Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Catastrophe naturelle

À Haïti, le désespoir cède la place à la colère

Avec 10 000 hommes, l'armée US frappe vite et fort pour aider l'île dévastée, alors que l'ONU s'apprête à lancer un appel de fonds d'urgence de 560 millions de dollars.

Une mère et ses enfants ont élu domicile en plein air devant le palais présidentiel à Port-au-Prince. Logan Abassi / Reuters

Colère et désespoir gagnaient les Haïtiens hier face à la lenteur des secours, malgré le déploiement progressif des parachutistes américains trois jours après le séisme qui aurait fait jusqu'à 50 000 morts à Port-au-Prince.
Les sinistrés déambulent au milieu des ruines, de la violence et de la puanteur des cadavres, rendue encore plus insoutenable par la chaleur tropicale qui règne dans l'île.
« Les gens sont affamés, assoiffés. Ils sont livrés à eux-mêmes. C'est de plus en plus dangereux. Il n'y a plus de police, les gens font ce qu'ils veulent », témoigne Léon Melesté, un religieux adventiste coiffé d'une casquette blanche « New York ».
Désorganisés, sans matériel, sans entraînement, les sauveteurs improvisés désespèrent, alors que le temps presse pour dégager les personnes toujours ensevelies sous les décombres, et dont la chance de retrouver vivantes s'amenuise d'heure en heure.
Les cadavres continuent de joncher la ville. « Il y a tant de corps dans les rues que les morgues sont pleines, les cimetières sont pleins », a témoigné le chanteur américano-haïtien Wyclef Jean, venu prêter main-forte à ses compatriotes.
Si rien n'est fait pour satisfaire les besoins urgents de la population, tels que le manque de logements, l'accès à l'eau et à la nourriture, « on court le risque d'avoir des émeutes », a mis en garde le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, à son retour de la capitale haïtienne.
L'ONU s'apprêtait à lancer dans la journée un appel d'urgence à la communauté internationale pour récolter 560 millions de dollars pour Haïti.
Mais les paroles de réconfort en provenance du monde entier ne suffisent pas à apaiser les Haïtiens.
« Le gouvernement nous bluffe. Il y a des millions de dollars qui rentrent, mais on ne voit rien. À la tête de l'État, un groupe d'amis se partage cet argent », accuse Kassana-Jean Chilove, un mécanicien qui a perdu sa fille dans le tremblement de terre.
Les parachutistes de la 82e division aéroportée de l'armée américaine ont commencé à sécuriser la piste de l'aéroport Toussaint Louverture et à débarquer du matériel lourd, sous les yeux de centaines d'Haïtiens et d'étrangers espérant quitter cet enfer.
« Nous allons nous déployer dans la ville pour aider les Nations unies et d'autres forces qui en ont besoin à fournir toute l'assistance nécessaire », a dit à l'AFP le sergent Kelab Barrieau, dans le vacarme des hélicoptères.
Les bérets noirs doivent continuer à arriver toute la journée, jusqu'à ce que le détachement atteigne « la taille d'une brigade » de plusieurs milliers d'hommes. D'ici à lundi, 9 000 à 10 000 GI seront sur place, a indiqué le chef d'état-major interarmées, Mike Mullen.
Le temps presse : 300 000 personnes, selon l'ONU, se retrouvent sans toit dans la seule capitale, une ville de 2,8 millions d'habitants où 10 % des habitations ont été détruites.
Les difficultés sur le terrain sont immenses. Le port est complètement hors d'usage et les déplacements sont entravés par des routes détruites ou bloquées par des amas de gravats.
Les États-Unis ont annoncé avoir obtenu l'accord des autorités cubaines pour survoler leur espace aérien, ce qui devrait permettre l'établissement d'un pont aérien accélérant l'arrivée des secours.
Un porte-avions américain à propulsion nucléaire, le Carl Vinson, est arrivé sur zone. Ce bâtiment, qui dispose d'un système de purification d'eau, de dizaines de lits médicalisés et de trois salles d'opération, doit servir de base flottante pour les rotations d'hélicoptères, un élément essentiel pour soulager l'aéroport.
Sur le terrain, plusieurs équipes de secouristes venues des États-Unis, de France, de République Dominicaine ou du Venezuela sont à pied d'œuvre pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres, même si l'espoir s'amenuise.
Dans les débris de l'hôtel Montana à Port-au-Prince, des sauveteurs français ont secouru jeudi sept Américains et une Haïtienne, tandis que des secouristes américains sauvaient une Française.
Difficulté supplémentaire, les sauveteurs risquent de devoir travailler en l'absence de toute coordination de la part des autorités locales, les principales infrastructures de l'État étant détruites.
« Au cours des dernières heures, 7 000 personnes ont été enterrées », a déclaré le Premier ministre péruvien Velasquez Quesquen depuis l'aéroport de Port-au-Prince où il coordonnait l'aide de son pays, après s'être entretenu avec le président haïtien René Préval.
Le président américain Barack Obama a parlé hier au téléphone à M. Préval et l'a assuré du « plein soutien » des États-Unis. M. Obama recevra aujourd'hui ses prédécesseurs George W. Bush et Bill Clinton, qu'il a chargés de coordonner l'aide américaine.
L'ancien président Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud après avoir dominé la vie politique haïtienne pendant près de 15 ans, s'est dit prêt à rentrer dans son pays.
Enfin, la France, qui a dit craindre la disparition de 20 à 30 de ses ressortissants, a demandé l'annulation du restant de la dette d'Haïti au Club de Paris, qui regroupe les principaux créanciers publics.
Colère et désespoir gagnaient les Haïtiens hier face à la lenteur des secours, malgré le déploiement progressif des parachutistes américains trois jours après le séisme qui aurait fait jusqu'à 50 000 morts à Port-au-Prince.Les sinistrés déambulent au milieu des ruines, de la violence et de la puanteur...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut