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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Place aux tractations sur les noms et la distribution des portefeuilles…

Le miracle aurait donc eu lieu. Prenant conscience de la gravité de la situation, les différents protagonistes auraient ainsi décidé de s'entendre sur la formule 15-10-5, la seule en fait plausible depuis le début des négociations pour la formation du gouvernement.
Et comme prévu, c'est sur la part du président de la République (cinq ministres) que les analyses portent. La candidature de Adnane Sayyed Hussein constitue-t-elle le choix du chef de l'État ou celui du Hezbollah ? La question alimente la polémique, même si, en définitive, elle est de peu d'importance. Ce qui compte, c'est qu'un accord est en vue et que le président Michel Sleiman a fait le choix d'une personnalité qui fait partie des membres de sa propre équipe, puisqu'il lui avait confié la mission de plancher sur la stratégie de défense et de le représenter au sein de la commission d'experts formée pour étudier ce dossier, mais qui en même temps jouit de la confiance du bloc chiite. Adnane Sayyed Hussein, professeur à l'Université libanaise, a aussi fait ses études en Allemagne et bénéficie d'une appréciation favorable dans les milieux diplomatiques européens. Dans le contexte actuel, il a surtout le mérite d'avoir permis de contourner un sérieux obstacle dans la formation du gouvernement. Alors tiers de blocage déguisé ou non, chaque partie est libre de faire l'interprétation qui lui convient, d'autant que la formule adoptée est dans la pure tradition des compromis libanais où chaque camp a le sentiment d'avoir gagné.
Mais que s'est-il donc passé pour que, brusquement, le déblocage devienne possible ? Deux possibilités sont avancées. Des sources proches de Koraytem affirment que le Premier ministre pressenti a décidé de prendre l'initiative vendredi soir face à la monté inquiétante de la tension au Sud entre le Liban, la Finul et Israël, à la suite des incidents de Kherbet Selm. Il aurait ainsi contacté un des adjoints du président de la Chambre pour tâter le terrain et Saad Hariri et Nabih Berry auraient ensuite eu une conversation téléphonique de deux heures. Après cette conversation, Berry aurait envoyé le député Ali Hassan Khalil auprès du général Aoun et auprès du Hezbollah. Une délégation du Hezbollah s'est ensuite rendue à Baabda, alors que le président Sleiman a eu un contact téléphonique avec son homologue syrien Bachar el-Assad, qui aurait promis de faire de son mieux pour faciliter la formation du gouvernement.
La seconde version avancée par des sources de l'opposition fait état d'une visite secrète d'un émissaire saoudien à Damas destinée à hâter la formation du gouvernement d'entente au Liban sans plus attendre la visite du roi Abdallah en Syrie ou un déblocage régional. Les Égyptiens auraient été mis dans le secret et ils auraient aussitôt déclaré qu'ils appuient le Liban et ses institutions. Ce qui, en termes diplomatiques, signifie qu'ils ne joueront pas le rôle des empêcheurs de tourner en rond.
Quoi qu'il en soit, un grand pas a été accompli au cours des dernières 48 heures en vue de la formation du gouvernement. Désormais, les tractations portent sur les détails, notamment sur la distribution des portefeuilles et sur les noms. Une phrase du président de la Chambre a retenu l'attention à ce sujet, lorsqu'il a fait allusion devant les journalistes au fait qu'il vaut mieux en rester aux formules déjà expérimentées. En d'autres termes, les proches de Berry laissent entendre qu'il n'y aurait pas beaucoup de changements dans le nouveau gouvernement.
Des noms reviennent souvent dans les coulisses politiques. Pour le président de la République, il semblerait probable que le ministre de la Défense Élias Murr soit maintenu à sa fonction, ainsi que le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud. Le chiite serait donc Adnane Sayyed Hussein et pour le sunnite, plusieurs noms sont avancés, notamment Ghaleb Mahmassani (un des représentants de la société civile au dialogue de Saint-Cloud), Adnane Kassar ou encore Fouad Matraji, mais le candidat sur lequel le choix définitif portera devra avoir la confiance du Courant du futur. Reste le ministre grec-catholique de la part présidentielle et deux noms circulent, Michel Pharaon ou Roger Nasnas. La liste n'est toutefois pas fermée.
