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Culture - Cimaises

L’Amérique s’affiche au Beirut Art Center

« America », haut en couleurs, s'expose jusqu'au 16 janvier au Beirut Art Center. Un travail collectif de seize artistes américains et non-américains ayant vécu aux États-Unis qui est une réflexion sur cette grande puissance du XXIe siècle.

«Les plusieurs personnes», Gretta Pratt et ses icônes américaines.

De nos jours, l'Amérique n'est plus ce géant mythique du Grand Canyon, des vastes plaines et vallées. Elle n'est plus le pays des Sioux et des cow-boys, ou des larges opportunités qu'émigrants allaient chercher avec espoir. Pays de l'or, de l'or noir ou seulement de l'or vert, l'Amérique est devenue aujourd'hui cette puissance que certains respectent et que d'autres craignent.
Que signifie le mot «America» dans notre inconscient collectif? Modèle de civilisation, l'Amérique est ce mélange de mythes, de figures et d'icônes qui perdurent avec le temps. Le travail photographique, de dessins ou de vidéos affiché au Beirut Art Center jusqu'au 16 janvier n'est ni une célébration des vertus de ce pays ni une accusation, mais une tentative d'illustrer plusieurs visions. Seize grands artistes qui ont exposé dans des musées importants, notamment le Guggenheim ou la Tate, ont bien voulu partager leurs questionnements avec la profonde certitude que chaque regard s'y retrouvera d'une manière ou d'une autre.
Expulsé de Palestine lors de la «Naqba», Naji al-Ali a grandi dans le camp de Ain-el Héloué, au sud du Liban. Découvert par l'écrivain palestinien Ghassan Kanafani pour son talent de dessinateur, al-Ali travaille au quotidien al-Safir, mais en raison des multiples harcèlements dont il est l'objet, il s'installe à Londres où il est assassiné en 1987. Dans ses caricatures (en noir et blanc), l'artiste dénonce la politique d'Israël, mais également l'absence de démocratie dans les pays arabes.
Dans leur parcours du territoire américain, Ayreen Anastas et René Gabri se sont interrogés sur l'existence d'un camp d'internement comme Guantanamo. Une vidéo qui relie l'existence de ce camp à d'autres phénomènes
contemporains.
Un autre travail de vidéaste est celui de l'artiste pluridisciplinaire allemand Joseph Beus qui a vécu une expérience particulière aux États-Unis qu'il a voulu illustrer dans son œuvre.
Ziad Antar vit entre Sidon et Paris. Diplômé en agronomie en 2001, il se consacre à l'art de la photo et de la vidéo depuis 2002. Sa série intitulée New York Périmé, ce sont des clichés des lieux très célèbres de la ville (ceux qu'on voit d'habitude dans les cartes postales) effectués avec des films périmés. Des photos (50 x 50) en noir et blanc qui donnent l'impression de réalité et de virtualité.
Wafaa Bilal, professeur de beaux-arts à New York, a réalisé un jeu vidéo qu'il a baptisé La nuit où Bush a été capturé : un Jihadi virtuel, où il illustre à la fois la violence et l'ignorance de cette guerre. Malgré la censure, le jeu a pu néanmoins véhiculer le message de l'artiste.
William Eggleston parvient, à partir de la banalité de lieux comme des parkings, des stations d'essence ou des drive-in, à réaliser la topographie d'une ville et à mettre l'accent sur des moments d'apparence nonchalente, mais qui révèlent un certain mode de vie.

En kaléidoscope
 Les différentes œuvres picturales, sculpturales et de vidéo de Mounir Fatmi tentent de sortir les images iconiques américaines de leur contexte sur lesquelles il porte un regard différent. Out of History est axée sur le personnage mythique de David Hilliard, fondateur du mouvement américain Black Panther.
Jenny Holtzer, lion d'or à la Biennale de Venise en 1990, réalise une projection en digitale de documents officiels prouvant de mauvais comportements de soldats américains en Irak.
Réalisés entre 2005 et 2008 en Australie, au Japon, en Californie, dans l'Antarctique, en Irak et au Koweït, les clichés d'An-My-Le, née à Saigon et réfugiée politique aux États-Unis en 1975, portent sur les conflits américains, mais d'une manière inhabituelle. Un regard oblique qui crée un lien virtuel entre les événements.
Le cinéaste Matt McCormick a été couronné à plusieurs festivals pour ses courts-métrages. Dans ce film intitulé Futur So Bright, il offre à voir les nombreux motels jalonnant la fameuse autoroute 66. Aujourd'hui désertés et aux enseignes lumineuses éteintes, ils apparaissent sur ce fond de ciel bleu comme ayant jadis été la parfaite illustration d'une époque glamour.
De 1999 à 2003, le travail de Julia Meltzer et David Thorne est centré sur les thèmes de l'histoire, des affaires secrètes et de la mémoire. Dans In Possession of a Picture, il s'agit de diptyque de photos petit format. L'une révèle un lieu connu aux États-Unis, l'autre est demeurée une case blanche. En effet, les propriétaires de cette photo se sont vus confisquer leur cliché par les autorités. Pour quelle raison ? Cette case blanche est une fenêtre ouverte à toutes les
suppositions.
Né en France, Melik Ohanian travaille entre Paris et New York. C'est le concept de temps que l'artiste essaye de mettre en évidence à travers des zones conceptuelles et géographiques. Son installation porte sur la projection du film de Peter Watkins, tourné en 1971 et longtemps censuré en Amérique. Il le reprend tout en faisant disparaître l'image, mais en gardant le son ainsi que les paroles et les sous-titrages.
Pour Catherine Opie, le concept d'une cité et son origine ont été perdus à cause de l'invasion des immeubles. Ayant photographié des lieux commerciaux et financiers connus à New York, l'artiste tente de faire revivre cette utopie.
Dans son approche photographique de l'histoire, Greta Pratt essaye de comprendre comment certains événements sont filtrés jusqu'à ignorer des réalités qui, semble-t-il, pourraient gêner à l'avenir.
Kara Walker, elle, narre dans sa vidéo une fable dure et crue, tandis que Martha Rosler présente une installation multimédia où la collision entre textes et images illustre la désinformation des médias.
Un kaléidoscope d'images qui traduit les différentes tendances et méthodes de compréhension du géant américain et qui s'affiche au Beirut Art Center jusqu'au 16 janvier seulement.
De nos jours, l'Amérique n'est plus ce géant mythique du Grand Canyon, des vastes plaines et vallées. Elle n'est plus le pays des Sioux et des cow-boys, ou des larges opportunités qu'émigrants allaient chercher avec espoir. Pays de l'or, de l'or noir ou seulement de l'or vert, l'Amérique est devenue aujourd'hui cette puissance que certains...

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