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Culture - Concert

Les ondes telluriques du « Chaos » de Rami Khalifé

« Chaos » est un concert inspiré de la guerre de 2006 et dédié aux victimes oubliées des mines. C'est aussi le titre de l'album qu'il vient de lancer à Beyrouth et, plus précisément, au Babel* où il se produit encore ce soir.
Il s'est installé timidement, modestement devant le grand piano face à un mur noir lacéré de rouge où étaient projetés des dessins de son frère Bachar (croqués à l'occasion pour l'album). Modestement, car Rami Khalifé voue un profond respect pour ce compagnon d'armes qui l'aide depuis son jeune âge à traduire sa musique et à faire passer ses émotions. Ses mèches rebelles dissimulent son regard profond et rêveur.
« Chaos, avait-il confié, a longtemps été travaillé, digéré, revu et corrigé. » Composé de cinq parties à la fois distinctes et imbriquées l'une dans l'autre, illustrant notamment la destruction, le chaos et la renaissance, l'album a été enregistré à New York dans sa version finale.
Seul sur scène, debout, assis, incliné sur le ventre du piano pour en extirper les sons, l'infime tonalité, Rami Khalifé livre un véritable documentaire musical. Les images sonores se succèdent, fortes, violentes, déchirantes. Pas d'improvisation dans cette composition à la trame bien structurée, mais cependant une musique libre qui s'envole en brisant les
barrières.

Puissante et hypnotique
La performance artistique du jeune musicien est physique. L'instrument d'habitude classique, rigide et inaccessible, devient criant, voire hurlant et mouvant. En totale fusion avec son piano, Khalifé martèle du pied, des mains, prolonge la même note et la surcharge d'autres identiques, mais démultipliées. Il parvient alors à faire croître la tension. Plongeant dans les tripes du piano pour en soulever les cadences, l'instrument devient tour à tour percussions ou instrument à corde. On croirait alors entendre le bruit des feuillages ou des bottes des militaires. Les gammes qui se bousculent dans un tumulte néanmoins bien ordonnancé grossissent comme un torrent, pour casser les digues. Aussitôt, le chaos fait place au silence et à la paix. Une paix certes blessée et meurtrie, mais une paix quand même teintée d'espoir. Celui d'une aube nouvelle.
Durant une heure, le jeune pianiste aurait emporté l'audience dans un cercle envoûtant de turbulences harmonieuses et gracieuses. Jusqu'à l'hypnose.
Ainsi, lorsque la musique s'est arrêtée, le public, sous l'effet encore des ondes sismiques du piano de Rami Khalifé, absorbé encore dans un silence religieux, a laissé pénétrer les traînées musicales avant d'applaudir ce talentueux artiste qui venait d'offrir une performance hors du commun.

* Ce soir au théâtre Babel, 20 heures. Tél. : 01/744033.
Il s'est installé timidement, modestement devant le grand piano face à un mur noir lacéré de rouge où étaient projetés des dessins de son frère Bachar (croqués à l'occasion pour l'album). Modestement, car Rami Khalifé voue un profond respect pour ce compagnon d'armes qui l'aide depuis son jeune âge...

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