Les murs, sanctuaires de l’histoire

C'est dans un superbe volume préfacé par Tania Velmans, historienne d'art, directrice de recherches honoraires au CNRS et membre correspondant de l'Académie européenne des sciences, lettres et arts, que l'écrivain et historien d'art dévoile des images d'une grande beauté qu'il étaye avec des commentaires et une bonne documentation. Des chefs-d'œuvre des monastères et des églises, et des décors peints de la Syrie et du Liban qui attestent de l'art florissant du Levant jusqu'au Moyen Âge. Il était donc juste pour Mahmoud Zibawi de leur rendre hommage en les étalant avec authenticité sur les pages de ce bel ouvrage.
Ce travail qui a nécessité à Zibawi de longues recherches sur le terrain est une plongée dans cet univers de formes et de couleurs. De Beyrouth à Homs, en passant par Koura, Saidnaya, Mar Mousa et autres lieux, le spécialiste de l'iconologie chrétienne invite le regard à sonder cette période importante du christianisme. «Sans négliger l'architecture, les icônes et les miniatures, l'auteur rassemble pour la première fois la totalité des peintures murales médiévales conservées sur les territoires de la Syrie et du Liban actuels, tout en dépassant occasionnellement les frontières de ces États», dira Velmans dans la préface.
L'historien d'art, qui a publié de nombreux ouvrages de référence, notamment L'Icône (sens et histoire), L'art paléochrétien (des origines à Byzance) et Images de l'Égypte chrétienne (iconologie copte), tous traduits en plusieurs langues, emmène encore une fois son lecteur à travers un voyage mouvementé dans le passé. Remontant le temps, Mahmoud Zibawi, qui s'est appuyé sur une bibliographie abondante et précise ainsi que sur les Écritures sacrées, établit le lien entre les peintures murales et les textes de la Bible et entre l'image esthétique et la mystique, sans négliger les parallèles avec les héritages byzantins, francs et islamiques. L'ouvrage qui se partage en quatre grands chapitres («La Syrie chrétienne, Les sanctuaires du Liban et de la Syrie ainsi que La permanence byzantine dans la région») est à la fois un manuel historique et esthétique, ainsi que la certification confirmée d'un legs universel à respecter.
«Comme la plupart de ces monuments sont à l'abandon et donc appelés à disparaître, il faudra espérer, signale encore Tania Velmans dans sa préface, que cet ouvrage illustré et documenté pourra contribuer à une prise de conscience de cet état de choses par les autorités compétentes.»
Héritage de cette partie du Moyen-Orient, mais également berceau des grandes religions et carrefour des civilisations, ne serait-il pas dommage de laisser une telle richesse disparaître avec l'écume des jours ?, semble s'interroger Mahmoud Zibawi. Tout en prenant, bien sûr, le lecteur à témoin.

* Disponible à la librairie al-Bourj.