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Culture - Exposition

Ces sacrés « Hommes » de Rim el-Jundi!

Rim el-Jundi accroche ses « Men » à la galerie Janine Rubeiz jusqu'au 28 janvier*. Sacrément énigmatiques et parfois joueurs.

« A Building In Achrafieh », techniques mixtes (90 x 150 cm).

Le titre est accrocheur, certes, mais l'expo le vaut bien. Car les «Men» de Rim el-Jundi ne sont pas des hommes de pacotille. Ils ne jouent pas les bellâtres, ne posent pas en éphèbes, et s'ils peuvent apparaître, parfois, comme des durs à cuire, leur machisme est caustiquement et... clandestinement dénoncé, dans la toile, par l'artiste.
Laquelle aime émailler ses peintures, au premier coup d'œil très réalistes, de symboles cachés et de références émotionnelles... Souvent accessibles aux seuls initiés.
Ainsi est-il de son cheikh, dédoublé, placé sur un fond en damier et couronné de l'emblème de Tanit, déesse phénicienne. Idem pour le portrait d'un père tenant dans ses bras son fils avec, tout autour, une répétition d'effigies de chiens, symboles de fidélité et de protection. Ou encore ces figures récurrentes d'hommes conversant avec leur ombre.

Jeux secrets
«Le sujet n'est qu'un prétexte. La peinture est une aire de jeu, le lieu où les secrets sont cachés. Rien n'est ce qu'il paraît être», écrit-elle d'ailleurs sur le carton de l'exposition. Voilà qui résume bien l'atmosphère dégagée par ces vingt-quatre toiles (en techniques mixtes) qui jouent les variations énigmatiques sur un même thème.
Certes, l'homme est le seul et unique personnage des allégories picturales de Rim el-Jundi. Mais la variété des compositions, des scènes, des contextes, des fonds de toiles dans lesquels il se retrouve à chaque fois donne à chaque pièce une individualité bien marquée.
Cette personnalisation est d'ailleurs le signe distinctif du travail de cette plasticienne qui, visiblement, ne se laisse influencer par aucune mode ou tendance, mais poursuit inlassablement sa propre recherche, ses propres questionnements.
 Sa peinture à elle est le lieu où aboutissent ses réflexions personnelles sur l'histoire, la spiritualité, le sacré: ses thèmes de prédilection. Qu'elle désacralise cependant et traduit d'une manière contemporaine en les mixant avec des préoccupations parfois d'ordre privé, d'autres fois inspirées des contingences de la scène locale. Un métissage des styles et des genres qui se retrouve dans les œuvres récentes de cette plasticienne, qui «n'aime, dit-elle, que les mélanges», dans cette fusion du pop art (dans les couleurs et les figures répétitives) et de l'art iconographique (dans les faces figées, aux regards intenses).
Sauf que ce qu'elle donne à voir est à appréhender à la manière d'un rébus, en avançant dans ses toiles, signe par signe, symbole par symbole, pour en découvrir - si possible! - l'énigme cachée.
Il y a de toute évidence du jeu dans les toiles de Rim el- Jundi. Un jeu ambigu entre force, dans la netteté du tracé et des couleurs, et sensibilité - toute féminine! - des idées exprimées. Un jeu entre l'apparence anodine des scènes et les secrets qu'elles recèlent. À l'instar par exemple de cet excellent portrait d'un footballeur de rue devant une façade d'immeuble achrafiote, ou encore de cette étonnante peinture de L'habitant de la ville de Beyrouth, montrant un homme culbutant du haut de son immeuble avec son ombre renversée ! Ce dernier tableau, dont l'inspiration d'origine est insoupçonnable, est moins lisse qu'il n'en a l'air. On ne vous en révélera pas plus. Pour garder à cet accrochage l'attrait du mystère. À découvrir de visu.

* Beyrouth, Raouché, imm. Majdalani (Banque Audi). Horaires d'ouverture : du mardi au vendredi de 10h00 à 19h00. Samedi de 10h00 à 14h00. Tél. : 01/868290. 
Le titre est accrocheur, certes, mais l'expo le vaut bien. Car les «Men» de Rim el-Jundi ne sont pas des hommes de pacotille. Ils ne jouent pas les bellâtres, ne posent pas en éphèbes, et s'ils peuvent apparaître, parfois, comme des durs à cuire, leur machisme est caustiquement et... clandestinement dénoncé, dans la toile, par...

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