Les trois ministres druzes devraient être choisis par Walid Joumblatt. Ce dernier avait bien essayé de proposer le nom de l'émir Talal Arslane pour obtenir en contrepartie un ministre chiite. Mais le Hezbollah aurait opposé une fin de non-recevoir, estimant que dans un contexte aussi délicat, il préfère avoir deux ministres au sein du gouvernement, et avec les trois de Nabih Berry, il n'y a pas de place pour un chiite qui serait choisi par Joumblatt. Dans la part de ce dernier, le nom qui reste incontournable est celui de l'actuel ministre des TP, Ghazi Aridi. Pour les deux noms restants, le choix devrait se faire entre Bahige Abou Hamzé, Fayçal Sayegh, Ayman Choucair et Waël Bou Faour.
Pour ses deux ministres, le Hezbollah hésiterait entre Mohammad Fneich, Hussein Khalil et Hussein Hajj Hassan.
Le président de la Chambre, lui, souhaiterait garder Mohammad Khalifé à la Santé et conserver le portefeuille de l'Industrie, en changeant Ghazi Zeaiter par Ali Abdallah, et celui des AE en gardant le choix entre trois candidats, Faouzi Salloukh, son frère Mahmoud Berry et Ali Hamdane.
Le Bloc du changement et de la réforme devrait obtenir cinq ministres au lieu des six réclamés et ils seraient tous chrétiens, deux maronites (on parle de Gebran Bassil et un candidat choisi par Sleimane Frangié, soit lui-même soit Youssef Fenianos ou encore Youssef Saadé), un grec-orthodoxe (probablement Issam Abou Jamra), un grec-catholique (peut-être Edgar Maalouf) et un arménien choisi par le parti Tachnag.
Du côté de la majorité, le partage n'est pas très clair. Les formules qui circulent donneraient sept ministres au Courant du futur et trois à l'alliance Kataëb et Forces libanaises, qui en réclame pourtant quatre. Parmi les sept du Courant du futur, il y aurait cinq sunnites, un grec-orthodoxe et un arménien. Les cinq sunnites dont les noms circulent sont Saad Hariri bien sûr, mais aussi Bahia Hariri, qui conserverait l'Éducation, ainsi que Mohammad Safadi qui resterait à l'Économie, un candidat choisi par Nagib Mikati, et Saad Hariri souhaiterait accorder le portefeuille de la Justice à Samir Jisr. L'arménien serait Serge Torsarkissian (à la place de Jean Oghassabian). Quant au grec-orthodoxe, plusieurs noms sont avancés, notamment ceux de Riad Rahal, Nidal Tohmé et Atef Majdalani.
Les trois derniers portefeuilles, tous maronites réservés aux Kataëb et aux Forces libanaises, ne sont pas non plus très clairs. Les Kataëb souhaiteraient garder Élie Marouni et intégrer Samy Gemayel à l'équipe gouvernementale. Les Forces libanaises souhaiteraient elles aussi deux ministres, et les noms avancés sont ceux de Imad Wakim et Tony Karam (actuel ministre de l'Environnement).
Bien entendu, ces noms ne sont nullement définitifs et les choix finaux réservent souvent des surprises. Ce qui compte, c'est que les tractations vont bon train et que tous les obstacles ne sont pas encore résolus, notamment la part du Bloc du changement et de la réforme et celle des Kataëb et des Forces libanaises. Mais dans les deux cas, il s'agit de négociations internes à chaque camp et elles devraient aboutir à des résultats concrets. Viendra ensuite la distribution des portefeuilles, et là aussi, il devrait y avoir des tiraillements, Joumblatt voulant notamment remplacer les TP par les télécommunications et les Kataëb et les FL insistant pour avoir des portefeuilles de services importants.
Rien n'est encore joué, mais tout est possible. Et la question qui divise les milieux journalistiques est la suivante : à la cérémonie pour la fête de l'Armée, le Premier ministre pressenti sera-t-il présent avec les membres de son gouvernement ou devra-t-il rester aux côtés du président du Conseil qui gère les affaires courantes ? La plupart des pronostics penchent pour la seconde alternative, car deux jours, c'est quand même un peu court ; même par temps de miracles...
Et comme prévu, c'est sur la part du président de la République (cinq ministres) que les analyses portent. La candidature de Adnane Sayyed Hussein constitue-t-elle le choix du chef de l'État ou celui du Hezbollah ? La question alimente la polémique, même si, en définitive, elle est de peu d'importance. Ce qui compte, c'est qu'un accord est en...