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Liban - Société

Sécurité des plages : les défis de l’été prochain

150 morts noyés cet été au long des plages libanaises : relativement au nombre de baigneurs, ce chiffre est plus inquiétant encore que celui des morts de la route. Des mesures de sécurité doivent être prises à plusieurs niveaux par le gouvernement pour assurer la sécurité des baigneurs.
Pour assurer la sécurité des Libanais et des touristes, les autorités ne savent plus où donner de la tête. En cette fin d'été, le nombre des accidents est à la baisse, mais la saison a été particulièrement meurtrière. Nous avons consacré un dossier, il y a quelques semaines, aux ravages de l'insécurité routière à Beyrouth (voir L'Orient-Le Jour du 10/08/2009) : la grande quantité de touristes qui est arrivée au Liban pendant les grandes vacances, combinée au mauvais état des infrastructures et le non-respect du code de la route, avait provoqué un grand nombre d'accidents automobiles et poussé le ministère de l'Intérieur à mettre en place, au moins sur le papier, des mesures de répression sévères. Ces mêmes touristes, une fois descendus de leurs voitures, sont allés peupler les plages de Beyrouth, Byblos, Damour et d'autres zones balnéaires. Comme sur les routes, Libanais et touristes ne font pas grand cas des règles de sécurité et se mettent régulièrement en danger avec ceux qui les entourent.
En raison de la privatisation presque totale des plages, on ne sera pas surpris d'apprendre que le destin des baigneurs dépend, en grande partie... de leur portefeuille. Ceux qui ont les moyens de fréquenter les plages les plus huppées, c'est-à-dire les plus chères, auront à leur disposition des nageurs-sauveteurs expérimentés, payés pour les surveiller pendant toute la durée d'ouverture du site. Celui-ci aura d'ailleurs été choisi, sans doute, en raison de la qualité de la plage ou, à défaut, sera doté de piscines modernes et répondant à des normes de sécurité satisfaisantes. Cependant, le manque de régulation officielle dans ce domaine fait qu'il est impossible de faire entièrement confiance à ces dispositifs : les propriétaires des sites n'ont que des références officielles vagues auxquelles se conformer, et le contrôle est quasiment inexistant. En cas de problème, assure-t-on du côté des plages, il est toujours très facile de s'en tirer en déboursant régulièrement une petite somme ou en se faisant protéger par un ami haut placé.

Image de marque
Les gérants des grands complexes balnéaires n'ont pas intérêt à ce que des accidents se produisent sur leurs domaines, et ils ont les moyens financiers de mettre en place des structures sûres qui minimisent le danger. Ils peuvent également engager un nombre suffisant de nageurs-sauveteurs pour garantir une surveillance continue de toutes les zones à risque. « Ça fait partie de notre image de marque, explique le directeur adjoint d'un centre balnéaire très select situé au sud de Beyrouth. Les maîtres-nageurs sont là et les gens se sentent en sécurité. » Le rôle de ces sauveteurs est également de sensibiliser les baigneurs aux règles élémentaires de sécurité : ils veillent à ce que les plus jeunes ne courent pas au bord des piscines, mais expliquent également le rôle des bouées dans la délimitation des zones où on peut se baigner en mer.
Dans d'autres centres plage-piscine, le luxe de la sécurité n'est qu'une illusion. Les fonds ont été consacrés aux raffinements esthétiques des sites et, malgré une apparence de modernité, les piscines ne répondent pas aux normes essentielles de sécurité. Rebords des piscines fabriqués dans une matière trop glissante, distance trop courte entre les aires de détente et les piscines, plates-formes en béton surplombant une zone rocheuse de la mer, sans rambarde de sécurité : les lecteurs auront peut-être reconnu des plages qu'ils ont l'habitude de fréquenter autour de Beyrouth et dont le tarif d'accès semble pourtant garantir une meilleure qualité des infrastructures.

Responsabilités
C'est cependant sur les plages publiques que les dangers sont les plus grands. Certaines sont fermées au public lorsqu'une surveillance ne peut pas être assurée. Mais la plupart d'entre elles sont très faciles d'accès, et les baigneurs qui n'ont pas les moyens de payer l'entrée d'une plage privée envahissent ces parties sauvages du littoral, que personne n'entretient. Le manque d'hygiène est un des premiers problèmes qui se posent. Les baigneurs flottent ainsi au milieu de déchets humains et industriels qui polluent l'eau et peuvent rapidement devenir nocifs pour la peau et pour l'organisme, surtout lorsqu'on avale de l'eau. Par ailleurs, sur les plages elles-mêmes, des morceaux de verre ou de plastique abandonnés, et en partie recouverts par le sable, peuvent provoquer des blessures et des infections.
En cas d'accident ou de noyade, l'absence d'un sauveteur peut se révéler fatale. Les secouristes de la Croix-Rouge, appelés à la rescousse, ne peuvent souvent plus rien lorsqu'ils arrivent sur les lieux, une dizaine de minutes plus tard. Les baigneurs solitaires, quant à eux, peuvent disparaître sans que personne ne s'en rende compte sur place. « Notre principal souci, explique Wassim Nasser, sauveteur et président d'une association de maîtres-nageurs, est d'éviter que les baigneurs ne s'aventurent dans des zones dangereuses. Il s'agit principalement de zones de pêche ou de zones où évoluent des jet-skis. » Ces derniers constituent en effet des dangers publics lorsqu'ils circulent à grande vitesse près des plages.
Le bilan de cet été s'élève à 150 morts par noyade, selon une estimation fournie par Ziad Halabi, vice-président de l'Association libanaise pour la prévention des blessures liées au sport (Lasip). Ce chiffre doit inciter le futur gouvernement à prendre des mesures drastiques pour réduire le nombre d'accidents sur les plages publiques et améliorer le suivi des normes de sécurité sur les plages privées. Un travail de prévention et de sensibilisation de la population est également nécessaire : les experts de la sécurité s'accordent à dire que la première norme de sécurité sur les plages reste la prise de responsabilité par les baigneurs eux-mêmes.
Pour assurer la sécurité des Libanais et des touristes, les autorités ne savent plus où donner de la tête. En cette fin d'été, le nombre des accidents est à la baisse, mais la saison a été particulièrement meurtrière. Nous avons consacré un dossier, il y a quelques semaines, aux ravages de...

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