Rechercher
Rechercher

CD, DVD - Un peu plus de...

Tradition et rituels

Les Libanais aiment les rituels, cet ensemble de règles et d'habitudes fixées par la tradition ou la convention. Ils en raffolent même. Ces petites habitudes du quotidien doivent sans doute les rassurer. Quelque part, ces addictions et ces manies les réconfortent. Tellement ancrés dans la tradition et les traditions, les Libanais oublient parfois leur(s) propre(s) intérêt(s). « On doit se marier. » Et malgré toutes les recommandations, les avertissements et les échecs autour de nous, on se marie. On s'endette jusqu'au cou pour offrir aux invités qui n'en rateront pas une de critiquer, une espèce de buffet gargantuesque qui croule sous les crevettes sauce cocktail et autres fontaines au chocolat. On s'endette pour faire de ce jour soi-disant le plus beau d'une vie la célébration ultime ; on s'entoure de petits pages, de curés, de cheikhs, de chanteurs, de serveurs, d'une zaffé et de gens qui en ont pour la plupart d'entre eux, rien à cirer. On fait pareil quand un enfant arrive. Du méghlé, des cadeaux de naissance, des chocolats et des dragées. On reçoit des gens aux sourires béats devant la progéniture tant attendue. Des gens qui viennent parfois par « wejbet ». Parce qu'ils sont amis avec la mère de votre mari. Ces « wejbet » qui accompagnent chacun d'entre nous. Des anniversaires d'enfants aux condoléances en passant par les baptêmes, les Libanais sont soumis presque quotidiennement à ces obligations sociales. Et oui, la tradition ça a du bon. Le socializing aussi. Lors de ces rendez-vous, les Libanais se retrouvent, papotent, voient et sont vus. C'est qu'un salon d'église bourré à craquer de gens en noir est tout ce qu'il y a de plus glam. On se pare de ses plus beaux atours, on chausse ses Louboutins, on attrape son sac Chanel et on sort sa dentelle. Tant qu'on est en noir, tout est permis. Malheureusement. En minijupe, en décolleté, en f*** me shoes, rien n'est assez beau pour parader à des condoléances... Malgré tous ces impératifs infligés (ou pas) par la société, les Libanais aiment aussi s'imposer des rituels. Et allez comprendre pourquoi. Pourquoi, alors qu'ils pourraient se laisser aller à la spontanéité, aux imprévus, laisser le hasard faire les choses, les coïncidences leur tomber dessus, de nombreux Libanais préfèrent s'accrocher à leurs petites manies. Programme ABC en famille le samedi. Parties de cartes les lundis ou les mardis soirs. Poker ou quatorze. Cinéma en cours de semaine. Et le plus étrange de tous, déjeuners unisexes. Ce phénomène social est assez surprenant. À l'heure du déjeuner, les femmes, oisives ou pas, mères de famille ou pas, businesswomen ou pas, desperate housewives ou pas, adorent se retrouver entre elles. À quinze, ou même à vingt... 13h30. Les restaurants branchés du pays accueillent des flopées de bonnes femmes sur leur 31, piaillant fort, broutant de la salade et ne buvant que de l'eau. Ces tablées de pimbêches de tous les âges sont devenues les valeurs sûres du So, du Balima, de Paul, du Cocteau ou du Balthus. Et c'est idem pour les hommes, qui préfèrent eux aussi se retrouver entre eux. Pour parler boulot paraît-il. Peut-être parce que les femmes ne travaillent pas, elles. C'est peut-être d'ailleurs pour ça que les hommes libanais ne laissent jamais les femmes payer. Une habitude inexpliquée et inexplicable que tout le monde trouve normale. « Ana el-rejjél ». Galanterie mal placée. La différentiation des sexes au Liban ne s'est pas arrêtée à l'âge de 4 ans. C'est un concept purement libanais et tellement tendance, que même lors des dîners mondains indoor, les hommes se mettent d'un côté et les femmes de l'autre. Une sorte d'autoségrégation que les deux clans s'imposent. Sauf pour les quelques électrons libres qui trainent la patte d'un salon à l'autre dans l'espoir de trouver un partenaire de l'autre sexe avec qui avoir un brin de conversation. Ça parle politique d'un côté, gosses de l'autre. Allez trouver un interlocuteur intéressant dans ce genre de dîner où bien sûr vous n'avez pas été les mains vides. Une autre habitude bien de chez nous. On n'entre ni on ne sort les mains vides au Liban. Demandez-le à vos enfants, ils sauront de quoi je parle. Qui est ce crétin qui a eu l'intelligente idée d'inventer le cadeau de retour ? Cette sale habitude qui rend désagréables tous les enfants en fin de goûters d'anniversaires. Qui les pourrit en leur faisant croire que dans la vie tout est donnant donnant. On a définitivement de sales manies. Mais ce sont les nôtres.
Les Libanais aiment les rituels, cet ensemble de règles et d'habitudes fixées par la tradition ou la convention. Ils en raffolent même. Ces petites habitudes du quotidien doivent sans doute les rassurer. Quelque part, ces addictions et ces manies les réconfortent. Tellement ancrés dans la tradition et les traditions, les Libanais oublient parfois...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut