Les rapports libano-syriens étant assez mauvais en ce temps, le régime syrien n'a rien fait pour aider le gouvernement libanais à appliquer cette décision. On sait, en effet, que les bases palestiniennes situées hors des camps, notamment dans la Békaa, sont sous la coupe syrienne.
D'autre part, lorsque le gouvernement Siniora a entamé des démarches à cet effet auprès des organisations palestiniennes, il avait constaté que ces organisations n'avaient pas un point de vue unifié sur la question des armes. Beyrouth a alors réclamé que les Palestiniens forment une délégation commune pour discuter de ce dossier. Mais les désaccords entre Palestiniens ont retardé la formation de cette délégation et la guerre entre Israël et le Hezbollah avait éclaté, de sorte que les six mois ont passé sans que la décision ne soit appliquée.
Puis, lorsqu'une délégation palestinienne a fini par être formée, elle a contre-attaqué en soumettant à Khalil Mekkaoui, qui présidait la commission libanaise chargée des discussions avec les Palestiniens, un mémorandum réclamant l'amélioration de la situation des réfugiés palestiniens au Liban et la reconnaissance de leurs droits civils.
Le gouvernement libanais a alors promis de prendre en considération certaines des demandes formulées, mais en a rejeté d'autres qui nécessitent des amendements législatifs et qui, aux yeux de certains, pourraient être considérées comme un prélude à une implantation des réfugiés palestiniens au Liban, ce qu'interdit la Constitution.
Lors de la dernière visite du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban, ce dernier avait déclaré : « En tant qu'Autorité palestinienne, nous nous mettons à la disposition du gouvernement libanais. Nous souhaitons que les désaccords interpalestiniens ne se reflètent pas sur la situation des Palestiniens dans les autres pays et nous croyons qu'il n'y a pas d'alternative au processus de paix. »
Ses propos avaient été interprétés au Liban comme voulant dire que l'Autorité palestinienne est disposée à réorganiser les armes à l'intérieur des camps, mais qu'elle n'avait pas d'emprise sur les bases palestiniennes hors des camps, tributaires de Damas.
Les déclarations dimanche dernier du chef de Fateh-Intifada, Abou Moussa, sont venues confirmer cette interprétation. En défiant comme il l'a fait le pouvoir libanais, il cherche à se poser en interlocuteur au sujet des armes hors des camps, dans la mesure où Mahmoud Abbas ne peut l'être lui-même.
Si, dans l'esprit d'Abou Moussa, le but est de négocier en vue d'obtenir un marché aux termes duquel les Palestiniens seraient désarmés en échange d'une application du mémorandum palestinien, mais aussi de faire de la Syrie un interlocuteur dans ce dossier, cela démentira les allégations selon lesquelles ces bases hors des camps sont maintenues pour contrer toute attaque israélienne.
D'autre part, est-il possible que les Libanais se mettent d'accord entre eux sur les droits à reconnaître aux Palestiniens, sachant la sensibilité d'un tel sujet au Liban ?