Octobre noir pour la construction de logements

La construction de logements aux États-Unis a effacé en octobre presque six mois de gains, alors que la reprise durable de ce secteur passe pour être l'une des clefs du retour du pays à une croissance viable.
Mises en chantier et permis de construire ont connu en octobre une chute-surprise. Cependant plusieurs analystes font remarquer que ce phénomène pourrait n'être que temporaire et avoir été provoqué par l'incertitude ayant entouré l'avenir du crédit d'impôt accordé aux Américains achetant un bien immobilier pour la première fois.
Ce dispositif fiscal, qui avait soutenu la reprise de la construction depuis mai, devait s'arrêter au 1er décembre. Début novembre, il a été prolongé de cinq mois.
Selon les chiffres publiés hier par le département du Commerce, les départs de chantiers de construction de logements se sont effondrés de 10,6 % par rapport à septembre, pour atteindre leur plus bas niveau en rythme annuel depuis avril, lorsqu'ils avaient atteint un record de faiblesse.
Les démarrages de chantiers donnent une image de la conjoncture présente du marché de la construction.
Les permis de construire délivrés, qui donnent, eux, une idée de la tendance à venir, ont chuté de 4,0 % par rapport à septembre pour toucher leur plus bas niveau depuis mai.
Dans les deux cas, la chute a été tirée par le secteur du logement collectif, très instable d'un mois sur l'autre.
Le secteur des maisons individuelles, qui représente plus des trois quarts de la construction de logements, et retient de ce fait davantage l'attention des économistes, a été marqué par une baisse de 6,8 % des mises en chantier et un très léger recul des permis de construire (0,2 %).
Le secteur de la construction de logements avait touché le fond en avril. L'immobilier ayant été à l'origine de la crise, il est suivi de près par les économistes. Ceux-ci estiment d'une manière générale qu'aucune croissance viable ne pourra s'installer sans une reprise durable du marché immobilier.
La chute des départs de chantiers en octobre est d'autant plus décevante pour l'économie américaine que les taux d'intérêt immobiliers sont restés globalement très bas ce mois-là.
Les acheteurs potentiels n'en ont pas profité, comme le montrent les chiffres de l'Association des banquiers hypothécaires américains (MBA) témoignant d'une baisse du volume des demandes de prêts.
Pour Celia Chen, analyste de Moody's Economy.com, « les acheteurs se sont retirés du marché des maisons neuves du fait qu'il devenait de plus en plus risqué » que l'acte de vente soit signé après la date butoir pour le crédit d'impôt en vigueur en octobre.
La baisse des départs de chantiers d'octobre pourrait donc n'être que provisoire et la reprise amorcée au printemps devrait continuer, mais certainement pas de manière dynamique, note Elsa Dargent, analyste de la banque Natixis.
Pour Patrick Newport, du cabinet d'économistes IHS Global Insight, les choses devraient s'améliorer en 2010 pour le marché des maisons individuelles, mais le niveau de la construction « restera historiquement faible jusqu'en 2012 ».
Les chiffres d'octobre montrent effectivement que le nombre de logements en cours de construction est à son plus bas niveau depuis environ 40 ans, comme le nombre de chantiers autorisés mais non encore commencés.
Sandra Pianalto, une des dirigeantes de la Banque centrale, avait estimé mardi que « le rétablissement complet du marché immobilier » prendrait « un temps considérable ».