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Liban - Le commentaire

Le néo-centrisme de Joumblatt inquiète fortement la majorité

Un nouvel indice de repositionnement : c'est la part des voix progressistes qui a permis à l'opposition de remporter les élections estudiantines à la LAU. Dès lors, une question élémentaire vient à l'esprit : après s'être retiré du 14 Mars, Walid Joumblatt va-t-il quitter les rangs de la majorité parlementaire ? Il continue certes pour l'heure à s'en réclamer, mais au seul titre de son alliance avec Saad Hariri. Et il parle volontiers des mérites d'une ligne médiane. Ce néo-centrisme lui permettrait, dans nombre de litiges en Conseil des ministres, de faire pencher la balance en faveur de tel ou tel camp, selon ce que cela pourrait lui rapporter comme avantages. Il en irait de la sorte pour les nominations. Puis, plus tard, lors de la formation des cabinets.
Mais, pour le fond, rien qu'en jouant sur les deux tableaux, et sans même avoir à rejoindre le 8 Mars, Joumblatt altère sérieusement les rapports de force politiques locaux, au profit bien évidemment des prosyriens. Pour la majorité, c'est déjà un coup dur, car les résultats des législatives du 7 juin s'en trouvent compromis. Il lui sera encore plus difficile de lutter contre les visées de Damas et de ses fidèles du cru, hostiles au Liban libre, souverain, indépendant, maître du territoire comme des armes, protecteur de la démocratie et des libertés publiques.
Toujours est-il qu'en regard de l'importance cruciale des enjeux, nombre d'observateurs estiment que Joumblatt devra, tôt ou tard, choisir son camp. À leur avis, s'il se rend à son tour à Damas, il ne pourra plus continuer à avoir un pied dans la majorité et l'autre dans la minorité. Non seulement parce que l'un et l'autre camps lui demanderaient d'opter sans plus osciller, mais aussi et surtout parce que son bloc parlementaire risquerait de voler en éclats. Ce groupe comprend, on le sait, des éléments appartenant à son parti, mais trois fois plus d'indépendants. Et même parmi ses lieutenants directs, il en est qui ne cessent de clamer leur attachement aux principes du 14 Mars, de la révolution du Cèdre.
On ne doit pas oublier non plus que le prochain code électoral devra comporter une dose de proportionnelle. Ce qui signifie que les chefs de file auront tous, Joumblatt compris, moins d'influence, tant au départ, lors de la constitution des listes, qu'à l'arrivée, après proclamation des résultats. Car la réussite des candidats dépendra bien plus de leur popularité propre que de ce que les têtes de liste, ou les chefs de parti, pourraient leur donner comme voix.
Il reste cependant que les prochaines élections ne sont pas pour demain. Et que dans les semaines ou les mois à venir, on devra voir quelle configuration politique l'hémicycle parlementaire va adopter. Selon toute probabilité, le cheminement de Joumblatt renforce les chances d'émergence d'une coalition centriste, aux côtés des blocs du 14 Mars et du 8 Mars. D'autant plus que le président Nabih Berry, tout en n'allant évidemment pas jusqu'à se retirer du 8 Mars, ne cesse d'appeler au dépassement des antagonismes bipolaires. De son côté, le général Michel Aoun normalise ses relations tant avec Baabda qu'avec Bkerké. Des positions qui favorisent la modération, arme principale du centrisme.
L'évolution en cours pourrait produire des effets marquants, au niveau du pouvoir, dans les prochains mois. En effet, pour beaucoup d'analystes, l'espérance de vie de l'actuel gouvernement, bourré de contradictions explosives, est forcément et fortement réduite. La mise en place du cabinet suivant obéirait dès lors à de nouvelles donnes, du moment qu'il n'y aurait plus à la Chambre de majorité accusée et de minorité claire. Et nombre de blocs, ou d'indépendants affiliés à des regroupements déterminés, reprendraient leur liberté de mouvement par rapport aux deux camps principaux. Sans rejoindre obligatoirement la tendance centriste. Pour tout dire, le jeu sera ouvert et les alliances ministérielles se forgeraient selon les intérêts ou les possibilités du moment. Le plus souvent loin des considérations idéologiques de base.
Mais la marge effective reste indéterminée, dans la mesure où elle est sujette à un autre repositionnement capital, celui de la Syrie, acteur incontournable sur la scène politique locale. Si son rapprochement avec l'Arabie saoudite, si les pourparlers indirects sur le Golan reprennent, et si la visite de Hariri à Damas est un succès, il est possible que Damas ne souhaite pas de modification fondamentale au tableau libanais actuel. Et même qu'il voudrait encourager la stabilité et la légalité.
Un nouvel indice de repositionnement : c'est la part des voix progressistes qui a permis à l'opposition de remporter les élections estudiantines à la LAU. Dès lors, une question élémentaire vient à l'esprit : après s'être retiré du 14 Mars, Walid Joumblatt va-t-il quitter les rangs de la majorité parlementaire ? Il continue certes pour l'heure à s'en réclamer, mais au seul titre de son alliance avec Saad Hariri. Et il parle volontiers des mérites d'une ligne médiane. Ce néo-centrisme lui permettrait, dans nombre de litiges en Conseil des ministres, de faire pencher la balance en faveur de tel ou tel camp, selon ce que cela pourrait lui rapporter comme avantages. Il en irait de la sorte pour les nominations. Puis,...
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