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Lifestyle - Hotte d’or

Mon lion sur son deux-roues

Franchement, je ne suis pas une adepte de la selle : monter un cheval, un Vélib, une trottinette, même un Harley Davidson, ce n'est pas trop ma came. À la limite, je serais bien plus calèche tirée par douze hippogriffes ailés, voire carrosse, Cendrillon style. Et pourtant je reste fascinée par eux, tétanisée, furieusement amoureuse ; je les place même dans le Top 3 de mes sportifs préférés après les rugbymen et les gymnastes. Eux, ce sont les cyclistes. J'essaie de ne rater aucun virage d'aucun Tour de France, aucun contre la montre, aucun sprint, aucune chute aussi - parfois, c'est vrai, je suis un peu vipérine. Chaque après-midi pendant près d'un mois, je me vautre dans mon canapé en cuir havane Poltrona Frau devant mon écran de télévision et je scrute chaque étape, du début à la toute fin, une Veuve Clicquot Vintages 2002 dans son seau, des mini-brownies à la noix de pécan faits maison et de la glace au lait Oslo à portée de doigts. C'est comme si j'y étais. Comme si j'étais à chaque bord de route, encourageant l'un, invectivant l'autre, envoyant des finger kisses à un troisième. Ils me touchent. Tellement. Leur solitude est infinie. Leurs efforts herculéens. Leurs rictus de souffrances sont un poignard que l'on loge méchamment dans mon cœur. Ces hommes ne se battent pas seulement les uns contre les autres : ils se battent d'abord contre eux-mêmes, plus que n'importe quel autre sportif. Ils dégoulinent de sueur et, en même temps, d'une douce testostérone. Leur virilité est superbe, mais délicieusement dentelée. Leur capacité à oublier les flammes qui dévorent les entrailles de leurs cuisses et de leurs mollets est absolument héroïque. Les grimaces déforment leurs visages, mais ces visages, transcendés par la douleur et le bonheur de repousser constamment les limites, n'en deviennent que plus beaux. Bien sûr, quelques-uns d'entre eux se dopent, mais moi je ne préfère retenir que les sains, les propres, les pas tricheurs. De ceux-là, j'imagine avec mille et un plaisirs toucher leur maillot et leurs lycras moulants ; mes cyclistes réinventent à chaque coup de pédale la métrosexualité, et, sur leurs jockstraps arachnéens, j'aime à penser qu'ils ont tatoué mon prénom, surtout lui, ce Javier Bardem insensé de charisme qui s'appelle Alberto Contador et que les autres, ces ânes, même ses coéquipiers, ont tendance à sous-estimer et à traiter comme un pestiféré. Il fait peur, mon Alberto, surtout à Lance Armstrong. Je n'aime pas ce monsieur, je n'aime pas ses jambes, alors que celles de mon Alberto ont quelque chose de shakespearien, de fondamentalement beau et absolument tragique à la fois, et je m'imagine, chaque soir après le repas, les lui massant sans me fatiguer une seule seconde, leur redonnant la vie, assassinant leur fatigue. Je suis folle d'Alberto Contador, et si on me demande pourquoi, je répondrai : sans doute parce que c'est lui, sans doute parce que c'est moi, miam-miam.
margueritek@live.com

Franchement, je ne suis pas une adepte de la selle : monter un cheval, un Vélib, une trottinette, même un Harley Davidson, ce n'est pas trop ma came. À la limite, je serais bien plus calèche tirée par douze hippogriffes ailés, voire carrosse, Cendrillon style. Et pourtant je reste fascinée par eux, tétanisée,...

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