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Moyen Orient et Monde - Interview

Pour Stiglitz, les combats contre la pauvreté et le changement climatique sont complémentaires

Le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz. Photo Antoine Ajoury

L'un des problèmes essentiels sur lesquels ont buté les participants au sommet de Copenhague a tourné autour des aides et des soutiens financiers apportés par les pays développés aux pays pauvres. Or la crise financière qui a secoué le monde depuis un an fait craindre la réduction d'une telle contribution aux pays en voie de développement pour qu'ils puissent faire face aux conséquences du changement climatique.
« D'une certaine manière, la crise économique doit contribuer à créer plus d'opportunités pour répondre aux conséquences du changement climatique », affirme le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, lors d'une rencontre en marge d'une conférence organisée récemment par Project Syndicate en collaboration avec le gouvernement danois à Copenhague.
« Les ressources ne manquent pas. Au contraire, il y a souvent des ressources qui sont mal utilisées. Il n'est donc pas demandé actuellement de ne plus utiliser certaines ressources déjà existantes, mais de les utiliser afin d'optimiser leur rendement, et d'une manière à œuvrer pour une meilleure protection de l'environnement », explique-t-il. « Néanmoins, quand il y a une crise financière comme celle qui a eu lieu, les craintes portent en fait sur les dettes énormes accumulées par les gouvernements qui négligeront de s'occuper des difficultés rattachées au changement climatique pour gérer les complications dues à la dette. Il s'agit donc d'un problème financier et non économique, lié notamment au manque de vue à long terme des dirigeants politiques », ajoute l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale.
Dans ce contexte, M. Stiglitz met en garde contre l'optimisme de certains économistes à annoncer la fin de la crise financière. Selon lui, les effets de la crise ne commencent à se faire sentir vraiment que lorsque la crise se termine.
« Pour les économistes, la fin de la récession se calcule quand on a plusieurs trimestres consécutifs de croissance. Mais pour les citoyens, la récession est synonyme de chômage ; pour les propriétaires immobiliers, elle est liée à la dégringolade des prix ; pour les commerçants, la crise est sentie par le manque de consommation, etc. Dans tous ces cas, la situation n'a pas changé. Au contraire, elle risque de se dégrader. »
M. Stiglitz critique en outre la dernière réunion du G20 qui a appelé à consommer plus. Selon lui, une telle politique est néfaste pour des pays comme la Chine qui doit plutôt se concentrer sur plus d'investissements, notamment dans les domaines du changement climatique et du développement durable.
Plusieurs questions ont également été soulevées concernant la relégation au second plan de l'engagement contre la pauvreté face aux problèmes liés au changement climatique. Mais pour Joseph Stiglitz, « les deux combats sont complémentaires. Je suis toutefois inquiet au sujet du fait que les deux sujets soient traités d'une façon complémentaire. Sur un autre plan, si nous ne faisons rien concernant le changement climatique, cela entraînera plus de pauvreté. Un échec à Copenhague créera ainsi plus de pauvreté dans le monde. Les raisons sont évidentes. Actuellement, ceux qui sont touchés le plus par les conséquences du changement climatique sont les pays en voie de développement, comme le Bangladesh, une partie de l'Inde, de l'Afrique... »
Par ailleurs, l'économiste américain balaie la polémique sur les causes humaines du changement climatique, affirmant, d'une part, que le rôle de l'homme dans ce phénomène est indéniable scientifiquement, ajoutant, d'autre part, que le problème ne se situe plus à ce niveau, mais au niveau des solutions à trouver pour enrayer les conséquences désastreuses liées au réchauffement climatique dans le monde.
« Je crois qu'il y a un quasi-consensus concernant les efforts à mettre en œuvre pour trouver les solutions adéquates. Le débat actuel consiste à savoir comment partager ce fardeau entre les différents pays, sachant que l'engagement principal devrait nécessairement revenir aux pays riches », conclut-il.
L'un des problèmes essentiels sur lesquels ont buté les participants au sommet de Copenhague a tourné autour des aides et des soutiens financiers apportés par les pays développés aux pays pauvres. Or la crise financière qui a secoué le monde depuis un an fait craindre la réduction d'une telle contribution aux pays en voie de...
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