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Culture - Vient de paraître

Bas les masques avec « Monochromes » de Joe Kesrouani

Habiller le blanc de noir ou dévêtir le blanc de son noir. Fixer les images en teintes monochromatiques, mais faire rêver en couleurs. Voilà ce condensé de vie signé Joe Kesrouani qui s'étale dans un très bel ouvrage baptisé à l'occasion « Monochromes » et que l'on peut trouver déjà en librairie.

Dialogue entre la pierre et l’homme...

Si depuis 2006, le photographe assemble, trie et sélectionne des clichés pris au coin d'une rue ou dans l'intimité d'un studio, cela fait bien plus longtemps que son regard capte et que son appareil fixe le réel. Des hommes et des architectures, des femmes et des formes, des silhouettes, des corps, mais également des pierres qui murmurent, des lignes qui se courbent, qui dessinent l'espace tout en racontant des histoires sur ces pages concoctées en collaboration avec les graphistes Tammy Paredes et Raa'fat Karimé.
Pas de gris chez Joe Kesrouani ni de demi-teintes, car tout est dit, noir sur blanc. Tout est exprimé et peu importe s'il fait tomber les masques. L'artiste ne fait pas de compromis. Il ne s'est pas assagi et c'est tant mieux.
Ce photographe autodidacte, architecte de formation, perfectionniste et exigeant envers tout ce qui l'entoure, mais surtout envers lui-même, surfe sur la musique, nage dans la peinture et œuvre toujours par passion. Il s'infiltre à travers ses clichés dans les interstices de la vie. Dans la trame intérieure.

 

Un mariage de yin et de yang
Les portraits réalisés au fil des années sont une plate-forme de lecture. À travers chaque ridule de visage, on perçoit un sentier. Et sur toute ravine de la main, se devine une route. Ses photos sont l'empreinte qu'ont laissée les rencontres et les pierres dans son parcours. Le reflet d'une vie. Ce n'est pas un hasard si Kesrouani allie les pavés de Barcelone à ceux de Paris ou encore au bitume de Beyrouth. Ni par simple coïncidence que des bâtiments des coins de la planète côtoient ceux de la capitale libanaise. Chacun de ces lieux, dans la ligne de mire de l'artiste, révèle sa propre histoire. Par des instants de magie, le photographe opère des mues. Toute personne, tout espace changent de peau sous la lumière qu'il crée. Et recrée. Comme s'il s'amusait à leur redonner leur vie initiale, à les sortir de l'ombre.
Combien de fois sommes-nous passés près d'une rue, d'un tuyau, d'un pylône sans même s'apercevoir de leur existence ou même de leur beauté esthétique ? De son œil qui traque, Joe Kesrouani a su les recadrer, les situer dans l'espace.
 Zoom sur ces visages, mains et regards qui s'affichent en diptyques dans un mariage irrationnel, mais tellement complémentaire de yin et de yang. Dialogue entre la pierre et la peau. Conversations inassouvies entre l'humain et son environnement. Ces plages de blanc laissant des traces de noirceur et des traînées de noir qui se maculent de blanc ne sont que la projection d'un esprit à la fois clair et tourmenté. Abhorrant toute vulgarité, Joe Kesrouani magnifie souvent les corps dans des postures que d'autres auraient taxées d'irrévérencieuses. Ce sont celles-là mêmes qui sont les plus évocatrices de la nudité de l'homme ou plutôt de sa mise à nu.
Homme-orchestre, il joue avec la lumière, la maîtrise, la domestique au service de l'espace, de l'invisible et de l'indicible. Les modèles photographiés se plient à ses exigences de metteur en scène et son œuvre n'est plus que l'illustration de ces tranches de vie qui s'imbriquent dans la sienne. Comme un montage viscéral.
L'artiste a-t-il croqué son propre portrait à travers ces lignes architecturales et humaines fragmentées ? Les images en témoignent. 

Si depuis 2006, le photographe assemble, trie et sélectionne des clichés pris au coin d'une rue ou dans l'intimité d'un studio, cela fait bien plus longtemps que son regard capte et que son appareil fixe le réel. Des hommes et des architectures, des femmes et des formes, des silhouettes, des corps, mais également des pierres qui murmurent, des lignes qui se...

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