Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Rencontre

F. F. Coppola, ce jeune cinéaste à la barbe blanche

Malgré un retard dû à des problèmes de vol (des raisons incertaines), Francis Ford Coppola est arrivé souriant à l'hôtel Albergo où la presse l'attendait de pied ferme. Tout de blanc vêtu avec son panama blanc sur la tête, il s'est excusé de n'avoir pas eu le temps de prendre un bain. Qu'importe ! Ce n'est pas tous le jours que le Liban accueille un grand cinéaste.

Il y a quelques mois, il est allé à Cannes comme un simple débutant présenter son film Tetro à la Quinzaine des réalisateurs. Les organisateurs du Festival lui ayant proposé de projeter son film dans la sélection officielle, en séance spéciale, le cinéaste avait refusé arguant qu'il ne se voyait pas monter les marches en smoking pour le présenter. Trente ans après Apocalypse Now, les exigences du Festival n'avaient pas changé. Loin des paillettes et des strass, M. Coppola a alors choisi l'intimisme du cinéma d'auteur comme écrin à Tetro. « C'est un film indépendant, produit en dehors des studios et, finalement, il convenait bien mieux à la Quinzaine », avait-il dit.

Une écriture personnelle
Aujourd'hui, après la Croisette, au Liban, et plus particulièrement au Festival international du film de Beyrouth où le metteur en scène américain présente Tetro pour l'ouverture du BIFF, Francis Ford Coppola réitère les mêmes mots : « Mon film est une œuvre très personnelle. »
Est-ce bien nécessaire de présenter ce cinéaste aux yeux pétillants derrières ses lunettes rondes et qui porte superbement sa barbe blanche ? Francis Ford Coppola, l'une des grandes figures émergentes des années 70-80, à savoir Lucas, Spielberg, Scorsese et De Palma. Loué et adulé pour The Godfather et Apocalypse Now, on lui oublie pourtant des œuvres sublimes comme Youth Without Youth ou Cotton Club. Il est aussi, à partir de 2000, le héros dans l'ombre puisqu'il revêt la casquette de producteur pour de nombreux films, notamment Sleepy Hollow de Tim Burton, Virgin Suicides, Marie-Antoinette ou Lost in Translation qui portent la patte de sa fille, Sophia Coppola, qu'il qualifie de poète.

Des craintes et des espoirs
Dans la saga Coppola, tout le monde est dans le milieu. « Il y a Roman et Sophia », dit-il avec fierté, et ses yeux brillent quand il parle de ses enfants qui lui apprennent tant. « Mes yeux sont ouverts à tout », ajoute-t-il mais il y a aussi la sœur, Talia Shire (Rocky) « que j'adore » et le neveu, Nicolas Cage. Au cours de cette rencontre à l'allure de badinage - ce grand artiste est si élégant et tellement généreux - FF Coppola évoque ses débuts : « J'étais pauvre quand je me suis marié, mais le mariage m'a porté chance, alors je conseille aux jeunes gens de se marier. » Il parle de ses craintes pour l'avenir de l'art cinématographique. Il aborde aussi le cinéma qui l'a influencé, stimulé, notamment celui d'Elia Kazan et de certains jeunes de la nouvelle génération qui l'étonnent, car ce sont de vrais artistes. Le cinéma doit être multiple, ajoute-t-il. Ce grand dinosaure assume même ses flops. « J'en ai beaucoup », dit-il modestement.
Aujourd'hui dans Tetro, film en noir et blanc à l'esthétique visuelle bien léchée et bien lisse, on voit Benjamin (Aldin Ehrenreich et véritable sosie de Leonardo diCaprio), venu à Buenos Aires pour retrouver son frère (formidable Vincent Gallo). Les retrouvailles avec ce frère, parti un jour sans laisser d'adresse, vont faire remonter à la surface des secrets de famille et ouvrir des blessures. Coppola n'a fait que répéter à la presse qu'« aucun des événements de Tetro n'est arrivé, mais que tout est vrai ». On ne peut donc s'empêcher de renvoyer certaines circonstances à la biographie du réalisateur et surtout à cette musique dans laquelle il a baigné.
Dans ce film hors temps, tourné en Argentine, ce qui lui donne ce côté passéiste, mais en numérique, ce qui lui confère cette modernité ; à la mise en scène « un peu traditionnelle, avoue le cinéaste, car la caméra ne bouge pas comme dans les films contemporains », il est question de secrets de famille mais aussi de bien et de mal, de lumière parfois autodestructrice.
Celui qui n'avait pas écrit de scénario original depuis Conversation secrète en 1974, s'est dit content d'écrire et « ravi de réapprendre l'écriture même si elle est parfois extravagante et baroque et non minimaliste, comme ma fille Sophia. C'est à travers ce film qu'il repousse les fantômes de Hollywood, « cette grande usine à films », aussi loin que possible et qu'il redécouvre les joies simples d'un metteur en scène... D'un homme qui exerce l'art de filmer.
Malgré un retard dû à des problèmes de vol (des raisons incertaines), Francis Ford Coppola est arrivé souriant à l'hôtel Albergo où la presse l'attendait de pied ferme. Tout de blanc vêtu avec son panama blanc sur la tête, il s'est excusé de n'avoir pas eu le temps de prendre un bain. Qu'importe ! Ce n'est...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut