Rechercher
Rechercher

Santé - Prévention

Mélanomes : protégez votre peau

Les tumeurs cutanées tendent à augmenter en raison notamment des mauvaises habitudes lors de l'exposition solaire et la diminution de la couche d'ozone. Bénignes dans leur majorité, ces lésions cutanées sont parfois malignes, donnant lieu à des mélanomes. Le point avec les spécialistes.
Révolue est l'ère où la peau blanche était signe d'aristocratie. De nos jours, c'est le teint halé qui attire. Il rime avec beauté et bonne santé. Ainsi, dès les premiers jours du mois de mai, les fans du soleil commencent à exposer leur corps des heures durant aux rayons de l'astre doré, faisant fi des recommandations des spécialistes.
Incontestablement, le soleil est vital pour notre vie psychique et affective. Les études ont d'ailleurs montré que dans les pays privés de soleil, le taux de dépression est élevé. Le soleil, du fait qu'il aide à synthétiser la vitamine D, est également vital pour la croissance, la minéralisation des os et le maintien du capital osseux. Il est également conseillé pour le traitement de certaines maladies cutanées, comme les eczémas, les psoriasis et les vitiligos. Mais tout bénéfique qu'il soit, le soleil devient nocif lorsqu'il est consommé à fortes doses. Il est notamment associé au cancer de la peau.
En effet, l'Organisation mondiale de la santé souligne que « deux à trois millions de tumeurs cutanées bénignes et près de 132 000 mélanomes malins se déclarent chaque année dans le monde ». Une incidence qui tend à augmenter avec la diminution de l'ozone stratosphérique, selon l'organisation onusienne.
Au Liban, 518 cas de cancer de peau, dont 47 mélanomes, sont détectés chaque année, selon le Registre national de cancer.
« La bonne nouvelle demeure le fait que la majorité des tumeurs cutanées sont bénignes, notamment si elles sont prises en charge à un stade précoce, c'est-à-dire lorsqu'elles sont encore localisées », explique le Dr Roland Tomb, chef du département de dermatologie à l'Université Saint-Joseph.
« Malheureusement, certains cancers de la peau sont malins, poursuit-il. On parle alors de mélanome. Il s'agit d'une tumeur pigmentaire qui survient sur la peau à tous les âges. Elle a un potentiel très agressif, pouvant être mortelle dans certains cas. Si le mélanome est pris en charge à temps avec pour seule sanction la chirurgie, il est possible d'arrêter sa progression et de sauver des vies. La vigilance est donc de mise. Il est impératif de consulter un spécialiste à la moindre anomalie cutanée. »

Cinq critères
pour alerter

Il n'existe pas de relation de cause à effet entre les naevus, ou grains de beauté, et les mélanomes. « Quatre-vingt pour cent des mélanomes surviennent sur une peau saine et non sur un grain de beauté, insiste le Dr Tomb. L'exérèse préventive de tous les naevus est donc inutile. Il est par contre recommandé de surveiller de près les grains de beauté, notamment chez les familles chez qui ceux-ci sont atypiques. Par ailleurs, le frottement sur le grain de beauté n'entraîne pas un cancer de la peau. »
« Les grains de beauté n'apparaissent pas chez les
nouveaux-nés, mis à part les naevus congénitaux, ajoute-t-il. Ils apparaissent durant l'enfance et continuent à apparaître jusqu'à l'âge de 40 ans. Généralement, au bout de vingt-sept ans, on a son stock de grains de beauté. Puis ceux-ci commencent à décroître. Donc, toute lésion pigmentaire qui apparaît de nouveau doit attirer l'attention. Il en est de même pour toute augmentation de taille et toute modification de l'aspect et de la couleur d'un naevus. »
Prévenir un cancer de la peau consiste à consulter un spécialiste dès l'apparition de l'un des critères ABCDE suivants :
- Asymétrie de la lésion pigmentaire ;
- Bords irréguliers ;
- Couleur, c'est-à-dire que la lésion pigmentaire change de couleur ou que plusieurs couleurs apparaissent simultanément dans une même lésion ;
- Diamètre qui ne doit pas dépasser les 6 mm ;
- « Évolutivité », le grain de beauté ne devant pas pousser et grandir vite.
« Ces cinq critères doivent alerter, affirme le Dr Tomb. Dans ce cas, il vaut mieux ôter une lésion bénigne que laisser une lésion maligne en place. Il est important de signaler par ailleurs que les taches de rousseur ne sont pas une maladie et ne provoquent pas un cancer de la peau. Il s'agit d'un trait ethnique. On les retrouve chez les personnes au génotype roux. Les taches de rousseur apparaissent dès l'enfance et augmentent durant l'exposition solaire. On peut les enlever, mais à la moindre exposition au soleil elles vont réapparaître. »

