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Culture - Livre

Fayçal Farhat, le « chicklets boy » qui rêvait de devenir écrivain

« Le jour où je commençai à écrire », de Fayçal Farhat *, est le fascinant récit autobiographique d'un enfant pauvre du
Beyrouth de la fin des années 60.

Relativement court, le livre s'ouvre sur une scène dramatique dans laquelle le petit Fayçal, qui longe la corniche et songe à se jeter à l'eau, est détourné de son acte par un inconnu croisé sur la corniche, dont les yeux le suivent et l'intimident, puis par le regard d'une barmaid qui le fixe à travers la vitre d'un cabaret de Zeïtouné, pendant qu'un client ivre s'efforce de la
toucher.
Le récit évoque irrésistiblement les histoires de résilience qui fourmillent dans les livres de Boris Cyrulnik. Le jeune Fayçal Farhat n'était pas enfermé des jours durant dans un placard, mais battu parfois et chassé de la maison par un père avare et colérique, qui l'envoyait dormir dans la rue quand son fils n'avait pas ramené de la vente de ses chicklets l'argent qu'il convoitait.
L'enfant, qui logeait à Berjaoui, sur le flanc d'Achrafieh, errait alors dans les rues de Beyrouth, ses pas le conduisant vers la place des Canons, où il marchait jusqu'à l'épuisement, avant de se recroqueviller vers minuit dans de larges cageots de tomates vides, dans les ruelles bordant le Rivoli, les yeux fixés sur la statue des Martyrs, lui-même martyr d'un autre genre, et rêvant de devenir écrivain.
Le lendemain, il était de nouveau chez lui pour prendre, avec son frère, le chemin de l'école publique. Une école qu'il allait devoir quitter, sous la tyrannie de son père, qui le voyait plutôt en vendeur de « gharaïbé » et de « kaak » dans des centres de villégiature comme Aley, Bickfaya ou Dhour Choueir. Au fil du récit, le lecteur apprend aussi qu'il avait « travaillé » comme chiffonnier, apprenti cardeur et ramasseur de balles au club des Enfants de Neptune.
« Si Beyrouth médite d'être cette année capitale mondiale du livre, c'est bien parce qu'il y a des années, il était encore possible d'être un "chicklets boy" et de rêver de devenir un jour écrivain », assure le poète Antoine Boulad, qui a traduit le poignant récit. Le livre témoigne en effet d'un Liban disparu, un Liban de tous les possibles, un Liban du meilleur et du pire, où l'extrême richesse côtoyait l'extrême pauvreté, dans l'insouciance générale.
Outre ce récit, Fayçal Farhat est l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont certaines ont été jouées sur des tréteaux à Beyrouth, au West Hall de l'AUB, à Saïda, Jbaa et Tyr, sur les planches du palais de l'Unesco et au théâtre Jeanne d'Arc. Plusieurs de ses pièces demeurent inédites.

* Éditions Dergham.
Relativement court, le livre s'ouvre sur une scène dramatique dans laquelle le petit Fayçal, qui longe la corniche et songe à se jeter à l'eau, est détourné de son acte par un inconnu croisé sur la corniche, dont les yeux le suivent et l'intimident, puis par le regard d'une barmaid qui le fixe à travers la vitre d'un cabaret de...

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