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Culture - Correspondance

Eminem « Rechute » dans son rap à succès

Le mauvais garçon, le blanc-bec, l'intrus dans le monde du rap, apanage des Noirs américains, continue son ascension et sa provoc en musique. Sans son nouvel album, aucun signe d'assagissement, mais autant de talent.
Intoxiqué ou desintoxiqué, Eminem reste un grand du rap. Le seul Blanc de surcroît à avoir percé dans cet art, apanage des jeunes Noirs américains issus de milieux à problèmes, qui ont ainsi vidé leur cœur et leur colère à coup de rythmes syncopés et de paroles coup de poing. Et Eminem, traînant un background similaire qualifié de « white trash » (rebus blanc), a fait sienne cette expression et l'a poussée encore plus loin. Aujourd'hui, à 36 ans et après une descente aux enfers (cure de désintoxication), il refait brillamment surface avec un album intitulé Relapse (Rechute). En fait, un nouvel atterrissage dans une grande popularité allant toujours de pair avec la controverse qui a été le lot d'une carrière bâtie sur un immense talent d'écorché vif. Enfance douloureuse, déception familiale, réputation sulfureuse, drogue et autres turbulences de la vie ont fait exploser sa folle envie d'écrire. C'est alors révélé un virtuose des mots : maniement habile de l'allitération, de l'assonance, ou des jeux de mots. Cette énergie verbale est la genèse de ses créations qui, sans craindre de choquer et même d'offenser, chantent les noirceurs de l'Amérique : la parano, l'homophobie, les tueurs en série, les viols. Sa manière de dénoncer les injustices de la vie et ce qui l'horripile dans cette vie.

Les mots, ses compagnons favoris
A contrario, sa musique a une résonance rassurante, enjouée même, les intonations sont nettes et cadencées, souvent balancées comme une comptine, à l'opposé des pensées de mauvais augure. Un ressentiment au visage souriant, qui fait crier au scandale.
Dans son nouvel album, il est tel qu'en lui-même (virulent, vitupérant, caustique), se distanciant émotionnellement de ses problèmes et transformant sa douleur en une étrange rage destinée à susciter le rire. Il évoque, sur un ton badin, les assauts sexuels subis de la part de son beau-père et quand il chante Ma maman, c'est pour raconter que sa génitrice assaisonnait ses aliments de Valium pour le mater. Obsédé par la dépendance, il l'a visualisée sur la couverture de son album où l'on voit son visage surgir d'une multitude de pilules, synonymes de ses démons.
Marshall Bruce Mathers, alias Eminem ou Slim Shady, est né le 17 octobre 1972 à Kansa City (Missouri). Après un départ difficile dans la vie, à commencer par l'abandon du foyer par son père deux mois après sa naissance, sa mère, Debbie, assumera seule son éducation. Cet abandon, qu'il ne pardonnera pas à son père, est le leitmotiv de ses chansons. Il passe la majeure partie de sa jeunesse à Detroit où il devient le souffre-douleur des jeunes Noires parce qu'il était blanc et d'apparence frêle. Il contre-attaque avec leur art, le rap, qui lui réussit à merveille. Il l'interprète et se fait l'auteur des paroles et de la musique. Ayant vendu plus de 80 millions d'albums dans le monde, il est le premier à avoir obtenu en 2003 un Oscar pour une chanson de rap, celle du film 8 Mile. D'autre part, ses qualités de parolier lui donneront droit à la récompense du Best Lyricist of the Year au Source Awards en 2000.
Le circuit de la célébrité ne l'a jamais tenté pour autant, vivant en solitaire avec son épouse (qu'il a connue depuis l'adolescence), leur fille, ses compositions et ses paradis artificiels. De son lyrisme belliqueux et de son humour noir, il dit : « Ce sont des mots, des mots, des mots. » Les mots, ses seuls compagnons de
prédilection.
Intoxiqué ou desintoxiqué, Eminem reste un grand du rap. Le seul Blanc de surcroît à avoir percé dans cet art, apanage des jeunes Noirs américains issus de milieux à problèmes, qui ont ainsi vidé leur cœur et leur colère à coup de rythmes syncopés et de paroles coup de poing. Et Eminem,...

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