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Lifestyle - Hotte d'or

Mon beau Roman, ma sale histoire

10h15, réveil en sursaut, en sueur, en colère. 10h40, première bouteille de Veuve Clicquot ouverte puis bue comme une noyée laperait l'oxygène après une apnée involontaire et interminable : goulument. 10h50, première crise de larmes. 10h55, Louisa ouvre la deuxième bouteille de bulles. 11h20, la troisième. 11h22, je suis triste, triste, triste. 11h25, je suce mon pouce, je suis dévastée. 11h40, la quatrième bouteille n'est plus qu'un cadavre qui me nargue de toute la méchanceté de sa bande orange et je décapite moi-même la cinquième dans un grand jaillissement d'écume. 11h45, je repasse Répulsion pour la troisième fois en 24 heures avec les images hallucinées de Catherine Deneuve filmée à ras les rétines et de John Fraser. 12h10, j'appelle mon dealer de champagne, la sixième bouteille est morte, Barbe Nicole de Ponsardin ricane pendant que je m'épuise à enlever les petits barbelés de la septième. 12h15, je hoquette. 12h20, j'appelle, entre deux lampées, l'ambassadeur de Suisse à Beyrouth, l'excellent François Barras, je lui dis que je pense vendre mon manoir de Gstaad et boycotter définitivement le gruyère de Fribourg, la Tête de moine jurassienne et le Toblerone, mais ma Margot, il faut se calmer, laissez-moi vous expliquer... 12h39, je l'écoute en pleurant. 12h40, je jette ma flûte Bruno Evrard contre le mur, elle se fracasse en seize morceaux, j'achève la huitième bouteille au goulot. 13h00, je relis, morte de soif, Corneille, je veux comprendre le sens exact du mot dilemme. 13h20, je chasse Louisa de mon lit à coups de Manolo Blahnik au visage, cette sotte voulait me proposer de manger quelque chose, mais madame Margot, j'ai fait un consommé de queues d'écrevisse que vous adorez, et je fais envoyer un fax à Emmanuelle Seigner : De tout cœur avec toi. 14h00, en chantant du Haïfa Wehbé à tue-tête, je réfléchis, je médite sur l'ingratitude humaine, j'aime mon Roman de toutes mes fibres, c'est un de mes plus vieux amis, il m'avait demandé de faire de la figuration dans son Bal des vampires en 1967, je lui avais ri au nez, et nous avions été boire et rire jusqu'au matin dans ce petit restaurant russe de New York qu'il adorait, mais en même temps, la justice doit être la même pour tous, je l'exige, je suis sûre qu'on le relâchera (galbak thalj, galbi nar), il n'y a pas eu viol, ce juge californien est un âne bâté, un mulet hystérique et mono-obsessionnel, même l'ex-petite de 13 ans veut que la page soit tournée (bouss el-wawa), elle répète constamment qu'elle a pardonné, je deviens folle, je mélange les paroles de Haïfa Wehbé avec celles d'Édith Piaf, il faut que je me repose. 14h30, j'ingurgite mon troisième café à la cardamome et au grain de Ponsardin en rédigeant un courriel collectif à Isabelle Adjani, Josiane Balasko, Adrian Brody, Pierce Brosnan, Kim Cattrall, Peter Coyote, Catherine Deneuve, Johnny Depp, Faye Dunaway, Mia Farrow, Harrison Ford, Hugh Grant, Ben Kingsley, Nastassja Kinski, Ewan McGregor, Jack Nicholson, Lena Olin, Kristin Scott-Thomas et Sigourney Weaver. Nous allons terroriser ce juge idiot en expliquant à notre Polanski d'amour qu'il faut qu'il affronte son passé quel qu'il soit. Ils sont tous d'accord, nous serons pires que Greenpeace. 15h00, je m'endors enfin, un peu rassurée, je souris même d'une ou de deux dents, miam miam.

margueritek@live.com
10h15, réveil en sursaut, en sueur, en colère. 10h40, première bouteille de Veuve Clicquot ouverte puis bue comme une noyée laperait l'oxygène après une apnée involontaire et interminable : goulument. 10h50, première crise de larmes. 10h55, Louisa ouvre la deuxième bouteille de bulles. 11h20, la troisième....

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