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Culture - Exposition

Arpenter la ville avec Zena Assi

C'est sur des toiles grand format que Zena Assi reproduit sa propre vision de la cité et des liens qui se tissent avec ses habitants. « Un peu de Beyrouth » s'affiche à la galerie Alwane* jusqu'au 5 décembre.

Zena Assi parmi les habitants de «sa ville». (Michel Sayegh)

Elle a baptisé son exposition «Un peu de Beyrouth» car elle voudrait partager en toute modestie son regard sur la cité. Un regard teinté de tendresse, mais également de réalisme. « Un peu de Beyrouth » est une série d'œuvres sur toile en mixed medias, sur grand, moyen et petit format, ainsi qu'en diptyques, «qui portent un regard curieux et faussement candide sur l'homme, la société et la ville qui les héberge et qui rend un hommage franc, à la fois subjectif et dépouillé, à la ville de Beyrouth, celle d'aujourd'hui»...
Zena Assi ne veut ni embellir ni enjoliver cette cité qu'elle a toujours habitée et ces personnes qu'elle a côtoyées. « J'ai toujours vécu en ville, dit-elle. Ma nature, mes arbres et mes montagnes, ce sont ces immeubles entassés les uns sur les autres et cette vie désordonnée qui grouille intensément. » Diplômée et major en publicité de l'Académie libanaise des beaux-arts, Assi obtient le prix mention spéciale du jury, Salon d'automne du musée Sursock en 2009, et la même année le prix « BMW's Mini Cooper », meilleur design d'extérieur pour son 50e anniversaire.

Zoom in, zoom out
Mais l'artiste s'amuse aussi à surfer sur toutes les disciplines en tentant de créer son propre environnement. Elle se fait photographe, pour capter les impressions et les détails du paysage urbain ; architecte et urbaniste en recomposant ses propres bâtiments, mais aussi anthropologue en reproduisant ce mélange de jeunes un peu désabusés et désillusionnés qui forment une texture dense. Enfin, elle devient peintre lorsqu'elle s'isole les matinées dans son atelier. Là, face à ses toiles et penchée sur son travail, elle accumule les couches de peinture, prépare durant des heures et des journées entières les surfaces qui prendront forme plus tard car, selon Zena Assi, si l'œuvre naît spontanément, elle prend forme par compositions de strates.
«Tout est traité dans le même plan et sans perspectives, précise l'artiste. C'est ce qui donne cette impression d'opacité, ce mur qui s'interpose au regard tout en le coinçant à l'intérieur de la toile. » Et pourtant, malgré ces teintes grises et noires avec des incursions de rouge qui donnent une impression d'uniformité, il suffit de faire un « zoom in » pour réaliser que la ville de Zena Assi est colorée et vivante.
Collages, photos, encre et aquarelle avec couches de peinture, toutes ces matières s'imbriquent les unes dans les autres pour livrer une surface uniforme et des images recyclées. On pourrait ainsi retrouver certains détails dans plusieurs œuvres. Une sorte de puzzle où les pièces s'alimenteraient les unes des autres. «Les personnes retrouvent également leurs lieux d'habitation dans mes toiles, poursuit Zena Assi, et pourtant il y a beaucoup d'imaginaire dans mon
travail.»
Une vision réaliste mais fictive à la fois et qui fait de ces jeunes au regard fixe ainsi que de ces maisons accoudées les unes contre les autres une cité des songes. Les songes habités de Zena Assi.

* À la galerie Alwane (Saïfi) jusqu'au 5 décembre. Ouverte tous les jours de 11h00 à 19h00. Tél. : 01/975250. 
Elle a baptisé son exposition «Un peu de Beyrouth» car elle voudrait partager en toute modestie son regard sur la cité. Un regard teinté de tendresse, mais également de réalisme. « Un peu de Beyrouth » est une série d'œuvres sur toile en mixed medias, sur grand, moyen et petit format, ainsi qu'en diptyques,...
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