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CD, DVD - Un peu plus de...

Brèves de waters

S'arrêter l'espace d'un instant aux toilettes quand on est dans un endroit public est un des exercices les plus exaltants qui soit. Au Liban surtout ; Il faut s'y attarder, écouter aux portes, rester derrière la sienne (de porte) et se délecter de ce qui s'y raconte. Il faut le savoir : tout, absolument tout se passe aux toilettes. C'est the place to be. Les rencontres, les histoires, les potins, les deals, les « débriefs », les rires, les larmes, les transactions commerciales les plus retorses, les critiques, le « socializing », les problèmes gastriques, les plans sexe... c'est effectivement là que tout se passe. Les waters, les chiottes, les WC quoi, sont le meilleur concentré d'une soirée. Savoir utiliser les toilettes libanaises est tout un art. Il y a un code à suivre, des règles, des signaux à déchiffrer, sachant que certains consommateurs connaissent les toilettes et leur capacité d'accueil mieux que n'importe quoi d'autre. Parce que si nous, citoyens lambda, utilisions les toilettes pour résoudre quelques petits problèmes d'ordre technique, retoucher son maquillage ou y avoir parfois quelques bribes de conversation, d'aucuns en font un tout autre usage... La consommation de produits illicites sur la lunette ou le rebord de la petite étagère y va depuis un moment bon train. Il ne faut donc pas s'étonner si une jeune femme agenouillée entrouvre la porte et vous demande de lui prêter votre carte de crédit. Il faut lui répondre du tac au tac qu'on n'utilise que du cash. Idem si un jeune homme vous propose un gramme pour pas cher ou vous supplie pour quelques grains... Croire que rien de ce genre ne se passe dans les toilettes libanaises, c'est se cacher derrière son petit doigt ou, en l'occurrence, derrière son nez. Et ça se passe chez les hommes comme chez les femmes. Ah, mais c'est sûr : il faut descendre de son nuage, sortir de son Lalaland, regarder la société libanaise dans les yeux et accepter que ce qui se passe ailleurs se passe également chez nous. Comme les plans baise. La plupart commencent aux toilettes. Quoi ? Comment ? Si, si. Mais tout dépend de la taille de l'endroit. Si c'est exigu, trop noir ou avec trop de miroirs comme dans un des bars branchés de la capitale, impossible de faire quoi que ce soit. Et si on ne fait que visiter, il ne faut jamais être stupéfait si l'on voit deux personnes sortir ensemble, toutes émoustillées, de derrière la même porte. Elles peuvent y être entrées pour maintes raisons... Il faut donc comprendre que l'attitude à adopter dans les toilettes d'une boîte, d'un bar, d'un resto ou même d'une plage, c'est une attitude décontractée, impassible et discrète. Sinon, impossible de saisir ce qui s'y passe ou de chopper les conversations des autres. Parce que, aux toilettes, ce qu'il y a de plus exquis, ce sont les autres. Les conversations des autres, les échanges de cartes de visite, ce « socializing » à outrance. On s'y invite à dîner, on échange des numéros de téléphone et on déblatère sur tout ce qui arrive. Aux toilettes, on croise tout le monde : des gens in, des loosers, des pétasses, des bimbos, des intellos, des potinières, des « artistes » torchés ou totalement stones. Eh oui, c'est comme ça.  « Largue ta femme et continuons la fête sans elle. » « Tu as vu ses seins ? Comme ils sont mal refaits. Mon plasticien est bien plus performant. Regarde la paire qu'il m'a offerte. » Et voilà la jeune demoiselle relevant son top moulant afin d'exhiber l'œuvre d'art de son chirurgien. Un autre a décidé de se laver les pieds dans le lavabo, tandis qu'une troisième se plaint de l'odeur nauséabonde qui se dégage des waters alors que tout le monde a compris que cela venait d'elle. La quatrième pleure sur l'épaule de sa copine parce qu'elle vient de croiser son ex, et les deux touristes parlent du prix du gigolo qu'elles vont se payer, et nous, on attend. On attend notre tour. Alors on zyeute à droite à gauche, chez les hommes, en face. « Tu te fais épiler le torse, toi ? Ah, tu enlèves tout partout ? Ça fait mal ? » Ben oui, ça fait mal, monsieur, t'as qu'à demander à tes voisines. Heureusement qu'aujourd'hui, personne ne s'est senti mal - pour l'instant -, sinon on aurait dû dégager les toilettes tout de suite. Des toilettes qui existent en principe pour soulager des vessies, laver des mains, régler des problèmes. C'est clair qu'on n'est plus du tout dans le glam, là. Mais c'est aussi un des aspects des WC. Le côté trash. Fin de soirée fatigante. Les toilettes deviennent moins fréquentables soudain. Allez, ce soir, quand une envie pressante vous prendra, vous penserez à tout ça... Et parlerez plus bas.
S'arrêter l'espace d'un instant aux toilettes quand on est dans un endroit public est un des exercices les plus exaltants qui soit. Au Liban surtout ; Il faut s'y attarder, écouter aux portes, rester derrière la sienne (de porte) et se délecter de ce qui s'y raconte. Il faut le savoir : tout, absolument tout se passe aux toilettes. C'est the place...

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