Dernier cours avant les fêtes, 9h00 : une douzaine d'étudiants planchent sur des exercices d'improvisation au micro, l'une des matières qu'ils redoutent le plus. Timides ou gonflés d'assurance, ils se lancent à tour de rôle devant le « dancefloor », pendant que leurs camarades jouent au public survolté. Intraitable, le formateur Patrick Arnissole sanctionne chaque passage d'un « ça manque de pêche », « t'as le visage fermé », « t'es trop dans ta feuille » ou « respecte le confort d'écoute, t'as pas besoin d'aboyer comme un chien ». Quelques « mais Monsieur, je ne suis pas encore chaud ! » fusent, vite ravalés quand pleuvent les premières sanctions : pour les plus dissipés, une vingtaine de pompes devant tout le groupe. « C'est un conditionnement, pour qu'ils apprennent à distinguer la fête du travail », plaide l'enseignant, rappelant que seuls 60 à 65 % de ces élèves recrutés par concours décrochent en dix-huit mois leur diplôme d' « animateur musical et scénique », reconnu par l'État au niveau baccalauréat. L'examen final mêle les épreuves de « mix », le cœur du métier, à l'informatique, la gestion des lumières, l'électronique, la scénographie, la vidéo et la « culture musicale », un cours dispensé par un compositeur de musique classique, qui aborde la musette comme le hip-hop.
Cet éclectisme frappe d'emblée dans la salle voisine, où des élèves en fin de cursus peaufinent les « sets » de 15 minutes qu'ils présenteront face au jury de professionnels, dans les catégories disco-funk, pop-rock, électro-house et Rn'B. « Ils doivent maîtriser leurs effets et respecter les séquences de 8, 16 ou 32 temps, qui varient selon le genre musical, en évitant d'envoyer un morceau n'importe quand », décrypte leur professeur, Philippe Marcotti, diplômé de cette même école en 2007.
Une fois la technique acquise, ajoute le DJ lyonnais, le « plus important » viendra des stages qui jalonnent cette formation en alternance, où tous les élèves sont rémunérés par leur employeur. « Il ne suffit pas de diffuser la musique qu'on aime. Il faut être observateur, tenir compte du lieu, du concept, des gens », insiste-t-il.
À la variété des lieux de fête répond la diversité des parcours. Si certains diplômés restent dans le club qui les a formés, d'autres multiplient les contrats, se spécialisent dans l'animation de mariage ou se lancent dans la production d'albums, comme la DJ Miss Eaven, de la promotion 2006. L'œil sérieux sous sa casquette, Geoffrey dit « Jeff Norson », 20 ans, mixait chez lui depuis deux ans lorsqu'on lui a conseillé de faire cette école de DJ de Lyon « pour devenir pro », un cursus « dur, physiquement et mentalement ». Aujourd'hui en contrat d'apprentissage avec un bar musical, il s'est ouvert « à la musique commerciale », loin de l'électro qu'il affectionne.
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