À travers une étude sémiologique des gestes et de la parole, le présent ouvrage, richement documenté, analyse les rapports des deux sexes et la révélation de leur identité respective. Tout en soulignant que Carmen Boustani a déjà un bon parcours littéraire où elle parle de la femme. On se place d'emblée sous l'égide de Sigmund Freud en empruntant, dès l'introduction, cette citation fort éclairante du projet : « Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre constate que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. Celui dont les lèvres se taisent, bavarde avec le bout de ses doigts. Il se trahit par tous les pores. »...
Ainsi donc, voix et gestes sont des signes indicateurs d'une nature humaine...À travers ce prisme, Carmen Boustani place devant ses yeux et sur sa table de travail des romans d'expression française (d'un écrivain homme et d'un écrivain femme) de l'Afrique, des Antilles, du Maghreb, du Liban, de l'Égypte, du Québec, de la Belgique et de France.
Les romans en lice, pour cette étude et ce « dépeçage » littéraire, sont : Le silence du diable de Leslie Kaplan, La fête à Venise de Philippe Sollers, Le rendez-vous de Françoise Collin, L'Inde ou l'Amérique de Pierre Mertens, La mémoria de Louise Dupré, L'hiver de force de Réjean Ducharme, Le message d'Andrée Chedid, Le rocher de Tanios d'Amin Maalouf, Ma mère a un amant de Calixte Beyala, Les soleils des indépendants d'Ahmadou Kourouma, Solibo magnifique de Patrick Chamoiseau, Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simon Scwartz-Bart, La nuit sacrée de Tahar ben Jelloun, N'zid de Malika Mokedem, La mamelouka de Robert Solé et Ramza d'Out el-Kouloub.
Une riche palette de textes pour décortiquer ce que voix et gestes révèlent, non seulement du côté de la parité femme-homme, mais aussi des us et coutumes des sociétés où cette même parité a des attitudes, des comportements et des rôles différents...
Le mot de la fin est à l'auteur, qui conclut son ouvrage en ces termes : « Si ce livre est l'aboutissement d'une réflexion sur la place que joue le féminin aujourd'hui par rapport au masculin sur le plan de la gestualité et de l'oralité, il prend aussi en compte des enjeux différents, du fait de l'appartenance des romanciers et des romancières à différentes cultures. Les résultats varient entre l'interprétation et l'ouverture. On ne peut pas parler d'un équilibre subtil entre féminité influente et virilité dominante ; la différence entre les sexes se vérifie comme une construction sociale en perpétuel renouvellement, sensible aux changements politiques, économiques et culturels. »
* Signature ce soir à 20h00 au stand Le Point.
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