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Culture - Exposition

Le bestiaire enchanté et enchanteur de Hussein Madi

Quarante et une sculptures en fer travaillé (une seulement est en bois) de Hussein Madi ornent jusqu'au 30 octobre courant la galerie Aïda Cherfane au centre-ville. Un bestiaire enchanteur et enchanté où voisinent chats hérissés et taureaux cabrés, coqs à crête droite et oiseaux échappés de jardins oubliés, mais aussi un joueur de oud, une femme debout et un buste féminin avec des cheveux annelés...
Peut-être est-ce du déjà-vu chez cet artiste talentueux, mais c'est certainement un art qui interpelle et se renouvelle avec la fraîcheur d'une eau de source... La ronde de cette ménagerie enchanteresse et ludique commence dès le trottoir qui mène à la galerie Aïda Cherfane où passants et visiteurs sont accostés par une faune « sculptée » interlope, où le joueur de oud à tarbouche fait sa sérénade muette, tandis que se pavane un coq noir tentant d'échapper à la masse d'un sombre taureau qui risque bien de défoncer la devanture...
Accueil en tons noir, rouge et marron pour cette exposition qui donne à voir avec poésie, humour, tendresse et un sens esthétique aigu des œuvres d'une grande beauté plastique.
Tout d'abord, cette nuée d'oiseaux en bas-relief...
Fendant le ciel en vol serré ou groupée en rosaces d'église, cette flopée de volatiles aux ailes déployées a quelque chose d'absolument impressionnant dans ses timbres mordorés, sourdement cuivrés .
Il y a aussi ce chat noir à moustache, à la silhouette souple. On dirait un dangereux félin aux aguets, fier comme Artaban. Ou cet autre chat hérissé comme tous les carnassiers en danger ou en position d'attaque...
Amusants sont ces coqs (en noir, bleu, rouge, marron) qui n'en finissent pas de chanter et de gonfler leur plumage pour d'improbables batailles ou de secrètes séductions...
Cabrés, cornes en avant, dressés sur les jarrets aux muscles tendus, naseaux fumants, les taureaux sont en représentation d'arène. Arènes invisibles où, tout en évitant banderilles, passe de cape ou de muleta, pleuvent les hourras et les vivats...
Sans être profondément ornithologue, on dénombre de drôles d'oiseaux dans cette volière caquetante et roucoulante comme dans un film muet, légèrement encombrée, où souffle quand même un vent de liberté et de fantaisie...
Pour parler de fantaisie, rien ne l'illustre mieux que cette gigantesque pomme rouge (de quoi faire mourir de jalousie la sorcière qui a empoisonné la douce Blanche-Neige) jusque dans ses larges feuilles qui ont la grandeur d'un insolent arbuste de jungle tropicale...
On n'oublie pas au passage ce cavalier caracolant en parfait équilibre sur un cheval fessu avec des pattes cognant les étoiles...
Pour superviser ce monde bigarré et hétéroclite, un
gardien...
Personne ne ferme à clef ce pseudozoo où batifole en toute candeur une faune étrange dans ses associations tout comme les rêves de beauté qui hantent certains de ses personnages princiers ou
hiératiques.
Demeure surtout le talent d'un artiste qui sait plier le fer de sa volonté à ses désirs plasticiens. Mais aussi à ses rêves les plus insaisissables.
Voilà un imaginaire d'une décapante modernité, concrétisé comme un art primitif par des courbes tendres, la sensualité du mouvement, le tranchant des aspérités, un certain humour et un sens percutant dans l'emploi parcimonieux, net et monochrome des
couleurs.
Peut-être est-ce du déjà-vu chez cet artiste talentueux, mais c'est certainement un art qui interpelle et se renouvelle avec la fraîcheur d'une eau de source... La ronde de cette ménagerie enchanteresse et ludique commence dès le trottoir qui mène à la galerie Aïda Cherfane où passants et visiteurs sont accostés...

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