe, son discours résonne aux oreilles de ceux qui l'écoutent comme venant d'une ère que l'on croyait révolue. Le punch est toujours là même si, parfois, il est employé à mauvais escient.Ses adversaires...
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