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Agenda

À Jean-Claude Yared

Janki, ce petit mot de la part de tes potes, pour te distraire au café du bon Dieu. Comme dans toutes les bonnes maisons où tu as laissé ton ombre, ils doivent avoir  le journal là où tu nous as précédés.
Ici, à ta place habituelle au salon, face à la télé que tu ne regardais plus à cause des mauvaises nouvelles, entre tes briquets jaunes, tes piles de quotidiens en souffrance, ton plateau de soins divers, ta cartouche de cigarettes fines qui donnent bonne conscience, nous tournons en rond, incrédules, et ton rire bienveillant nous poursuit : Eeh ! Ça va ! C'est pas la mer à boire, ça arrive à tout le monde !
À tout le monde, bien sûr, mais à toi ? À force de snober la camarde, nous croyions que tu l'avais dégoûtée, qu'elle ne viendrait plus folâtrer dans ton périmètre. Voilà. Tu n'avais pas une santé de taureau. En revanche, tu avais une élégance de toréador quand tu l'envoyais mordre la poussière et se casser les cornes à la porte des hôpitaux où elle venait à tes trousses.
Tu as dû prendre le mauvais avion. De tous les pays que tu as écumés, il restait celui-là, celui là-bas, dont tu ne nous donneras pas de nouvelles. À présent, de ce vaste monde où tu as laissé un ami dans chaque port, il pleut à ton intention des prières et des messages émus. En Chine, M. Gong Yi a allumé un lampion qu'il a fait voler pour accompagner ton âme.
Aline avait organisé un pique-nique. Dans ces moments-là, nous nous retrouvions épaule contre épaule, famille choisie, recomposée, réconfortée. À tous les coups, tu ne prévoyais rien ni contre le soleil ni contre le froid. À tous les coups, le gynécée te couvrait le chef d'un chapeau à fleurs, jetait sur tes épaules un plaid bariolé contre la bronchite. Dans les photos, tu ressembles à un oiseleur. Tu es juste vêtu de tendresse.
Gentil Janki, toi qui as tant aidé la Providence à aider ceux qui en avaient besoin, sûr que les anges cafetiers sont en ce moment à tes petits soins. Dis-leur bien de la part de ceux qui t'aiment et des médecins que tu as laissés orphelins de te laisser manger et fumer tranquille. Merci pour le sourire que tu nous laisses, merci pour ta légèreté, même quand il faisait lourd. Janki, merci de toi.

Au nom de tes amis, Fifi
Janki, ce petit mot de la part de tes potes, pour te distraire au café du bon Dieu. Comme dans toutes les bonnes maisons où tu as laissé ton ombre, ils doivent avoir  le journal là où tu nous as précédés. Ici, à ta place habituelle au salon, face à la télé que tu ne regardais plus à cause...