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Santé - Oncologie

Cancer du sein : « Il est temps » de se faire dépister

La huitième campagne nationale de sensibilisation au cancer du sein a été lancée le 1er octobre avec pour message l'importance du dépistage précoce pour sauver la vie. Mais aussi l'importance de répéter la mammographie chaque année, même si aucune tumeur n'est détectée.

« Je suis une femme ambitieuse. J'aime la vie. Je me suis mariée à l'âge de 25 ans et j'ai eu mon premier enfant à 28 ans. J'ai poursuivi mes études et j'ai décroché un diplôme en médecine. Je suis le Dr..., euh, peu importe. Aujourd'hui, j'ai 45 ans. Dans le cadre de ma spécialisation, je suis toujours à la page des dossiers scientifiques. Malgré cela, je n'ai jamais pensé faire une mammographie. Nous croyons toujours à tort que les malheurs n'arrivent qu'aux autres. Il ne nous effleure jamais à l'esprit qu'un jour, nous pourrons être les héros de l'une de ces histoires. »
D'une voix calme et tremblotante, elle poursuit : « Dans ma famille, nous n'avons pas une histoire familiale de cancer du sein. Personnellement, j'ai eu mes enfants tôt. Je suis bien. Tout allait bien... jusqu'au jour où j'ai senti une douleur au sein. J'ai alors fait ma première mammographie. J'avais 43 ans. On a diagnostiqué une inflammation. Mon médecin m'a rassurée et m'a donné un traitement antibiotique. Une semaine plus tard, la douleur était toujours là, lancinante. J'ai fait une échographie et une biopsie. Le diagnostic était clair. Je souffrais de "cette maladie". C'est étrange. Pourquoi on l'appelle "cette maladie" ? Pourtant il ne s'agit pas d'une maladie contagieuse. Pourquoi n'avons-nous  pas honte de dire que nous avons le diabète, mais nous avons peur de dire que nous avons le cancer ? C'est étrange. Vous avez même remarqué que je n'ai pas dit mon nom. Je ne l'ai pas fait parce que j'ai peur. Nous sommes à la veille de 2010... et nous avons toujours peur du regard que pose la société sur nous. Du qu'en dira-t-on. Nous avons peur, tout simplement. Bref. J'ai été diagnostiquée avec un cancer du sein, qui a atteint les glandes lymphatiques. Le médecin m'a dit qu'il allait devoir faire une mastectomie. J'avais peur d'être défigurée. Mais le médecin m'a rassurée en me disant qu'on allait me poser une prothèse mammaire. »
La période qui a suivi la chirurgie a été la plus difficile. « Il m'est difficile de décrire la première séance de chimiothérapie. C'était l'enfer. Nausées, sautes d'humeur, bouffées de chaleur, prise de poids et bien sûr... perte de cheveux. Mais avant que je ne les perde à la sixième séance de chimiothérapie, je les ai fait couper et j'en ai fait une perruque... Et je me suis préparée à la bataille. Une bataille composée de huit séances de chimiothérapie, de plusieurs autres de radiothérapie et d'un traitement biologique ciblé sur une période de deux ans. Mais grâce à mon travail, à l'espoir, au soutien de ma famille et de mes amis, j'ai vaincu la maladie. Et je conseille à toute femme d'être vigilante et de faire en sorte que le cancer du sein soit dépisté à un stade précoce. »
L'histoire est vraie. Mais la personne qui l'a racontée d'une manière sincère et d'une voix émue n'est pas la patiente. Un léger sourire s'esquisse sur ses lèvres. Elle ajoute : « Je m'appelle Carmen Lebbos. Je suis une actrice. Je tairai mon âge. Je ne suis pas fière de moi. Mais lorsque j'ai été sollicitée pour présenter ce cas et que je me suis informée sur le cancer du sein, j'ai constaté que je ne blâme pas une femme qui n'a pas été faire sa mammographie. Personnellement, je ne l'ai fait qu'une seule fois dans ma vie. Mais lundi (hier), j'ai décidé de faire ma seconde mammographie. J'invite toute femme, mariée ou pas, ayant une histoire familiale ou pas, jeune ou âgée, à ne pas négliger sa santé. Toute femme est à risque. Et c'est une maladie qui touche notre féminité. Faites vite avant qu'il ne soit trop tard. »