Cumul solaire
Le mélanome est l'une des tumeurs qui augmentent le plus à l'heure actuelle. « Certains mélanomes sont dépendants de l'exposition au soleil, et cela a été prouvé scientifiquement, constate le Dr Tomb. D'autres dépendent plutôt de facteurs génétiques. Donc les familles ayant un antécédent de mélanome malin, les familles où les naevus sont en grand nombre et de grande taille - une personne a normalement 20 à 40 grains de beauté - et les personnes à phénotype clair - c'est-à-dire qui ont la peau, les cheveux et les yeux clairs - sont les populations le plus à risque de développer des mélanomes malins. Ceux-ci peuvent survenir toutefois chez d'autres populations. »
Et le médecin d'ajouter : « On a longtemps parlé du rôle de l'exposition solaire sur les grains de beauté, ainsi que des coups de soleil répétés à l'enfance qui entraîneraient des mélanomes malins à l'âge adulte. Cette notion est un peu dépassée. Actuellement, on parle du cumul de soleil durant la vie, sachant que les personnes à phénotype sombre ont une protection naturelle par rapport aux autres. C'est la raison pour laquelle, l'incidence la plus élevée de mélanomes malins est constatée chez la population blanche en Australie, en raison des facteurs climatiques qui sont conjugués à des facteurs génétiques et phénotypiques. »

Les écrans solaires :
une fausse protection

Comment prévenir les mélanomes malins ? « Chez les populations à risque, il s'agit de ne pas ajouter un facteur externe, c'est-à-dire le soleil, indique le Dr Tomb. Il faut donc être vigilant et se protéger. Mais ce n'est pas en appliquant uniquement des écrans solaires toute la journée qu'on le fait. La Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis a d'ailleurs mis en garde contre la fausse protection de l'écran solaire, constatant dans ce cadre que l'incidence des problèmes et des cancers cutanés est plus élevée chez les personnes qui, s'estimant protégées par l'écran solaire, se sont exposées plus longuement au soleil. L'écran solaire a certes sa place dans la protection. Mais il doit être associé au chapeau, aux lunettes de soleil, aux tee-shirts, surtout chez les enfants et les jeunes. La plus grande protection demeure le fait d'éviter le soleil aux heures où les rayons sont les plus verticaux, c'est-à-dire entre 12h et 15h. »
Le Dr Tomb insiste par ailleurs sur la nécessité de choisir un écran solaire qui « protège non seulement contre les UVB, responsables du bronzage, des coups de soleil, du vieillissement cutané et du cancer cutané, mais aussi contre les UVA aussi, qui sont tout autant nocifs ». « Mais là encore, il ne s'agit pas de protection absolue, affirme-t-il. Il est donc préférable que certains phénotypes qui attrapent des coups de soleil mais ne bronzent jamais évitent le soleil, parce qu'il est illusoire de vouloir se protéger juste en appliquant des crèmes. »

Révolue est l'ère où la peau blanche était signe d'aristocratie. De nos jours, c'est le teint halé qui attire. Il rime avec beauté et bonne santé. Ainsi, dès les premiers jours du mois de mai, les fans du soleil commencent à exposer leur corps des heures durant aux rayons de l'astre doré, faisant fi des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut