Les ministres de l'Environnement sont déjà au travail, en attendant l'arrivée des chefs d'État, qui auront le dernier mot. De la conférence de presse conjointe tenue hier par la ministre danoise de l'Énergie, Connie Hedegaard, et le secrétaire général de l'UNFCCC, Yvo de Boer, on retient surtout, malgré les propos encourageants, le fait que les discussions vont encore bon train sur des points essentiels comme le financement des mesures d'adaptation pour les pays en développement ou les taux de réduction des émissions dans les pays développés. Beaucoup de questions restent donc en suspens, et les données sur les négociations gagnent chaque minute en complexité, avec de nombreux documents de travail qui circulent et des acteurs qui n'ont pas encore abattu leurs cartes, malgré la multiplication de prises de position tonitruantes. Interrogée sur les critiques qui ont visé sa gestion du sommet et la lenteur du processus, la ministre danoise a rétorqué : « On ne peut imposer aux gens ce qu'ils ne veulent pas. Il a fallu prendre tout notre temps pour que tout le monde soit d'accord avec les décisions prises. »
Du côté de la société civile, on craint surtout, actuellement, un deal que l'on appelle communément
« Green Wash », littéralement un texte qui serait peu substantiel, mais « peint en vert ». Sans être un déclencheur de véritable changement. Ce qui accentue les craintes des militants de la société civile, selon certaines sources qui suivent de près le processus, c'est d'une part l'insistance des pays en développement (le G77 essentiellement) à préserver le protocole de Kyoto, de peur de perdre des privilèges mais tout en courant le risque d'essuyer un refus net de la part des États-Unis (ce qui ferait couler toutes les négociations et les espoirs d'un accord qui fonctionne), et d'autre part le risque de voir les pays développés encourager l'adoption d'un accord trop faible, préservant la chèvre et le chou, avec une annulation pure et simple de Kyoto et des principes qu'il avait mis en place.
Des manifestations prévues aujourd'hui
Dans l'attente des annonces des derniers jours, la rue est en ébullition. Aujourd'hui, des manifestations importantes de groupes radicaux et d'extrême gauche, venus des quatre coins d'Europe, sont prévues toute la journée. Ces groupes rejettent en bloc toutes les négociations en cours, estimant qu'elles sont triviales et que seul un réel changement dans le système économique mondial peut résoudre les problèmes environnementaux que le système actuel a engendrés. Mais leur voix se perd dans la violence qui accompagne parfois leurs mouvements. La grogne risque aussi de se faire sentir à l'intérieur du « Bella Center », chez les ONG qui ont choisi des voies moins radicales, et le lobbying à l'intérieur du système.
La pression monte donc à Copenhague : peut-on encore espérer un deal qui soit dans l'intérêt de 193 pays, sans décevoir une opinion publique mondiale mobilisée ?