Une campagne de trois mois
C'est par ce témoignage émouvant d'une femme médecin qui a voulu garder l'anonymat et relaté par l'actrice Carmen Lebbos que la huitième campagne de sensibilisation au cancer du sein a été lancée le 1er octobre, au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue à l'hôtel Metropolitan. Ayant également cette année pour thème « Ana el-awan », ou « Il est temps » de se faire dépister, la campagne est organisée par les laboratoires Hoffmann-La Roche, en partenariat avec le ministère de la Santé, en coopération avec la Société libanaise d'oncologie, la Société libanaise de radiologie, la Société libanaise d'oncologie-obstétrique et l'Union libanaise contre le cancer, et avec le soutien de l'ordre des médecins et des ONG, notamment la Fondation May Jallad et Faire face.
Cette année, la campagne ne se limitera pas au mois d'octobre, mais se poursuivra jusqu'à la fin du mois de décembre. Durant cette période, la mammographie sera gratuite dans 22 hôpitaux gouvernementaux et se fera au prix de 40 000 LL dans 73 hôpitaux privés et 47 centres de radiologie.
Le message ? Il est simple. Véhiculé depuis huit ans déjà, il invite les femmes à effectuer la mammographie à partir de 40 ans s'il n'y a pas une histoire familiale et plus tôt, dans le cas contraire, parce que le dépistage précoce sauve la vie. Mais le plus important, c'est de répéter cet examen chaque année, même si aucune masse n'a été détectée.
Le ministre de la Santé, Mohammad Khalifé, a expliqué que la campagne a pour principal objectif de « protéger les femmes contre cette maladie qui représente 42 % des 7 300 nouveaux cas de cancer détectés chaque année au Liban ». Il a souligné que la timidité, l'ignorance et la situation pécuniaire demeurent les principaux obstacles qui empêchent les femmes de faire une mammographie, « sachant que les tiers payants publics et privés couvrent les frais de cet examen ».
Le président de l'ordre des médecins, Georges Aftimos, a quant à lui insisté à véhiculer un « message d'espoir », expliquant dans ce cadre qu'il y a trois décennies, la tumeur était détectée à des stades avancés. Aujourd'hui, grâce aux technologies de pointe et au degré d'éveil, les tumeurs sont détectées à leur début. « De plus, grâce aux nouveaux traitements, il est devenu possible de réguler la maladie, même si elle est à un stade avancé, comme toute autre maladie chronique. »
De son côté, le Dr Salim Adib, chef du département de santé publique et coordinateur du programme de médecine de famille à l'Université Saint-Joseph, a rappelé les grandes lignes de la campagne. Il a expliqué qu'une étude d'évaluation de la campagne nationale menée en 2008 sur un échantillon de 2 400 femmes dans les différents mohafazats a montré une faible augmentation du taux de femmes qui se font dépister. La majorité d'entre elles (20 à 30 %) est dans le Grand Beyrouth. « Mais ce qui est important, c'est que 50 % des femmes le font pour la première fois, insiste le Dr Adib. Ce qui signifie que la campagne est en train de recruter de nouvelles candidates. »
Il a enfin remarqué que seules 25 % des femmes libanaises ont recours à la mammographie annuelle. « Nous sommes encore loin du taux atteint en Europe de l'Ouest et aux États-Unis, où 80 à 90 % des femmes ne ratent pas leur rendez-vous annuel, constate-t-il. Par ailleurs, la majorité des femmes qui se font dépister est âgés entre 40 et 60 ans. Malheureusement, nous n'arrivons pas à faire parvenir le message aux femmes âgées de plus de 60 ans. Ces femmes risquent elles aussi de développer un cancer du sein et elles ont le droit de dépister la maladie à un stade précoce. Parce que la soixantaine n'est pas la fin d'une vie ni la fin de la vie d'une femme. »
Le directeur de Hoffmann-La Roche au Liban, Abdel Rahman Sabra, a pour sa part insisté sur le rôle du ministère de la Santé dans cette campagne, ce qui nous a permis de transmettre le message aux femmes situées dans les régions lointaines.
Pour de plus amples informations, une ligne verte est mise à la disposition de toute femme au 03/871178. Vous pouvez également visiter les sites :
www.public-health.com.lb et www.roche-arabia.com/BCAC
« Je suis une femme ambitieuse. J'aime la vie. Je me suis mariée à l'âge de 25 ans et j'ai eu mon premier enfant à 28 ans. J'ai poursuivi mes études et j'ai décroché un diplôme en médecine. Je suis le Dr..., euh, peu importe. Aujourd'hui, j'ai 45 ans. Dans le cadre de ma spécialisation, je suis toujours à...

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