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Les chrétiens d'Irak célèbrent Noël dans la crainte des violences

Les chrétiens d'Irak, dont le nombre ne cesse de baisser, fêtent Noël dans la crainte de nouvelles violences, ces dernières semaines ayant été marquées par des attentats contre leur communauté, notamment à Mossoul, dans le nord du pays.

Même si le simple fait de célébrer Noël cette année constitue une avancée considérable, les chrétiens de Mossoul ont peur: six attaques visant leur communauté ont fait en l'espace d'un mois quatre morts et 45 blessés dans cette ville située à 350 km au nord de Bagdad. Le 15 décembre notamment, un nourrisson a été tué et 40 personnes ont été blessées, dont des lycéens, dans l'explosion d'une voiture piégée visant l'église syriaque orthodoxe de la Vierge Très Pure et une école chrétienne à proximité. "Nous vivions dans un rêve depuis plusieurs années, ensuite (...) un nuage noir nous est tombé dessus", se lamente Jamil Boutros, un avocat chrétien. "Nos joies et nos fêtes ont tourné à l'enfer, avec des meurtres, des menaces et des explosions. On ne sait pas pourquoi et par qui ils sont commis".

À l'approche de Noël, l'armée a été mise en état d'alerte dans plusieurs provinces comptant une importante population chrétienne, comme Ninive (dont dépend Mossoul), Kirkouk (nord) ou Bagdad en raison de menaces visant les chrétiens. Les forces de sécurité se sont déployées en force à Mossoul depuis les célébration du Nouvel an musulman la semaine dernière. Les voies menant aux églises ont notamment été fermées. Des barrages ont été mis en place ainsi que des patrouilles de soldats, pour protéger toutes les églises, fait nouveau par rapport aux années précédentes lors desquelles seules les principales églises avaient bénéficié d'une telle protection.

Younès Mekha, un ingénieur chrétien de 56 ans, compare le dispositif à une "base militaire". "Les rues sont bloquées par des fils de fer barbelés et des blocs de béton, avec des policiers tout autour", explique-t-il. "Vous devez garer votre voiture loin de l'église et marcher. Les policiers et les soldats vous demandent où vous allez, vous disent (...) que vous n'êtes pas autorisés à entrer". "Vous dites: "Oui, je sais, mais je suis chrétien et je suis venu pour prier". Alors vous leur donnez votre carte d'identité et après l'avoir examinée, ils vous laissent passer."

Mais les mesures de sécurité renforcées n'ont pas réussi à empêcher un attentat mercredi contre l'église syriaque orthodoxe Saint Thomas, dans le centre-ville, qui a fait deux morts, des passants musulmans, et cinq blessés. Érigée en 770, cette église est la plus vieille de Mossoul. "Cette église était visitée par les chrétiens comme par les musulmans pour ses statues, ses décorations, ses inscriptions sur les murs", indique Rafa Abdoul Nour, 39 ans, un diacre de l'église. "Maintenant, elle est visée par des lâches. Leur but est d'arrêter les célébrations de Noël, d'empêcher les gens de prier (...) et de pousser au sectarisme", estime-t-il.

Fin 2008, une campagne systématique de meurtres et de violences ciblés a fait 40 morts parmi les chrétiens de Mossoul, entraînant le départ de plus de 12 000 d'entre eux. Les diverses communautés se rejettent la responsabilité de ces attaques.

La communauté chrétienne a vu sa population diminuer considérablement depuis l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003 passant de 800 000 à 550 000 personnes. Les chrétiens vivent surtout à Kirkouk, Mossoul et les villages environnants ainsi qu'à Bagdad.

"Avant 2003, les chrétiens avaient l'habitude de vivre heureux et en sécurité. Je ne me rappelle pas qu'un chrétien ait été tué, menacé ou déplacé", confie Zakariyah Yahya Abi Salman, 62 ans, un professeur à la retraite. "Dieu seul sait ce qui est arrivé à cette ville."


Même si le simple fait de célébrer Noël cette année constitue une avancée considérable, les chrétiens de Mossoul ont peur: six attaques visant leur communauté ont fait en l'espace d'un mois quatre morts et 45 blessés dans cette ville située à 350 km au nord de Bagdad. Le 15 décembre notamment, un...