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Culture - Théâtre

La guéguerre des sexes…

Un drink corsé autour d'un bar entre trois comédiennes et trois acteurs en répétition pour « Sar Lazem Nehki » (Il est temps de parler) de Lina Khoury sur les planches de Masrah al-Madina (Hamra).

Hommes et femmes entre rires et larmes. (Albert Saikaly)

S'imbriquent petite histoire de cœur et guéguerre des sexes. Avec des houppettes poudrées aux mots vitriolés, parfois mollassons mais, somme toute, sans griffes meurtrières et sans méchanceté foncière.
Tout est dit du secret des corps et du lit, en vrac, et sans rancune, mesdames et messieurs! Plus gentille caricature que sérieuse plaidoirie pour ce dialogue des sourds entre les deux sexes... Si la frivolité des femmes est notoire, les ronflements des mecs vite endormis après le sexe sont encore plus notoires. Et alors? Que faire? Comment le dire? Comment concilier droit au plaisir et identité de femme (sans exploitation ni domination) au quotidien?
Usant de l'humour, de la verdeur (quand même mesurée), des lapalissades avec un air d'audace et de témérité, voilà une enfilade de mots pour revisiter, sur un tempo se voulant mordant et caustique, la carte du tendre et les recoins les moins explorés (ou avoués) de l'alcôve.
Dans le laxisme contemporain, pour cette carte de visite érotico-conjugale du couple et surtout les «desiderata» de l'épanouissement, du plaisir et la réalisation de la femme au XXIe siècle, voilà un texte en arabe, très usuel, cosigné Lina Khoury et Rodny Haddad.
Dans un décor de «pub» avec bouteilles aux murs et tabourets pour un verre, trois jeunes femmes dans le vent pinaillent ferme avec un séduisant «bartender». La parité homme/femme est clairement suggérée.
Tout en jacassant et pérorant, cette gent fait du théâtre et répète ses scènes. L'objectif est évident: ces dames revendiquent leur identité et essence féminines. Elles en veulent aux hommes. Pour leur vacherie, leur muflerie, leur incompréhension, leurs attitudes, comportements et mots déplacés.
Vite le clan des hommes se forme aussi comme pour un combat sur une arène, car arrivent par la suite un autre acteur et le producteur. Et fusent les reparties électrisées de part et d'autre comme sur un ring encouragé par les hourras du public.
Est alors orchestrée une joute oratoire au hasard des questions et des réponses. Avec un sifflet pour régler les rounds et les résultats. À la fois fanfaronne et comiquement tendue cette joute au fil du rasoir pour vider un contentieux vieux de plusieurs millénaires.
Joute toute en parodie, débitée avec désinvolture, où chacun aiguise et affine ses arguments comme pour enfoncer au plus profond de la chair une lame acérée... Avec le délice et l'exaltation de gagner à chaque bataille ou la déconvenue et l'abattement de la perdre.

Mieux se faire comprendre
Cocasses, drôles, saugrenus (surtout quand c'est vu de l'extérieur! mais est-on simples spectateurs?) ces combats enragés entre hommes et femmes aux discours et attitudes si disparates, si différents, si divergents, parfois si retors dans leur isolement. Et que l'amour et le besoin de l'autre réunissent quand même...
Pour crever l'abcès de cette discordance, pour sortir de la prison des tabous et de l'éducation pour chaque sexe, voilà des mots pour le dire. Des mots libératoires qui brisent la glace et les murs pour une meilleure prise de conscience.
S'exprimer pour mieux se faire comprendre. Hommes et femmes sont à la même enseigne tout en gardant en tête que chacun des deux arrive d'une planète différente...Oui, on nous a assez seriné les oreilles que l'un vient de Mars et l'autre de Vénus... Mais que veulent donc les femmes? Que veulent les hommes? C'est à découvrir, sans nul doute, dans une langue autre que l'espéranto (on peut toujours causer) car la vérité peut avoir plus d'un visage...
Des moments agréables pour cette comédie douce-amère, mais certainement légère. Avec aussi des moments creux dus à de oiseux verbiages, car l'ensemble de la pièce manque de nerf.
Les comédiens, pour certains à la voix parfois mal posée et à la diction souvent trop rapide, sont inégaux. Si Gabriel Yammine fait une désopilante démonstration de sa masculinité devant un féminin rêche campé par Georges Asmar, du côté des filles, Patricia Nammour pèche par mimiques de «bimbo», tandis que Zeina Ziadé reste effacée et en deçà de son personnage de virago à jeans et bandana. Le couple de charme demeure Diamant Abou Abboud et Élie Mitri dont la bluette et les querelles d'amoureux rafraîchissent l'atmosphère...
Tout en restant dans le registre des préoccupations de la sexualité féminine, mais sans pouvoir récidiver pour autant la drôlerie, le brio, le percutant et l'intensité de Haki Neswan (Les monologues du vagin dans sa version libanaise), Lina Khoury aborde, une fois de plus, sur un mode d'emploi presque similaire, un thème qui lui est de toute évidence cher et sans nul doute toujours (surtout dans le monde arabe) de brûlante actualité.
Sorties de leur mutisme et de leur silence, les femmes parlent... Oyez, oyez hommes de bonne volonté !
S'imbriquent petite histoire de cœur et guéguerre des sexes. Avec des houppettes poudrées aux mots vitriolés, parfois mollassons mais, somme toute, sans griffes meurtrières et sans méchanceté foncière.Tout est dit du secret des corps et du lit, en vrac, et sans rancune, mesdames et messieurs! Plus gentille caricature que...

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