Fada Rive droite parle d'Afrique, d'exode, de corruption, de pillage, etc. Mais attention, on n'y trouvera pas trace de misérabilisme ou de complainte.
Pendant 75 minutes, le spectateur est invité, au son de la cora, du djembé et des flûtes africaines (magnifique Dramane Dembélé), à entrer dans une danse endiablée, passant du rire à la consternation, de la fête à une mélancolie tenace, indécrottable...
« Fada », c'est un camp de transit, de l'autre côté... Un camp à la situation géographique indéfinie ; une enclave au-delà d'une frontière imaginaire, tracée par une main diabolique... Mais le diable ne réside pas que d'un seul côté de la frontière. Et les trois compères - à l'énergie formidable - ne ménagent pas leur peine pour embarquer les spectateurs dans un voyage aller/retour au pays des
désillusions.
Et ils y réussissent avec une joie féroce.
Et l'on sort de « Fada... » la tête en fête... Mais avec au fond du cœur un sentiment terrible d'impuissance.
À écouter l'écriture de l'Algérien Arezki Mellal - rageuse comme un rap, chantante comme une douce fable, résolument libre -, on ne peut qu'être heureux que quelques immigrés « faminés » aient réussi à « exoder ». Et l'on est immanquablement « coléré » contre tous ces murs érigés en frontières...