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Culture - Exposition

Joseph Harb, un alchimiste des contrastes et des transformations

« Peindre, c'est oser», dit-il, et d'ajouter: «Oser n'est pas une chose facile.... » Ainsi s'exprime Joseph Harb devant ses dix-huit acryliques aux grands et moyens formats exposées sur les cimaises de la galerie Janine Rubeiz*.

Une peinture qui affectionne les contrastes et les dilemmes entre abstrait et semi-figuration. (Marwan Assaf)

Alchimiste des contrastes, ce peintre, installé depuis plus de dix ans entre Boston et Beyrouth, donne à voir son nouveau monde pictural aux transformations subtiles et nuancées.
Un monde coloré, foisonnant, quelque peu étrange et onirique, certes mobile, tout en étant fidèle à sa vision d'artiste en constante évolution, mais aujourd'hui nourri d'une nouvelle charge de lumière.
Dans des espaces vides baignent des objets hétéroclites.
Une véritable mythologie personnelle, originale, ludique et bigarrée se range en un vibrant «désordre clair» (pour reprendre la formule de Georges Schéhadé) dans ces toiles tendues comme la peau d'un tambour dans leur cadre. «Désordre clair» pour un dire pictural délibérément moderne, où oser est l'affaire d'un artiste qui, entre Chicago et Manhattan, n'en oublie pas moins son passage obligé au pays du Cèdre, sa terre natale.
Des taureaux, des horloges, des poissons rouges dans leurs bocaux transparents habitent cet univers entre rêve et réalité, où une femme nue assise (méditative et indifférente, un peu comme celle de Copi, avec la caricature en moins, bien entendu) se prête, dans sa laiteuse blancheur, en toute tranquille impudeur, aux regards des visiteurs.
De l'abstrait au figuratif, en passant par le semi-abstrait, Joseph Harb promène en philosophe inquisiteur son pinceau avide de nouveauté et curieux des assemblages les plus insolites, les plus incongrus. Un pinceau aux couleurs marquées (orange feu vif, jaune électrique, noir sourd, vert phosphorescent, bleu Klein indigo) qui traque avec ténacité le vide, les ruines, la décomposition, le gribouillis, les graffitis, la destruction.
Un pinceau à l'habileté virtuose qui déstructure systématiquement tout pour créer des images aux transformations qui suggèrent interrogation et parfois étonnement.

«To look behind»
«L'être ne change pas facilement en autre chose, confie Joseph Harb. Mais cela ne s'applique pas à l'art. Aujourd'hui j'ai mis peut-être un peu plus de lumière dans ma peinture, mais j'affectionne toujours les contrastes, les dilemmes et mon balancement entre abstrait et semi-figuration. Tout m'inspire, certes, mais j'ai une liste d'objets qui me sert de tremplin pour créer, me lancer dans un projet. C'est comme une boîte qui me sert à sortir mes outils de travail. C'est pour cela que je présente cette sorte de petite armoire ouverte peinte où j'ai déposé quelques bricoles. Un complexe de l'enfance, cette petite boîte à magie pour mes narrations picturales?» «Sans nul doute, conclut-il avec de petits rires amusés. J'ai toujours une bonne raison pour peindre; seule la décision compte. Peindre, c'est le passage du possible à l'impossible. Et puis j'ai intitulé cette exposition "To look behind" (Regard en arrière) non pour un passé figé, stérile, contemplatif ou inutilement nostalgique, mais au contraire pour mieux aller de l'avant. Comment se projeter dans le futur si on ignore le passé? Par conséquent, c'est plus pour un regard constructif et productif que je lance cette œillade en arrière. En somme, ma peinture, c'est ma relation avec le monde. Le monde de la matière et des transformations. Ma peinture est une constante transformation. J'ai horreur de la monotonie et pour cela je suis intransigeant: je pourrais détruire et mettre en pièce une toile terminée et recommencer à zéro. Car il y a toujours une vie nouvelle, une raison nouvelle, une chiquenaude nouvelle, une forme nouvelle, une création nouvelle, un concept nouveau.»

* À la galerie Janine Rubeiz jusqu'au 27 février. 
Alchimiste des contrastes, ce peintre, installé depuis plus de dix ans entre Boston et Beyrouth, donne à voir son nouveau monde pictural aux transformations subtiles et nuancées.Un monde coloré, foisonnant, quelque peu étrange et onirique, certes mobile, tout en étant fidèle à sa vision d'artiste en constante évolution,...

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