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Lifestyle - Insolite

Les catacombes de Paris, une plongée clandestine dans un monde insaisissable

Dans les tréfonds de Paris, des milliers de passionnés arpentent jour et nuit des kilomètres de galeries souterraines dans les catacombes, dont l'accès reste interdit et sur lesquelles veille une brigade de police spécialisée.
Ils s'appellent LeBreton, Universalis ou encore Caracal. Derrière leurs pseudonymes se cache une passion commune : déambuler dans ces anciennes carrières souterraines, en toute clandestinité. Le rendez-vous est donné à 22 heures dans une avenue, quelque part dans le sud de la capitale. Samedi soir, une dizaine de membres du groupe « Ktadonf » ont participé à la « descente », ainsi qu'une « touriste », le terme consacré pour désigner les néophytes.
Sur le trottoir, la préparation est aussi rapide que discrète, afin de ne pas éveiller la curiosité de passants ou, pire encore, d'une patrouille de police. Équipés d'une lampe frontale, de bottes et de vieux vêtements, les adeptes se dirigent vers ce qui ressemble à une plaque d'égout. Au bas de l'échelle, qui débouche sur une galerie technique, il faut encore se contorsionner et glisser à travers une chatière de quelques centimètres carrés. Le groupe se retrouve désormais dans un long couloir sombre. La fraîcheur des lieux, à dix mètres sous terre, contraste avec l'étouffante atmosphère qui sévit en surface. Quelques gouttes d'humidité perlent sur les murs en pierre. « Il fait toujours entre 13 et 15 degrés », quelle que soit la saison, explique un « cataphile » averti.
Une demi-heure de déambulation plus tard, dans des galeries étroites et basses (les plus grands doivent fléchir les jambes pour marcher), les cataphiles atteignent une salle spacieuse où ils décident de faire halte. Assis autour de quelques bougies, ils débouchent une bière, allument une cigarette, se remémorent certaines de leurs précédentes sorties. Et prennent un soin particulier à remonter leurs déchets à la surface. « Nous, on prend juste des photos, on se raconte nos petites histoires et on passe un bon moment ensemble », affirme LeBreton. Mais tous les cataphiles ne se montrent pas aussi respectueux des lieux, en en témoignent les nombreux graffitis tagués un peu partout et les détritus dans certaines salles.
Cinéma ou bar clandestin, fresques murales, librairie de fortune...parfois des fêtes s'organisent sous terre, de manière tout aussi illégale : pour des raisons de sécurité, un arrêté de 1955 punit d'une amende et d'une convocation au tribunal de police le simple fait de pénétrer dans les catacombes. Les policiers spécialisés de la Brigade d'intervention de la compagnie sportive ont la mission de surveiller cet immense réseau dans lequel ils dressent environ 1 000 procès-verbaux par an. Mais, soulignent-ils, « nous sommes surtout là pour faire de la prévention ». Car s'aventurer dans les carrières n'est pas sans risques. « Certaines galeries menacent ruine », assure Alain, l'un de ces « cataflics », en montrant des fissures dans la roche. « Il arrive aussi que des gens se perdent », poursuit-il. Et quand les piles de la lampe viennent à se vider, les souterrains, hermétiques à toute source sonore et lumineuse, se retrouvent plongés dans un noir total. Alain prévient : « On peut vite devenir fou là-dedans ! »
C'est sans doute ce qui est arrivé à Philibert Aspairt, un ancien portier du Val-de-Grâce, retrouvé mort en 1804 dans les souterrains, 11 ans après s'y être aventuré. Pour les cataphiles, sa tombe souterraine est devenue un lieu mythique.
Dans les tréfonds de Paris, des milliers de passionnés arpentent jour et nuit des kilomètres de galeries souterraines dans les catacombes, dont l'accès reste interdit et sur lesquelles veille une brigade de police spécialisée.Ils s'appellent LeBreton, Universalis ou encore Caracal. Derrière leurs pseudonymes se cache une passion commune...

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