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Économie - Énergie

Encore des embûches en vue pour conclure les accords sino-russes

Les accords énergétiques sino-russes, annoncés à grand fracas, n'ont fait que confirmer des protocoles en discussions depuis des années et laissent encore en suspens de nombreuses questions, notamment celle des prix.

Pour sa première visite à Pékin en tant que Premier ministre, Vladimir Poutine a semblé remporter deux jolis contrats dans le domaine énergétique, selon les déclarations faites mardi.
Un accord-cadre entre Gazprom et China National Petroleum Corporation (CNPC) prévoit des livraisons de gaz russe à la Chine de quelque 70 milliards de mètres cubes par an, selon le patron de Gazprom Alexeï Miller.
Le deuxième accord, entre Rosneft et CNPC, porte sur une coentreprise dans le domaine du raffinage et de la distribution.
Les mêmes, à quelques détails près, que ceux annoncés en 2006 par un prédécesseur de Poutine, Mikhaïl Fradkov, relèvent des experts.
Salué par ses promoteurs comme une avancée importante dans la coopération bilatérale, l'accord sur les livraisons de gaz n'est pourtant toujours pas gravé dans le marbre.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu de la part de Gazprom, ni de Rosneft.
Mais dès mardi soir, le président de CNPC Jiang Jiemin, commentant l'accord avec Gazprom, affirmait que les deux compagnies ne s'étaient toujours pas entendues sur le volume du gaz livré chaque année, selon l'agence Dow Jones Newswire.
Le vice-président russe Igor Sechin reconnaissait lui que l'épineuse question des prix restait en suspens. Selon lui, elle devrait être tranchée « début 2010 », le contrat définitif pourrait être signé en juin et les livraisons commencer en 2014-2015.
« Cela fait plus de dix ans que ce contrat est discuté et il n'est toujours pas bouclé, puisque le prix n'est pas décidé et qu'il y a de nombreuses incertitudes liées à la piètre façon dont la Russie honore certains contrats », a commenté Ren Xianfang, analyste de IHS Global insight.
Dernier obstacle, selon Chris Weafer, stratégiste d'Uralsib à Moscou : la nécessité pour Gazprom d'arriver à fournir à la Chine, soucieuse de sécurité énergétique, un dépôt de gaz en Russie, à son usage exclusif.
Pékin « ne veut pas partager et être dans la même position que les Européens par deux fois depuis 2006, quand une dispute avec un pays tiers a coupé leur approvisionnement », écrit-il dans une note.
Pour l'instant, « avec cet accord, on prend les rêves pour des réalités, et avant d'en arriver à la réalité, le chemin de la coopération sera très difficile », conclut donc Evguéni Volk, de l'Heritage Fondation à Moscou.
« La signature était un événement de cérémonie lié à la visite de Poutine » et visait « à montrer que politiquement, on est décidé », ajoute-t-il.
Pour les experts, Pékin et Moscou ont en effet voulu donner une impulsion politique à leur coopération dans ce domaine, l'un pour s'affranchir de ses traditionnels clients européens, l'autre pour poursuivre sa quête d'approvisionnements diversifiés.
Avec ces livraisons à la Chine, « Gazprom s'éloignerait de sa grande dépendance à la demande européenne, ce qui pourrait accroître son pouvoir de négociation », souligne UniCredit Bank dans une note.
« Ce qui a déclenché les accords maintenant, ce sont manifestement les difficultés économiques de la Russie, notamment face à la baisse de la demande européenne », estime aussi Ren Xianfang.
Le gouvernement chinois, de son côté, « veut simplement s'assurer des ressources suffisantes de gaz et pétrole avec ces accords », affirme Xia Yishan, du China Institute of International Studies.
Une relation mutuellement bénéfique donc pour les deux capitales.
« Cependant, les premières préoccupations des entreprises sont les bénéfices. Il leur est difficile de conclure des accords défavorables, même si les gouvernements les ont signés », relève Xia Yishan.
Pour sa première visite à Pékin en tant que Premier ministre, Vladimir Poutine a semblé remporter deux jolis contrats dans le domaine énergétique, selon les déclarations faites mardi.Un accord-cadre entre Gazprom et China National Petroleum Corporation (CNPC) prévoit des livraisons de gaz russe à la Chine de quelque 70...

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