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Culture

Des caricaturistes libanais au festival « Morges-sous-rire »

Le festival « Morges-sous-rire » accueillait, la semaine dernière, quatre dessinateurs de presse libanais venus ponctuer l'exposition « Plumes croisées sur le Liban ; Richté, richtak », présentée à Beyrouth en mars dernier.

Avant de quitter la Suisse, le quatuor a pris une respiration à la librairie arabe de Genève, le temps d'une rencontre animée avec le public.
« Mon idée était de les sortir de leur quotidien pour qu'ils puissent porter un autre regard sur le Liban. Avec humour et distance. » Depuis le début de l'aventure, c'est le leitmotiv de Patrick Chapatte, dessinateur de presse helvète, de mère libanaise, qui a lancé le projet avec le soutien de l'ambassade de Suisse au Liban, autour des huit caricaturistes libanais qu'il a embarqués avec lui pour la diversité qu'ils représentent.
Et le bilan, trois mois après l'exposition à Beyrouth des « Plumes croisées sur le Liban », est des plus positifs. Rien à dire. Déjà rompu à ce genre d'exercice et de collaboration en Serbie et en Côte d'Ivoire, Patrick Chapatte a fait carton plein : « La réussite réside dans le fait que les journaux des huit dessinateurs ont repris les croquis de tout le groupe, alors que je pensais que c'était impossible. »
Mais le succès de l'opération se mesure aussi au moment de boucler la boucle, alors que cet étonnant assortiment de traits, de bulles et de couleurs détonnant finit en Suisse, sur les panneaux d'exposition du 21e Festival d'humour et du Salon de la presse « Morges-sous-rire ».
Seuls quatre des huit dessinateurs étaient présents sur les bords du lac Léman : Hassan Bleibel, Saad Hajo, Stavro Jabra et Jean Machaalani. Et, à l'heure de l'inauguration du festival, ils esquissent un premier constat : quelque peu décontenancé, Saad Hajo raconte en effet combien il est dérouté d'apprendre que la Suisse change de président chaque année, cette charge étant partagée à tour de rôle par les sept membres de l'exécutif fédéral.
À l'instar de ses pairs, il est par-dessus tout émerveillé de pouvoir côtoyer le président de la Confédération suisse, Hans-Rudolf Merz, et son ministre de l'intérieur, Pascal Couchepin, amusés et bons enfants devant quelques-uns des croquis présentés au Salon de la presse.
Quelques heures avant de regagner ses pénates, le quatuor fait halte au pied de L'Olivier, la librairie arabe de Genève, animée, depuis trente ans de partage interculturel, par Alain Bittar, également membre de l'association Rencontres et cultures du monde arabe, à l'origine de la rencontre, en collaboration avec le Club libanais de Genève.
Comme des potaches, fiers de leur dernier coup, les dessinateurs partagent, avec la centaine de curieux qui a fait le déplacement, leur équipée, presque étonnés de ce qu'il leur arrive. « Nos lecteurs ont été stupéfaits de nous retrouver tous dans un même journal, sur une même page, constate Stavro, l'œil taquin et la moustache amusée. Notre objectif est non seulement de montrer le Liban tel qu'il est, mais aussi de le promouvoir, d'en donner une autre image. Et le public suisse l'a très bien compris. »
« Chapatte nous a stimulés, de la même façon que nous avons envoyé Nicolas Hayek pour sauver l'horlogerie suisse », surenchérit Hassan Bleibel, pince-sans-rire.

Et la censure ?
Question qui a brûlé les lèvres de l'audience, la place de la censure dans un domaine d'autant plus sensible qu'il joue avec l'immédiateté de l'émotion et l'imagerie collective. Tous se sont entendus pour répondre qu'elle peut dépendre de la notoriété du dessinateur et qu'il s'agit parfois d'équilibrer les critiques. Une certaine forme d'autocensure n'est pas non plus à exclure.
« Notre rôle est de révéler les problèmes, pour pousser à la compréhension, réagit Saad Hajo. Et les réactions que nous observons montrent souvent qu'il n'y a pas de dialogue. » Ce commentaire met certainement en relief l'apport d'un pays comme la Suisse, multiple, « qui arrive dans ses petits souliers. C'est un pays neutre, qui n'a pas de passé colonial et auquel on ne prête pas de mauvaises intentions », explique Chapatte. Et même si cette opération est « symbolique pour mes confrères, elle n'en est pas moins belle ».
La crédibilité et la visibilité des huit dessinateurs n'en ont, en tout cas, été que plus accrues. À n'en pas douter, c'est un terreau fertile pour garder un débat aussi ouvert et vif que celui qui a fait frémir toutes les branches de L'Olivier. 
Avant de quitter la Suisse, le quatuor a pris une respiration à la librairie arabe de Genève, le temps d'une rencontre animée avec le public. « Mon idée était de les sortir de leur quotidien pour qu'ils puissent porter un autre regard sur le Liban. Avec humour et distance. » Depuis le début de l'aventure, c'est le leitmotiv de...
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