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Législatives : juin 2009 - Tout le monde en parle

Le prochain gouvernement

En dehors des périodes difficiles de son histoire, le Liban a traditionnellement été gouverné par consensus entre les pôles de sa mosaïque communautaire. Cela lui a valu d'être un spécimen bien singulier de démocratie à deux composantes, l'une individuelle et l'autre communautaire, qui se distingue par une cohabitation non seulement au niveau de l'appareil législatif, mais aussi de l'appareil exécutif, et ce, contrairement à la démocratie conventionnelle où l'Exécutif est le monopole de la majorité et où l'appartenance communautaire a très peu d'impact.
Après le démembrement de la Yougoslavie, le Liban reste on ne peut plus précieux au concert des nations pour expérimenter les modalités de coexistence communautaire, s'il est vivement souhaité que le résultat en soit probant.
Par suite du rapport indéniable entre l'appartenance communautaire et les aspirations nationales, toute formule de coexistence est vouée à l'échec si elle ne tient pas compte de la dimension communautaire dans l'exercice démocratique du pouvoir. Ce rapport n'est toutefois pas figé ; il varie selon les circonstances, et rend ainsi l'équilibre plus dynamique que statique.
Si le Liban a survécu aux tempêtes de l'histoire grâce à ce consensus, il serait aberrant de vouloir à tout prix copier les démocraties conventionnelles. Il n'est pas honteux de constater le poids confessionnel en bâtissant une démocratie sur mesure, destinée à répondre aux spécificités du pays, dans la mesure où une telle confection lui a permis de maintenir son identité et ses valeurs, en particulier celles qui ont fait sa réputation de foyer commun pour une diversité de communautés. Bien au contraire, négliger ce poids serait une grave faute de calcul ; et tout appel à une laïcité absolue dévoile l'ignorance de l'effet d'une telle variable dans l'équation de cohabitation. C'est bien là la richesse qui distingue le Liban des démocraties conventionnelles. Il s'ensuit que toute forme d'exclusion traduit un degré d'échec dans l'effort de maintien des communautés du pays au sein d'un même espace de vie.
Sur ce, pourquoi ne pas réfléchir sur une formule qui - si elle s'avère concluante - pourrait même avoir le mérite de nous servir de jurisprudence ?
Imaginons donc un gouvernement où 50 % des portefeuilles seraient détenus par la majorité, 25 % par l'opposition et 25 % par des personnes nommées par le président de la République.
L'intérêt d'une telle formule est de pondérer le caractère absolu de chaque position, sans tenir aucune partie à l'écart, donnant au président de la République une marge pour trancher les nœuds gordiens. Ainsi, (i) pour rassurer l'opposition, la majorité, à elle seule, ne pourra pas engager le pays, (ii) pour rassurer la majorité, un refus de l'opposition ne pourra pas, à lui tout seul, conduire vers l'impasse, et (iii) le président de la République aura pleinement les moyens d'arbitrer les situations ; un facteur qui est de nature à rassurer toutes les parties.


En dehors des périodes difficiles de son histoire, le Liban a traditionnellement été gouverné par consensus entre les pôles de sa mosaïque communautaire. Cela lui a valu d'être un spécimen bien singulier de démocratie à deux composantes, l'une individuelle et l'autre communautaire, qui se distingue par une cohabitation...