Yves Lecoq, Monsieur 120 voix, fait son guignol !

On lui attribue un répertoire d'imitation de 120 voix. Masculines et féminines. Parlées et chantées ! Mais l'art d'Yves Lecoq, c'est aussi celui d'un transformiste capable de reproduire, avec une prodigieuse justesse, les moindres gestes et mimiques d'un personnage. Tout comme celui d'un humoriste qui épingle, d'un même trait, les tics physiques et les impostures des célébrités de la scène politico-médiatique française.

Bernadette la rappeuse
Il n'épargne personne, Yves Lecoq. Et surtout il vise juste. Chez Alain Delon, par exemple, avec lequel il ouvrira le bal, ce sera évidemment l'ego surdimensionné. Il lui rendra un Ave « Delon-César » délirant. Chirac lui, son personnage favori, est toujours aussi charismatique, même en djellaba et pantoufles au Maroc, où il s'est installé, après une période d'« hébergement Quai Voltaire chez son copain Rafic ». Pour Chirac, ce n'est pas vraiment la retraite au soleil : le pensionné de l'Élysée, déjà touché de plein fouet par la crise économique, est de surcroît toujours affublé de « maman » Bernadette, elle-même inséparable de son sac à main ! Maman qui se transforme, à l'occasion, en rappeuse pour crier, grands gestes à l'appui, sa rage d'avoir été évacuée avec son Jacquot de l'Élysée. Hilarant !
De « sainte Ségolène » à Lionel Jospin, qui se fait hacher menu dans une désopilante description faite par Chirac, en passant par sœur Emmanuelle en duo avec l'abbé Pierre, Delanoë, le maire de Paris, Jack Lang, qui en prend également pour son grade de ministre de l'ouverture à tous crins... L'humoriste ne fait pas dans la dentelle. Et il peut se montrer féroce. Mais c'est la loi du genre.
Et, avec Monsieur 120 voix, tout le monde descend dans l'arène du rire. Le pape Benoît XVI et sa soutane Christ-en-lacroix, Francis Lalanne et sa chevelure, Chantal Goya et ses « 60 fois 15 ans », Bernard Lavilliers (pour le personnage duquel Lecoq s'affublera de faux gros bras), Patrick Sébastien et son cabaret, Mireille Mathieu, Mireille Dumas, Michel Polnareff, Christophe Wilhem ou Julien Doré... Et puis, il y a l'irrésistible voix nasillarde de PPDA, la célèbre voix cassée de Patriiiiiick Bruel, les hurlements de Johnny, le filet inaudible de Jane Birkin, les ultrasons de Carla Bruni, « la Première dame de France à chanter ailleurs qu'à la messe »... Jusqu'aux imitations des crooners américains, de Tom Jones à Barry White, en passant par ce qui ressemble plus à un hommage, à Michael Jackson.

Petit Nicolas chez Jacques Martin
Sauf que le clou du spectacle reste Sarkozy. L'ultraprésent - dans ce show aussi ! - président Sarkozy, qui inspire visiblement l'imitateur. Ce sera les aventures du « petit Nicolas » qui, invité à L'école des fans chez Jacques Martin, ne manquera pas de lui dire : « Je suis venu seul, mais je repartirais bien avec ta femme ». Puis, ce sera le grand Nicolas faisant son jogging, en short, lunettes Ray Ban et grosse montre bling-bling. Nicolas « surfant », avec force gesticulations, entre questions des journalistes et appels de sa Carlita, ou encore écourtant une visite au Vatican pour voler au secours de son ami Christian Clavier, à qui on a crevé les 4 pneus de sa voiture !
« Les politiciens sont tous des clowns, c'est pour ça que je les adore », fait dire l'humoriste à l'un de ses personnages. Ça résume parfaitement l'esprit de son spectacle. Ah, si seulement Yves Lecoq pouvait aussi s'inspirer de notre « cirque » local !

* Titre d'une émission qu'il anime sur France 2.
** L'émission satirique du grand Journal de Canal +.