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Affaire Clearstream : de Villepin attaque Sarkozy au premier jour du procès

L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a violemment attaqué le président Nicolas Sarkozy, lundi, à l'ouverture du procès Clearstream dont il est le principal accusé

et qui constitue le prolongement judiciaire d'une haine féroce entre les deux hommes.

"Je suis ici par la volonté d'un homme, je suis ici par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. J'en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français", a déclaré M. de Villepin, à son arrivée au Palais de justice.

Accusé d'avoir trempé dans une sombre machination pour déstabiliser Nicolas Sarkozy avant 2007, il a estimé que son "combat" est celui "de toutes celles et tous ceux qui se battent contre l'injustice, de toutes celles et tous ceux qui sont victimes de l'abus de pouvoir".

L'ex-Premier ministre a été très applaudi à son arrivée au tribunal, avant de s'asseoir sur le banc des prévenus. Il sera jugé dans la salle d'audience où fut condamnée à mort la reine Marie-Antoinette le 16 octobre 1793, un des épisodes marquants de la Révolution française.

Dominique de Villepin a plaidé d'emblée l'irrecevabilité de la plainte du chef de l'État, estimant que Nicolas Sarkozy ne pouvait être l'une des quarante parties civiles dans le dossier.

Le président est en effet assuré de l'immunité durant son mandat grâce à un article de la Constitution qui ne lui interdit pas toutefois de réclamer justice. Pour le camp Villepin, M. Sarkozy introduit devant le tribunal une "rupture du principe du procès équitable", parce que sa fonction pèse sur les débats et parce qu'il ne peut pas, de son côté, être poursuivi.

"Nous voulons être jugés équitablement", a demandé un des avocats, Me Henri Leclerc.

Nicolas Sarkozy est "une partie civile comme les autres et M. de Villepin un prévenu comme les autres", lui a répondu l'avocat du chef de l'État, Me Thierry Herzog, qui le représentera pendant les débats.

La cour ne se prononcera sur cette question qu'à l'issue du procès, dans son délibéré.

Le tribunal correctionnel se donne jusqu'au 23 octobre pour tenter de savoir qui a falsifié des listings bancaires accusant de corruption près de 200 personnalités du monde politique et industriel, dont Nicolas Sarkozy.

Le but de cette manipulation très complexe, qui remonte à 2003, était de discréditer ces faux détenteurs de comptes auprès de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream, en les faisant passer pour des bénéficiaires de pots-de-vins versés au moment d'une vente d'armements à Taïwan en 1991.

Un juge qui enquêtait sur ces faits de corruption avait reçu les listings, expédiés anonymement. Puis une enquête pour dénonciation calomnieuse avait été ouverte.

Nicolas Sarkozy est à l'époque ministre dans le même gouvernement que Dominique de Villepin, avec qui il est engagé dans une lutte sans pitié pour succéder à Jacques Chirac en 2007.

Pour M. Sarkozy, le rajout de son nom vise à le "salir" auprès de l'opinion publique afin de lui barrer la route de l'Élysée. Il soupçonne son rival et fait alors le voeu de "pendre à un croc de boucher" l'auteur de cette déstabilisation, selon des propos qui lui sont prêtés dans plusieurs livres.

Dominique de Villepin, inculpé de complicité de dénonciation calomnieuse et qui risque jusqu'à cinq ans de prison et des dizaines de milliers d'euros d'amende, nie toute implication dans cette falsification.

Devant le tribunal, il joue aussi son avenir politique. Malgré la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 et même s'il est aujourd'hui isolé politiquement, il n'a pas renoncé à ses ambitions présidentielles et à prendre sa revanche.


et qui constitue le prolongement judiciaire d'une haine féroce entre les deux hommes.
"Je suis ici par la volonté d'un homme, je suis ici par l'acharnement d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. J'en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français", a déclaré M. de Villepin, à...