Baroud serre la vis après l'évasion d'un détenu de Fateh el-Islam à Roumieh

"Taha Ahmad Haji Sleimane, qui a la double nationalité syrienne et palestinienne, s'est enfui ce matin de la prison de Roumieh", au nord-est de Beyrouth, a dit un porte-parole de l'armée.

"Sept autres détenus qui ont tenté également de s'enfuir ont pu être arrêtés à temps", a-t-il précisé, indiquant que tous étaient des membres du groupuscule islamiste.

En fin d'après-midi, le ministre de l'Intérieur, Ziad Baroud, a ordonné l'arrestation de deux officiers à la prison de Roumieh, dont le responsable du bâtiment des détenus, l'enquête préliminaire ayant révélé "des lacunes qui auraient pu faciliter l'évasion", selon un communiqué.

Un ordre d'arrestation a également était émis à l'encontre de l'ensemble des surveillants du bâtiment et des gardiens.

Le ministre a aussi ordonné le transfert vers d'autres postes, en dehors du système pénitentiaire, de l'ensemble des 60 officiers et 300 membres des services de sécurité affectés dans les 21 prisons du Liban.

Ce transfert doit intervenir dans un délai ne dépassant pas les deux mois.

"Il s'agit d'une décision sans précédent depuis la création du Liban moderne", a affirmé un responsable au ministère de l'Intérieur sous couvert de l'anonymat.

Le ministre a expliqué avoir pris "cette décision car l'évasion de prison est une des choses les plus graves qui puissent arriver".

M. Baroud a souligné que les prisons du Liban étaient sous-équipées en hommes et en matériel et dit avoir ordonné une enquête sur l'état des prisons dans tout le pays, et d'y renforcer la sécurité.

Il a indiqué que le fugitif a probablement bénéficié de l'aide d'une personne qui l'attendait à l'extérieur pour l'aider à fuir le secteur.

Le détenu a réussi à s'enfuir vers 05H30 (02H30 GMT) du matin et s'est dirigé vers une zone boisée proche de la prison, a indiqué l'Agence nationale d'information. "Les huit détenus ont escaladé un mur, en se faisant la courte échelle, ce qui a permis à Sleimane de sauter et de s'enfuir".

Les forces de sécurité ont lancé une chasse à l'homme pour retrouver Taha Sleimane.

Fateh el-Islam est un groupuscule armé qui a affronté l'armée libanaise à l'été 2007 dans le camp de réfugiés palestiniens de Naher el-Bared (nord). Les combats avaient fait plus de 400 morts, dont 168 soldats.

"Parmi ceux qui ont tenté de s'enfuir figure l'ancien porte-parole du groupuscule, Mohammad Saleh al-Zawawi, plus connu sous le nom d'Abou Sélim Taha", a affirmé le chef des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi.

Un Syrien, Yasser el Choucairi, jugé pour son implication dans un double attentat attribué au Fateh el-Islam en 2007, a également participé à la tentative d'évasion, a-t-il indiqué.

Quant au fugitif, il est jugé notamment pour appartenance à une organisation terroriste, a-t-on appris de source judiciaire.