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Culture - Rencontre

Sergey Khachatryan, 24 ans, prince du violon…

Ce soir, à l'église Saint-Joseph (USJ), le jeune Sergey Khachatryan, violoniste virtuose, interprète avec l'Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Harout Fazlian, le révolutionnaire (en son temps) et unique « Concerto pour violon » de Beethoven.
Rencontre avec un jeune musicien d'une incroyable maturité et absolument haut de gamme...

« Si je n’étais pas un violoniste, je serais sans nul doute un coureur d’auto de course. »                     (Michel Sayegh)

Serrant fermement son Stradivarius « Huggins » 1708, les cheveux coupés court, les sourcils légèrement broussailleux, le regard vif, le sourire craquant, le blouson en cuir noir sur un tee-shirt blanc, Sergey Khachatryan, vingt-quatre ans, a déjà un parcours prestigieux derrière lui. C'est que sa première prestation publique, un retentissant concert dédié à Bach, à Wisbaden, remonte à ses neuf ans.
Usant facilement l'arménien, l'anglais, l'allemand et le russe, le jeune violoniste confie en toute simplicité: «Dans ma famille, tout le monde était pianiste: mon père, ma mère et ma sœur Lusiné. Alors on a décidé que je serais violoniste. Tout a commencé à l'âge de six ans lorsque je vivais encore à Erevan en Arménie et où je fréquentais l'école Sayat Novat. Lorsque j'ai eu huit ans, ma famille a émigré à Francfort en Allemagne et j'ai suivi dès lors plusieurs cours (à la russe) avec des professeurs tels Zoya Yarachoury (de l'Opéra de Kiev), du violoniste Joseph Rissim ainsi que deux ans de formation au Conservatoire Wurtzburg en Bavière. Tout en menant parallèlement une active carrière de concertiste. Où j'ai donné des concerts? Le mieux serait de dire là où je n'ai pas donné de concerts (petit éclat de rire!), tels l'Afrique, la Chine, les Philippines. C'est avouer par conséquent que j'ai beaucoup sillonné la planète jusqu'à la Corée et le Japon...»

« Plus rien n'existe lorsque je tiens le violon... »
Hôte du Festival al-Bustan avec sa sœur Lusiné, il y a déjà quelques années, Sergey Khachatryan connaît bien la chaleur et l'hospitalité du public libanais. Détenteur du prix Jean Sibelius en 2002 et du prix Concours reine Elizabeth en 2005, signataire de plusieurs CD dans les bacs (opus de Sibelius, Khatchadourian, Franck), fervent lecteur de Thomas Mann, Tolstoï, Hemingway et Kafka, amoureux de la musique de Beethoven et Chostakovitch (mais aussi de Komitas, Sayat Nova, Babadjanian et Khatchadourian, qu'il réserve, dit-il en toute fierté arménienne, aux «encore»), Sergey Khachatryan a une définition nuancée de la musique.
Il la définit volontiers comme une «perception du regard des humains à travers les sentiments». «La musique, souligne-t-il, est le reflet de la vie qu'on vit... Pour moi, le violon est l'instrument avec lequel je m'exprime le mieux, car je suis un introverti. En musique, il y a toujours quelque chose au-dessus de nous. Je ne suis romantique que lorsque je joue au violon. Alors je ne suis plus là, car le violon donne une impulsion à la vie. Être sur scène est totalement différent de la vie ordinaire. C'est un état presque de transe. On est là, seul avec la musique. On ne réalise plus ce qui se passe autour et ça c'est un privilège. Quel est mon rêve? Mon rêve est de continuer ainsi, de dire toujours quelque chose d'intéressant à travers le violon à mon public et d'avoir toujours la capacité d'être performant sur scène. Que faut-il pour être un bon violoniste? Tout d'abord beaucoup de travail, ensuite le bon appui et encouragement des parents (je salue ici mon père) et des profs, et aimer surtout beaucoup la musique et non seulement le violon... Ma singularité quand je joue du violon est certainement due à mon âme et mon cœur, car la technique n'est pas tout...»
Pour ce jeune homme parfaitement dans le vent, être une coqueluche de la scène et un violoniste virtuose est-il une tour d'ivoire, un rempart contre le désir de vivre, de flâner, de s'éclater, de danser?
«Danser est l'une de mes passions, dit-il avec un sourire presque timide. Et si je n'étais pas un violoniste, je serais sans nul doute un coureur d'auto de course. Tenez, un Schumacher, par exemple... La vitesse et le défi me passionnent. J'adore la compétition, mais pas en musique...»
À tous ceux qui rêvent de ce fringant et éblouissant coup d'archet, rendez-vous donc ce soir pour applaudir Sergey Khachatryan interprétant avec l'OSNL le Concerto en ré majeur op 61 du maître de Bonn.
Serrant fermement son Stradivarius « Huggins » 1708, les cheveux coupés court, les sourcils légèrement broussailleux, le regard vif, le sourire craquant, le blouson en cuir noir sur un tee-shirt blanc, Sergey Khachatryan, vingt-quatre ans, a déjà un parcours prestigieux derrière lui. C'est que sa première prestation...

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