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Culture

Les «Byzantines» de Martine Cieutat, de fil en aiguille

Des fragments de vie tissés avec des fils d'émotion, voilà ce que présente Martine Cieutat avec ses « Byzantines », à la salle d'exposition du CCF jusqu'au10 octobre.
Ce n'est pas étonnant qu'elle ait baptisé son exposition « Mes Byzantines », car les figurines (plus d'une trentaine) de 80 cm de hauteur, en bois, peintes à la tempera, vêtues de collections vestimentaires miniatures, de Martine Cieutat sont le substrat d'une vie. Ces femmes debout, au regard fixe, telles des personnages d'icônes - j'ai d'ailleurs collaboré avec un iconographe dit-elle -, ont accompagné l'artiste tout au long de son parcours. Des Pyrénées jusqu'au vieux Damas, où elle est actuellement installée, en passant par l'Afrique, Martine Cieutat fait dialoguer les femmes de son enfance avec celles qu'elle a rencontrées plus tard ou croisées et écoutées. Sur fond de bâches photographiées et brodées de grand format (1,80 x 0,70 m) et lestées d'anneaux de verre, soufflé par des souffleurs de verre syriens, ces silhouettes élégantes portant vêtements somptueux et ornements célèbrent la féminité. « Par ce travail qui a nécessité deux ans, mais par lequel je me suis sentie apaisée, j'ai voulu rendre hommage à la femme non seulement orientale, mais universelle. » En mélangeant l'histoire avec sa mémoire, Cieutat tisse les fils entre Orient et Occident, passé et présent, et ces fils qui se mêlent et s'enchevêtrent finissent par composer une trame de vie.

L'artisanat à l'honneur
Diplômée des arts décoratifs de Paris, Martine Cieutat vit et travaille en Syrie depuis 15 ans. Artiste plasticienne, elle a participé à plusieurs expositions en France et d'autres pays. Ses œuvres sont conservées dans des collections privées et publiques comme celle du musée du Design de Saint-Étienne ou de l'ambassade de France à Damas.
« Je travaille surtout le textile et l'abstrait, mais dans cette œuvre complète inspirée de la période glorieuse de Byzance et alliant photos, étoffes et sculptures, je tenais à ce qu'elle soit figurative pour illustrer toutes ces femmes qui ont existé et qui continuent d'exister pour moi. » Et de poursuivre : « Certaines ont disparu, c'est pourquoi j'ai ajouté comme un ex-voto métallique sur leurs visages, mais malgré leur absence, elles restent vivantes avec moi. D'ailleurs certaines expressions et certains noms imprimés sur tissu les identifient et les font connaître. Ainsi, les étoffes sont imprimées à la main par la technique de la sérigraphie et rebrodées par la suite. D'autre part, des photos de chaussures ou socks ramenées en France par un grand-oncle ont été recyclées en photos brodées, laissant voir comme des objets flottants de la mémoire.

Passé et présent conjugués
L'artiste travaille sur l'émotion et l'intuition, et les questions identitaires ne l'intéressent guère. « D'ailleurs, dit-elle, je ne me suis jamais sentie dépaysée au Moyen-Orient. »
À la fois réelles et virtuelles, ces quarante-neuf femmes, dont il reste trente-cinq, se scindent, se recoupent pour mieux se retrouver sur les tentures grand format. Rappelant les mosaïques de Ravenne et plus particulièrement les dames de la cour encadrant la princesse Théodora, épouse de l'empereur Justinien, elles ont l'allure lascive, raide et pourtant si élégante. Leurs traits bien marqués sur les figurines s'estompent sur les tentures, mettant en évidence le contraste réel et fictif. Mais dans cette posture debout, dans ces couleurs chaudes, couleurs de terre et de feu, c'est surtout leur courage et leur résistance au temps que Martine Cieutat a voulu magnifier. Uniques et multiples, une et démultipliées, les Byzantines de Martine Cieutat tissent le temps et exaltent la femme.
Organisée en collaboration avec le Centre culturel français de Damas, cette installation se déroulera jusqu'au 10 octobre pour voyager par la suite dans différentes localités du Liban. La salle d'exposition est ouverte du lundi au vendredi de 13h à 19h. Pour tout renseignement, appeler le 01/420232.
Ce n'est pas étonnant qu'elle ait baptisé son exposition « Mes Byzantines », car les figurines (plus d'une trentaine) de 80 cm de hauteur, en bois, peintes à la tempera, vêtues de collections vestimentaires miniatures, de Martine Cieutat sont le substrat d'une vie. Ces femmes debout, au regard fixe, telles des personnages...

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