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Culture - Concert

Une envoûtante voix au TDB

C'est du tarab résolument pas comme les autres que Rima Khcheich et Rabih Mroueh ont offert aux mélomanes lors de deux concerts au TDB.

 Rabih Mroueh, l’homme à la flûte. (Marwan Assaf)


Le théâtre de Beyrouth, ou TDB pour les intimes. Une salle au charme certes désuet mais indéniable. Incontestable également le bonheur que les anciens habitués ressentent à chaque visite de ce lieu mythique de Aïn el-Mreïssé qui reprend doucement mais sûrement sa programmation interrompue durant des années. Après une reprise théâtrale de Issam Bou Khaled et une performance de Rabih Mroueh, c'est le multitalentueux Monsieur Mroueh qui reprend l'affiche, dans un programme musical, cette fois-ci, et accompagnant une Rima Khcheich à la voix envoûtante.
Si les deux artistes sont apparus côte à côte sur scène, ils ont très peu joué en duo simultané.
Enjouée et souriante dans ses interactions avec le public, la chanteuse devient calme et assurée lorsqu'elle prend le micro. D'une voix douce et fondante, tantôt puissante, tantôt mélancolique, elle chante a cappella un délicieux poème en prose de Abbas Beydoun intitulé Dakikatou ta'khir (une minute en retard). Mélodique ou jazzy, les intonations de Khcheiche prennent parfois l'allure d'un chant de muezzin.
Diplômée en audiovisuel de la LAU en 1997, Rima Khcheich connaît le répertoire arabe classique des compositeurs Sayyed Darwiche, Mohammad Abdel Wahab, Fouad Abdel Magid el-Mistkawi ainsi que des chanteuses Oum Koulsoum et Asmahan, sur le bout de ses cordes vocales.
Elle a collaboré également avec une bande de jazz hollandaise chantant le tarab, accompagnée d'instruments occidentaux. Ce soir-là, c'est la flûte qui ponctue les moments de silence de la chanteuse. Le souffleur, Rabih Mroueh, par ailleurs auteur/metteur en scène, a signé la direction artistique de son album de jazz oriental intitulé Ya Lalalli (2006). Après un enthousiaste hommage à Wadad « partie comme elle a vécu, en silence », le duo s'attaque à des morceaux de Abdel Wahab et de Oum Koulsoum.
Puis Mroueh s'empare d'un mélodica, un instrument de musique à vent qui s'apparente dans son mode de fonctionnement à un harmonica.
La traversée musicale se fait en douceur et l'on mesure le talent de Khcheich mais aussi les efforts de Mroueh. Les morceaux s'enchaînent, les paroles sont aériennes. Le duo joue sans cesse la rupture musicale et rythmique et le public s'infiltre dans les revirements d'ambiance et d'intensité. Chaque chanson est un peu comme une vague qui monte, gonfle et se renforce pour éclater enfin puis mourir, effervescente, avant que ne survienne la prochaine. Avec la fraîcheur de Rima Khcheich, la créativité d'un Rabih Mroueh et leur naturel déconcertant dans l'écriture et la composition, ce spectacle tranche dans un paysage musical trop formaté.

Le théâtre de Beyrouth, ou TDB pour les intimes. Une salle au charme certes désuet mais indéniable. Incontestable également le bonheur que les anciens habitués ressentent à chaque visite de ce lieu mythique de Aïn el-Mreïssé qui reprend doucement mais sûrement sa programmation interrompue durant des années....

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