Un été sous le signe la 2 cv en République tchèque

Ils n'étaient qu'une trentaine à peine à sillonner leur pays avant la chute du communisme. Vingt ans après, les passionnés tchèques de la Citroën 2 CV, la « dedeuche », ont organisé une rencontre mondiale des amis de ce véhicule mythique.
« La "kachna" ("canard" en tchèque) est une voiture culte, tout comme la Coccinelle de Volkswagen ou la Mini Cooper », souligne Tomas Neruda, responsable de l'organisation de l'événement qui a pris fin dimanche à Most (Nord-Ouest). Pour désigner leur voiture bien-aimée qu'ils avaient jadis découverte grâce aux films sur le gendarme de Saint-Tropez, les Tchèques ont choisi le nom de l'oiseau palmipède, tout comme les Allemands (« Ente ») et les Néerlandais (« Eend »). « Elle est du genre de voiture qui ont fait la révolution automobile », renchérit M. Neruda. Selon ce « kachnar » (amateur de la « kachna ») inconditionnel, environ 10 000 amis de la dedeuche de 42 pays se sont réunis sur l'hippodrome de Most, avec plus de 3 300 véhicules.
Des Néo-Zélandais, Japonais, Américains et même un Ghanéen étaient parmi ceux pour qui la 2 CV n'est « pas une voiture, mais un art de vivre ». Les Français, eux, ont pourtant quelque peu déçu les espérances des organisateurs. « Les Français, ils ont tout, la mer, les montagnes, ils ne se précipitent pas trop pour se déplacer », affirme M. Neruda. Environ 500 « dedeuches » françaises ont été inscrites à Most, six fois moins, selon lui, que pour les rencontres nationales en France.
Grégory Leborgne, secrétaire du club « Tous en deuch » de la Mayenne (Pays-de-la-Loire), amateur de la 2 CV « depuis tout petit », réfute cette caractéristique de sa nation : « On a mis 36 heures pour venir ici, avec un changement de moteur », sourit-il. « Le site est magnifique, c'est une réussite », résume-t-il sans toutefois cacher son seul regret, à savoir que Most soit une ville béton bâtie dans le plus pur style communiste, après que la vieille ville située sur un gisement de lignite eut été complètement rasée dans les années 70. « C'est de toute façon l'image que j'avais de la République tchèque, ces bâtiments », confie M. Leborgne, qui a profité de ce séjour pour visiter aussi la capitale Prague, plus touristique.
Après la Slovénie, la République tchèque n'est que le deuxième pays postcommuniste à avoir accueilli cette rencontre mondiale, organisée tous les deux ans, depuis sa première édition à Pistohielkka en Finlande, en 1975. Le journaliste Jaroslav Jarolim, éminent « kachnar » tchèque, se souvient de l'époque d'avant-1989 où ses très rares compatriotes ayant réussi à se procurer en Occident une 2 CV d'occasion attiraient irrésistiblement l'attention de la police communiste, soupçonneuse envers tout ce qui sortait de l'ordinaire. « C'était comme un underground. Ces premiers "kachnar" se sont rencontrés quelque part, et tout à coup, il y a eu une dizaine de voitures de police », sourit-il.
Comme tous ceux qui partagent sa passion pour la « 4-roues sous un parapluie » fabriquée entre 1948 et 1990, M. Jarolim apprécie une voiture « simple et facile d'entretien ». « Tout ce qui est génial est simple », estime-t-il. Selon lui, il est « presque impossible » de voler sa 2 CV en raison de sa simplicité. « Des voleurs ont déjà tenté, mais n'ont pas réussi à débloquer le système antivol, très simple mais différent des autres. Ou bien ils n'ont pas su comment changer les vitesses », explique-t-il.
C'est la France, berceau de la dedeuche, qui organisera en 2011 la 19e rencontre mondiale, à Salbris (Loir-et-Cher, centre), avant que la Pologne ne prenne le relais en 2013. « Je trouve que les gens qui ont travaillé sur cette rencontre ont mis la barre très haut », estime Pascal Sauvaget, adjoint au maire de Salbris, présent à Most. La ville française attend pour cette occasion « entre 4 et 5 000 véhicules », selon Christian Courte, président de l'association 2 CV France 2011.