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Moyen Orient et Monde - Le billet

Y a-t-il quelqu’un ?

Assis l'un à côté de l'autre, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin regardaient abasourdis, de l'autre monde, sur leur petit écran, les cérémonies commémorant l'armistice de la guerre 1914-1918 qui ont eu lieu le 11 novembre à Paris en présence de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy.
Émus et touchés par les discours des deux dirigeants européens, Arafat et Rabin décidèrent de jouer à un petit jeu qui consiste à remplacer les mots « allemand » et « français » par « israélien » et « palestinien ».
Après tout, cela valait bien la peine d'essayer. Eux, ennemis jurés qui se sont battus sans pitié durant des décennies l'un contre l'autre sur tous les fronts, ont fini par se retrouver là, au paradis - ou en enfer -, vivant ensemble, et ce pour l'éternité, après avoir signé, ici sur terre, un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Ainsi, s'inspirant du discours du président français, ce fut Yasser Arafat qui commença ce jeu fictif : « Nous ne commémorons pas la victoire d'un peuple contre un autre, mais une épreuve qui fut aussi terrible pour l'un comme pour l'autre. Je veux dire que les orphelins " palestiniens " ont pleuré leurs pères morts au combat de la même manière que les orphelins " israéliens ". Je veux dire que les mères « palestiniennes » ont éprouvé la même douleur que les mères " israéliennes " devant le cercueil de leurs fils tombés au champ d'honneur », dit ainsi le dirigeant palestinien à son homologue israélien, « refusant désormais de confondre l'amour de sa patrie avec la haine de l'autre ».
Regardant Begin droit dans les yeux, Arafat poursuit son discours, ou plutôt celui de M. Sarkozy : « C'est en songeant à tous ceux-là que nos deux peuples après s'être tant combattus et avoir tant souffert ont compris que pour en finir avec le malheur, ils devaient se tendre la main. »
« L'amitié de la " Palestine " et " d'Israël " est un trésor. Nous devons à nos parents qui ont tant souffert de la confrontation entre nos deux pays, comme nous le devons à nos enfants, de tout faire pour préserver et faire fructifier ce trésor », ajouta Arafat.
« Je sais que ce qui s'est passé ne peut pas être effacé. Cependant, il y a une force, une force qui nous aide, qui peut nous aider à supporter ce qui s'est passé. Cette force, c'est la réconciliation », lui répondit l'ancien Premier ministre israélien en utilisant les propos de Mme Merkel.
Adressant un regard chaleureux à Arafat, Rabin poursuivit son discours : « La réconciliation a pu libérer toute sa force, parce que les hommes et les femmes de nos deux pays ont acquis une ferme conviction : celle que les "Israéliens" et les "Palestiniens" n'auront plus jamais le droit de se forger une image artificielle d'ennemis. "Israéliens et Palestiniens" ne doivent plus jamais se faire de mal. Car une confrontation ne connaît que des perdants. Mais une coopération ne connaît que des vainqueurs. »
« Ensemble nous faisons face à notre histoire. Cette histoire, depuis des siècles, nous unit, les "Palestiniens" et les "Israéliens", que ce soit dans les épisodes heureux ou malheureux », ajouta Yitzhak Rabin en donnant une tape amicale sur l'épaule de Yasser Arafat.
Se tenant la main comme le firent, il y a quelques années, l'ancien président français François Mitterrand et l'ex-chancelier allemand Helmut Kohl, ils reprirent d'une seule voix les mots que le Général de Gaulle adressa jadis au chancelier Adenauer. Des mots qui n'ont pas vieilli, et qui restent toujours d'actualité aussi bien en Europe qu'au Moyen-Orient : « Sans rien oublier du passé, nos deux peuples ont décidé de regarder ensemble vers l'avenir. »
Et comme toute chose a une fin, même dans l'autre monde, il faut revenir à la dure réalité. Jetant un coup d'œil sur notre bonne vieille terre, espérant trouver quelqu'un, de part ou d'autre, pour relayer ce message de paix, ils ne retrouvèrent que Benjamin Netanyahu, Khaled Mechaal et Hassan Nasrallah, des dirigeants qui n'utilisent guère des termes comme « réconciliation, amitié ou paix » dans leur riche vocabulaire de guerre.
Ils décidèrent alors de renvoyer aux calendes grecques leur initiative chimérique, puisque au Moyen-Orient, malheureusement, le bruit des bottes est toujours plus fort que le roucoulement des colombes.
Assis l'un à côté de l'autre, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin regardaient abasourdis, de l'autre monde, sur leur petit écran, les cérémonies commémorant l'armistice de la guerre 1914-1918 qui ont eu lieu le 11 novembre à Paris en présence de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français...
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